Une des figures de l'opposition au gouvernement de Nicolás Maduro, Henrique Capriles, a été condamné ce vendredi 7 avril à quinze ans d'inéligibilité pour des "irrégularités administratives" dans la province où il est gouverneur. L'opposant de 44 ans dénonce une manoeuvre pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle de l'année prochaine. Une foule s'est rassemblée ce samedi à Caracas pour lui apporter son soutien. Des heurts ont éclaté en marge de la manifestation.
Deux des grandes figures de l'opposition sont désormais hors-jeu. D'abord, Leopoldo López. Il purge une peine de quatorze ans de prison pour avoir
"incité à la violence" lors d'une série de manifestations contre le gouvernement. Désormais, c'est Henrique Capriles qui ne peut plus prétendre à la fonction suprême.
Il a été condamné, ce vendredi, à quinze ans d'inéligibilité pour des
"irrégularités administratives" dans l'Etat de Miranda (nord), où il est gouverneur. Une décision de l'institution qui contrôle la transparence dans la vie publique du pays. L'opposition, elle, dénonce une manoeuvre de la part du gouvernement de Maduro pour l'empêcher de se présenter en 2018. D'autant que cette décision serait incompatible avec la Constitution.
Quelques heures après l'annonce, l'opposant libéral de 44 ans a réuni ses soutiens et la presse pour assurer "qu'il ne lâcherait rien". Les manifestants, qui sont dans la rue depuis une semaine, ont trouvé donc une nouvelle raison d'exprimer leur colère.
Ce samedi, ils ont défilé pour soutenir ce candidat potentiel et pour crier haut et fort le rejet du gouvernement chaviste dépassé par l'énorme crise économique et la pénurie alimentaire.
Pendant les manifestations , un incendie a failli atteindre les locaux du mouvement politique de Capriles.
"Si quelque chose nous arrive, vous connaissez le responsable et vous savez ce qu'il faut faire", écrit-il sur son compte Twitter.
Dans un quartier du centre de la capitale, les quelque 4 000 manifestants ont été empêchés d'avancer par les policiers et les militaires de la garde nationale qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles de caoutchouc pour les contenir. Au même moment, des manifestants pro-gouvernement défilaient aussi.
Selon l'ONG, Foro Penal Venezolano, 52 personnes ont été arrêtées ce samedi. Cette semaine on compte déjà 164 arrestations et un mort. Jeudi, lors de violentes échauffourées avec la police, un jeune homme de 19 ans a été tué.
Procédure révocatoire au Venezuela : coup contre coup ?Si une certaine partie de la population ne décolère pas et parle de "répression" c'est parce que la semaine dernière la Cour suprême, réputée proche du président, s'est brièvement arrogée les pouvoirs du Parlement.
Le président Maduro a dû faire machine arrière.Lire aussi > Venezuela : l'opposition remporte les législatives, et maintenant ?Depuis fin 2015, l'opposition est majoritaire à la Chambre des députés à l'issue des élections législatives qui ont mis fin à l'hégémonie chaviste. Ce qui a déclenché une nouvelle crise politique. L'inéligibilité de Henrique Capriles n'en est qu'un épisode de plus. Est-ce la goutte qui va faire déborder le vase ?
Ce qui est sûr c'est que la population ainsi que les organismes internationaux craignent une explosion dont les conséquences seraient fatidiques.