US Open : à 18 ans, Emma Raducanu entre dans l'histoire du tennis

À Wimbledon, étouffée par la pression, elle avait abandonné en 8e. Deux mois plus tard, la britannique Emma Raducanu, première joueuse de l'histoire issue des qualifications à décrocher un Grand Chelem à l'US Open, s'impose à 18 ans comme le nouveau visage radieux du tennis féminin.
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Emma Raducanu
La joueuse de tennis birtannique, Emma Raducanu, pendant sa finale de l'US Open, contre la Canadienne Leylah Fernandez, ce samedi 11 septembre 2021.
 
​(AP Photo/Seth Wenig)
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Déjà performante pour sa première participation à un Majeur, la Londonienne avait été subitement prise de vertiges et en proie à des problèmes respiratoires, face à l'Australienne Ajla Tomljanovic.

Celle qui était alors la 338e mondiale avait expliqué après son malaise "avoir sans doute mal géré le stress en jouant devant une foule si nombreuse".

Au commentaire pour ESPN, l'ancien champion John McEnroe avait estimé, avant même ses explications, que Raducanu avait "un petit peu trop" de poids sur les épaules, "l'invitant à apprendre" de ce moment. Il était loin d'imaginer la suite.

Force est de constater que huit semaines plus tard, Emma Raducanu, devenue la première Britannique lauréate d'un Majeur depuis Virginia Wade en 1977 à Wimbledon, a vite appris à maîtriser ses émotions.

D'autant que l'immense court Arthur Ashe et ses quelque 23.000 spectateurs, bien plus électriques, ont lessivé de nombreux joueurs et joueuses avant elle, depuis des décennies.

Une victoire qui a ravi jusqu'au Premier ministre britannique, Boris Johnson, qui s'est exprimé sur les réseaux sociaux : ​"Quel match sensationnel! Félicitations Emma Raducanu. Vous avez fait preuve d'un talent, d'un sang-froid et d'un courage extraordinaires et nous sommes tous extrêmement fiers de vous".

- Intrépide -

Cela s'est vu de façon éclatante en finale contre l'autre "teenager", la Canadienne Leylah Fernandez, 19 ans, qui a aussi fait sensation durant la quinzaine.

Comme lors de ses neuf précédents matches, elle s'est imposée en deux sets (6-4, 6-3), devenant de surcroît la plus jeune lauréate en Majeur depuis la Russe Maria Sharapova qui avait remporté Wimbledon à 17 ans en 2004.

Nul ne sait comment la jeune femme, qui a fait souffler un vent de fraîcheur sur le tennis avec la Canadienne, va pouvoir gérer cette nouvelle exposition médiatique.

Celle-ci peut être difficile à supporter, comme en témoigne le cas Naomi Osaka, à qui elle succède au palmarès, qui est en proie à de récurrents problèmes d'anxiété.

Raducanu, qui s'affiche dans la dernière édition britannique du magazine Vogue, est déjà "bankable" puisqu'elle a signé des partenariats avec les équipementiers Nike et Wilson, mais aussi le joailler Tiffany & Co.

Enfant, Emma était pourtant "timide" et se sentait un peu "l'intruse du lot", a-t-elle confié au magazine.

Née à Toronto, d'un père roumain, Ian, et d'une mère chinoise, Renee, elle avait deux ans quand ils ont déménagé en Angleterre pour poursuivre leur carrière dans la finance.

Emma Raducanu grandi à Bromley, ville du grand Londres. Enfant, elle est du genre intrépide, alternant ballet, équitation et même karting.

"J'étais la seule fille de mon groupe à en faire et du motocross aussi, je trouvais ça plutôt cool. Une fois, mon prof de motocross m'a dit +bon, on va faire des pompes+. J'étais la seule à pouvoir les faire, j'étais fière de moi", a raconté la jeune femme.

- "Superstar en devenir" -

C'est pourtant au tennis qu'on lui prête un avenir glorieux, alors qu'elle a à peine cinq ans.

"Emma tenait les échanges avec les entraîneurs. Nous n'arrivions pas à y croire. Je me souviens avoir pensé que nous la verrions un jour à Wimbledon", a raconté au Times sa professeure d'alors, Rebecca Rodger. L'histoire lui a donné raison.

Le talent ne faisant pas tout, Raducanu expliquait cette semaine à Flushing Meadows que sa mère lui a "inculqué dès (son) plus jeune âge le travail et la discipline".

Elle dit aussi s'être aussi inspirée de Li Na, l'ancienne joueuse chinoise lauréate de Roland-Garros en 2011, "rien que par sa façon d'avoir été une compétitrice acharnée".

"Mes parents ont de grandes attentes me concernant. J'ai toujours essayé d'être à la hauteur", disait-elle, sans encore savoir qu'elle atteindrait les sommets quelques jours plus tard.

L'ancienne championne Martina Navratilova, elle, l'avait déjà annoncé durant le tournoi: "c'est une superstar en devenir. On ne veut pas trop lui mettre la pression, mais elle a ce truc qu'on a vu la première fois avec (Rafael) Nadal, (Novak) Djokovic et qu'on voit pour (l'Espagnol de 18 ans) Carlos Alcaraz. C'est là sous nos yeux. Elle est née pour ça".