Des hommes de terrain, de tous les continents et sensibles aux "périphéries". Ce sont les critères retenus par le pape François, qui crée samedi 27 août 20 nouveaux cardinaux proches de sa ligne. Pour le souverain pontife, ces nominations marquent une étape supplémentaire dans la préparation de sa succession.
C’est le huitième consistoire du pontificat de François depuis son élection en 2013. Il intervient sur fond de spéculations sur une possible renonciation du souverain pontife âgé de 85 ans.
Le chef de l’Église catholique est contraint depuis plusieurs mois de se déplacer en fauteuil roulant en raison de douleurs au genou. Questionné sur son état de santé, il a lui-même laissé "ouverte" la possibilité de se retirer un jour.
Renouvellement partiel des “électeurs” du conclave
À 16h00 (14H00 GMT) samedi, sous les dorures de la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape créera 20 nouveaux cardinaux. Parmi eux, 16 "électeurs" - ceux qui sont âgés de moins de 80 ans - pourront participer au futur conclave.
La nomination de ces hauts prélats chargés d'assister le pape est scrutée par les observateurs. Certains y voient une indication sur la possible ligne du futur chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques. À l'issue de ce consistoire, le premier depuis novembre 2020, le pape François aura ainsi choisi 83 cardinaux sur le total actuel de 132 électeurs, soit près des deux tiers, la proportion nécessaire pour élire un nouveau pape.
Un consistoire à l’image de l’Église catholique
Sensible aux communautés minoritaires, à la fibre sociale et à l'évangélisation, le jésuite argentin s'est affranchi du choix traditionnel d'archevêques de grandes villes, préférant des profils moins attendus. Avec cinq Asiatiques dont deux Indiens, ce consistoire confirme la montée en puissance de ce continent. Il est également "
représentatif de l'Église d'aujourd'hui, avec une large place à l'hémisphère sud", où vivent 80% des catholiques, souligne le vaticaniste Bernard Lecomte.
Avec 40% des électeurs, l'Europe reste ainsi le continent le plus représenté, devant l'Amérique du Sud et l'Asie (16% chacun), l'Afrique (13%) et l'Amérique du Nord (12%). Parmi les personnalités notables figure l'Américain Robert McElroy, évêque de San Diego en Californie considéré comme progressiste pour ses positions sur les catholiques homosexuels notamment.
Cette confiance que le pape m'accorde est un grand honneur, qui m'engage et m'oblige encore davantage dans ma mission au service du Christ.
Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille.
“Un grand honneur”
À noter également, le choix inattendu du missionnaire italien Giorgio Marengo, exerçant en Mongolie, qui deviendra à 48 ans le plus jeune cardinal du monde. À leurs côtés figurent Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, qui devient le sixième Français du collège cardinalice. "
Cette confiance que le pape m'accorde est un grand honneur, qui m'engage et m'oblige encore davantage dans ma mission au service du Christ", a déclaré Mgr Aveline, 63 ans, particulièrement engagé dans le dialogue interreligieux.
Autres hommes de terrain à endosser la robe pourpre, le Nigérian Peter Okpaleke, le Brésilien Leonardo Ulrich Steiner ou encore Virgilio Do Carmo Da Silva, archevêque de Dili (Timor oriental).
Trois futurs cardinaux occupent déjà des postes à responsabilité dans la Curie, le "
gouvernement" du Vatican: le Britannique Arthur Roche, le Sud-Coréen Lazzaro You Heung-sik et l'Espagnol Fernando Vérgez Alzaga.
Une nouvelle “Constitution” et des réformes de la Curie
Comme de coutume, tous s'agenouilleront devant le pape pour recevoir leur barrette rouge et leur anneau cardinalice. La cérémonie, où la France sera représentée par son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, sera suivie de la traditionnelle "
visite de courtoisie" au Vatican. Cet événement permet au public de saluer les nouveaux cardinaux.
Dans la foulée, lundi et mardi, se tiendra une réunion avec les cardinaux du monde entier. Le pape François a tenu à les réunir pour évoquer la nouvelle "Constitution" du Vatican, entrée en vigueur en juin. Les officiels devraient également aborder l'avenir de l'Église. Jorge Bergoglio a récemment accéléré ses réformes de la Curie et de ses finances pour y introduire davantage de transparence.