Vaccin contre le coronavirus : Sanofi annonce donner la priorité aux États-Unis et crée la polémique

Alors que le groupe pharmaceutique français Sanofi annonce que les Américains auront la priorité sur les commandes d'un éventuel vaccin contre le Covid-19, parce qu'ils ont financé la recherche avant les autres, l’Agence européenne du Médicament estime qu’il est "optimiste" d’espérer un vaccin dans un an.

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Ampoules utilisées par des pharmaciens pour préparer des injections lors des premiers essais cliniques d'un vaccin contre le Covid-19. 16 mars 2020, Kaiser Permanente Washington Health Research Institute, Seattle (Etats-Unis).
© AP Photo/Ted S. Warren
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Mercredi 13 mai, le directeur général du laboratoire pharmaceutique français Sanofi, Paul Hudson annonce à l’agence Bloomberg que Sanofi servira les États-Unis en premier s'il trouve un vaccin contre le nouveau coronavirus. Le gouvernement américain "a le droit aux plus grosses pré-commandes", a expliqué Paul Hudson, en raison de sa prise de risque dans la recherche d'un vaccin aux côtés du géant pharmaceutique. Ils "obtiendront les vaccins en premier", a poursuivi Paul Hudson, car "ils ont investi pour essayer de protéger leur population".

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Ce jeudi, lors d'un entretien accordé au Financial Times, le directeur général de Sanofi expliquait une nouvelle fois pourquoi il agissait ainsi. Développer un vaccin "c'est un risque que nous devons partager (...) C'est un modèle rodé (aux Etats-Unis), mais (qui) n'existe pas en Europe. Maintenant, il y a une énorme volonté en Europe (...) la prochaine étape sera (d'élaborer) l'instrument pour garantir que nous soyons capables d'assurer la production en Europe et dans le reste du monde".

"L'objectif, c'est que le vaccin soit disponible à la fois aux USA en France et en Europe de la même manière", a promis le patron du groupe pour la France Olivier Bogillot, dans un entretien à la chaîne BFMTV.

"Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l'UE soit aussi efficace en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin", a insisté M. Bogillot, rapportant être en "pourparlers" avec les autorités européennes ainsi que des pays comme la France et l'Allemagne.

Le vaccin, "un bien public mondial"

Cette annonce a provoqué une vague de réactions à travers le monde. De nombreux dirigeants et organisations appellent à un accès "équitable et universel".

Emmanuel Macron s'est "ému" de cette annonce et a appelé de nouveau à ce que ce vaccin soit "extrait des lois du marché", a annoncé jeudi l'Elysée.

"Les efforts déployés ces derniers mois montrent qu'il est nécessaire que ce vaccin soit un bien public mondial, extrait des lois du marché", a ajouté la présidence. En insistant sur l'importance de maintenir "les efforts considérables, multiples, pour arriver à construire autour d'acteurs multilatéraux, une réponse collective et coordonnée" face à la pandémie.

"L'égal accès de tous au vaccin n'est pas négociable", a abondé le Premier ministre français Édouard Philippe après s'être entretenu avec le président du conseil d'administration du groupe pharmaceutique Serge Weinberg, qui a "donné toutes les assurances nécessaires quant à la distribution en France d'un éventuel vaccin Sanofi".

Un tel vaccin "doit être un bien d'utilité publique et son accès doit être équitable et universel", a réagi jeudi la Commission européenne, qui a organisé début mai un téléthon mondial pour financer la recherche d'un vaccin ayant permis de rassembler 7,4 milliards d'euros de contributions.

Un vaccin ou un traitement contre le Covid-19 devrait même être fourni "gratuitement à tous", insistent plus de 140 personnalités, dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le premier ministre pakistanais Imran Khan dans une lettre ouverte.

L'ONG militante Oxfam a pour sa part dénoncé des déclarations "tout simplement scandaleuses".

Un vaccin contre le Covid-19 "d'ici un an"


Quant aux recherches elles-mêmes, le patron du groupe Sanofi pour la France, Olivier Bogillot, a confirmé qu'il tablait toujours sur un vaccin prêt d'ici à 18 à 24 mois, soulignant à quel point un tel calendrier était rapide par rapport à la normale.

En temps normal, "développer un vaccin, ça prend dix ans", "on essaie d'accélérer toutes les phases".

L’Agence européenne du médicament (EMA) tempère. Un vaccin contre le coronavirus dans un an c'est possible. Mais c’est un scénario "optimiste" qui n'éradiquera pas forcément cette maladie.

"Nous pouvons voir la possibilité si tout se déroule comme prévu que certains (vaccins) soient prêts à être approuvés d'ici un an", a déclaré jeudi 14 mai lors d'une vidéo-conférence Marco Cavaleri, directeur de la stratégie sur les vaccins à l'EMA (European Medicines Agency).

"Ce sont juste des prévisions fondées sur ce que nous voyons. Mais je dois à nouveau souligner que c'est dans le meilleur des scénarios, nous savons que tous les vaccins en cours de développement risquent de ne pas parvenir jusqu'à l'autorisation et de disparaître", a ajouté M. Cavaleri. "Nous savons également qu'il peut y avoir des retards".

Interrogé sur l'avertissement du groupe pharmaceutique français Sanofi, M. Cavaleri a déclaré que l'EMA va "assurer" que "tous les citoyens européens" aient accès à un vaccin éventuel. 

M. Cavaleri s'est toutefois dit "un peu sceptique" à propos d'informations évoquant la possibilité qu'un vaccin soit prêt dès septembre. "Nous serions heureux d'avoir tort mais nous nous fondons sur notre expérience" de la durée requise pour expérimenter et approuver des vaccins, a-t-il souligné.

Les travaux sur les traitements pour les malades atteints de Covid-19 sont "plus avancés et déjà en phase d'essais", a ajouté M. Cavaleri.

(RE)voir : le premier vaccin sera-t-il suisse ?
 

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Selon la London School of Hygiene and Tropical Medicine, 157 candidats vaccins sont à l'étude, dont 11 sont entrés en phase d'essais cliniques.

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