Ce cadre serait parfait s'il ne passait pas son temps à brûler, comme le déplore Paola Martinez Infante,
journaliste chilienne et réalisatrice de documentaires. A Valparaiso, les incendies se succèdent, se répètent. "C'est assez curieux. Je viens de finir un documentaire sur la restauration d'une église qui avait déjà brûlé deux fois
(l'église San Francisco del cerro Barón, ndlr). Elle a cramé à une semaine de la livraison des travaux, c'était donc la troisième fois qu'elle brûlait !" se souvient-elle.
"J'ai interviewé des dizaines de pompiers, et tous racontent la même histoire : comment est-il possible qu'il y ait toujours des incendies ? Mais certains sont criminels. La ville est classée au patrimoine mondial, donc on ne peut pas toucher à toute une partie du centre pour construire. Aux alentours, des spéculateurs immobiliers voudraient mettre à terre des vieux bâtiments qui, selon eux, ne servent à rien et qu'ils ne souhaitent pas restaurer. D'où des incendies criminels pour que l'assurance paie."
De retour du tournage de son documentaire, la réalisatrice énumère les conditions qui sont, selon elle, favorables à la propagation d'incendies dans la ville : les conditions de vie précaires d'une partie de la population ; la localisation géographique de certaines citernes de lutte contre les incendies, au fond de la vallée ; l'étroitesse des ruelles permettant l'accès aux zones en feu. Et, ajoute-t-elle, "beaucoup de négligences et de pauvreté. Donc il n'y a pas de très bonnes infrastructures pour faire face à une catastrophe comme celle de ce week-end."
Elle ajoute : "J'ai discuté avec des pompiers, ils m'ont dit que Valparaiso, c'est comme une vieille maison. Quand on y arrive, c'est super charmant, mais il y a des trous partout, il y a des fissures, et l'eau ne fonctionne pas. A chaque fois, il faut boucher les trous... boucher les trous... et ça ne suffit pas. Les murs ne sont pas solides."