Fil d'Ariane
L'OMS a donné son feu vert à un deuxième vaccin contre le paludisme pour les enfants sur l'ensemble de l'Afrique subsaharienne. Depuis 2019, un premier vaccin était déployé dans trois pays témoins : le Ghana, le Kenya et le Malawi.
L'épidémiologiste congolaise et spécialiste du paludisme Francine Ntoumi rappelle toutefois qu'il s'agit d'un "moyen de prévention en plus des autres moyens, comme la moustiquaire imprégnée." En effet, ce vaccin ne permet pas d'éliminer la maladie, mais de diminuer les formes graves.
Il faut considérer cela comme un début très encourageant
Francine Ntoumi, scientifique spécialiste du paludisme
"Il a été rapporté 30% d'efficacité contre les formes sévères, poursuit la scientifique. 40% contre les formes simples." Baptisé "RTS,S", ce vaccin agit contre le parasite Plasmodium falciparum, le plus prévalent en Afrique. "C'est un début, mais il ne faut pas oublier que l'OMS voudrait un vaccin efficace à 70%", rappelle Francine Ntoumi. Pour autant, ce vaccin est prometteur car il permet de sauver des vies. "Il faut considérer cela comme un début très encourageant", selon elle.
"J'espère que le #paludisme va bénéficier de la recherche autour de la #Covid" (...) Il faut aussi que les dirigeants africains mettent la main à la poche pour le palu."@ffntoumi, épidémiologiste moléculaire @InterTV5 @TV5MONDE @antoinegenton @lemondefr @EliseBarthet pic.twitter.com/XQ32AQ5mB5
— Internationales (@InterTV5) October 5, 2021
Le déploiement de ce premier vaccin en Afrique subsaharienne donne toutefois une lueur d'espoir dans la lutte contre le paludisme. Par le passé, la maladie a déjà été éradiquée de Miami, mais aussi du pourtour méditerrannéen, rappelle Francine Ntoumi. Pourquoi cela ne serait pas le cas en Afrique ? "Je pense que le paludisme peut être éradiqué, estime la scientifique. Mais il faut vraiment y mettre les moyens humains et financiers pour y arriver."
Si les moyens de prévention sont là, efficaces, et que cela s'accompagne d'un bon assainissement, il est possible d'éradiquer le paludisme.
Francine Ntoumi, épidémiologiste spécialiste du paludisme
"Il faudrait un vaccin avec une plus grande efficacité (...) qui puisse reconnaître toutes les souches qui circulent", pour y parvenir selon elle. À cela, il faudrait ajouter des moyens d'assainissement supplémentaires, pour lutter contre la prolifération des moustiques porteurs des parasites responsables du paludisme."Si les moyens de prévention sont là, efficaces, et que cela s'accompagne d'un bon assainissement, il est possible d'éradiquer le paludisme", résume la scientifique.
Ces dispositifs d'assainissement sont de "la responsabilité des pouvoirs publics", souligne Francine Ntoumi. Les eaux stagnantes aident à la prolifération des gîtes larvaires des moustiques. "Il faut comprendre cela pour que chacun assainisse à côté de son logement, pour commencer, explique-t-elle. Et puis évidemment les gros travaux sont de la responsabilité des pouvoirs publics." Cela signifie qu'il faut donc faire de gros investissements à ce niveau.
Pour elle, il "ne faut pas négliger les autres outils" dans la lutte contre le paludisme. À Miami, la maladie a été éradiquée alors qu'il n'y avait pas de vaccin. "Imaginons qu'on ait un insecticide qui respecte l'environnement et qui soit très efficace", détaille-t-elle. Déployé avec le vaccin "RTS,S", il pourrait y avoir un impact significatif "sur la réduction voire l'élimination de la maladie" selon elle. L'éradication du paludisme reste un objectif réalisable, mais à long terme. Francine Ntoumi estime qu'elle ne verra pas ça de son vivant : "pour mes arrière-arrière petits enfants peut-être."