Fil d'Ariane
"Ils mènent une campagne féroce contre les institutions fondées par monsieur Soros. Ce n'est pas seulement une attaque contre monsieur Soros mais aussi contre les institutions libres. Nous sommes une institution libre et je crois que c'est pour ça qu'il y avait 70 000 personnes dans les rues de Budapest pour nous soutenir. C'était très touchant, émouvant", témoigne Michaël Ignatieff, le président de l’Université d’Europe Centrale, menacée de fermeture après les mesures prises par le gouvernement hongrois. Il est l'ancien chef du Parti libéral canadien et ancien député.
Quel est le but du Premier ministre Viktor Orban en s'attaquant aux financements étrangers des ONG ? "Selon moi et l'université, explique Michaël Ignatieff, c'est une attaque contre la liberté académique. (...) Nous faisons partie de la vie académique, de la vie de Budapest. (...) Tout le monde a perçu que l'attaque contre la CEU est une attaque contre toutes les institutions libres de Budapest (...) contre toute une tradition académique ici qui a contribué beaucoup à la vie intellectuelle de l'Europe et de la France."
Fondée en 1991, l’Université d’Europe Centrale (CEU) accueille 1500 étudiants sur son campus, de plus d'une centaine de nationalités. Son président n'entend pas fermer son établissement. C'est pour cette raison que Michaël Ignatieff lutte de toutes ses forces contre "cette tentative néfaste de fermer une université qui travaille comme la Sorbonne, toutes les grandes universités de France."
Quid de la mise en cause de George Soros qui a financé l'université (lire notre article) : "Il a soutenu la liberté académique, la liberté d'association à travers l'Europe centrale. Je crois que c'est pour ça qu'il est attaqué par monsieur Orban."
> Qui est George Soros, le milliardaire américain né en Hongrie ?
Mais pour Michaël Ignatieff la question clé reste : "Est-ce acceptable en 2017 qu'un pays européen puisse forcer la fermeture d'une université ? C'est une question pour la Commission européenne, pour les hommes politiques européens, français."
Aujourd'hui, le président de l'université cherche à entrer en négociation avec le gouvernement pour "garantir notre tradition académique."
Il va également se rendre la semaine prochaine à Bruxelles parce que "c'est là que les enjeux centraux vont se jouer". Il compte aussi sur le fait que Viktor Orban ne veut pas actuellement s'attirer les foudres de l'Europe.