Venezuela : la colère intacte des manifestants

Des milliers de vénézuéliens continuent de manifester dans les rues de Caracas. Les étudiants, soutenus par l'opposition, ont encore une fois dénoncé l'insécurité et la crise économique qui sévit dans le pays. Ils demandent également un "dialogue sincère" avec le président, Nicolas Maduro. Après un mois de protestation, le mouvement ne faiblit pas. 
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Venezuela : la colère intacte des manifestants
Les manifestations ont commencé le 4 février, à San Cristobal © AFP
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"C'est la lutte du peuple contre un gouvernement inefficace. Maduro, vous avez perdu les rues du Venezuela parce qu'aujourd'hui les rues appartiennent au peuple" crie Juean Requesens, un des leaders étudiants. Plus de 20 000 vénézuéliens, étudiants et membres de l'opposition, ont défilé, une fois de plus, pour protester contre les pénuries et l'insécurité. "La crise est si grave que nous revenons manifester pour montrer que le Vénézuélien veut vivre mieux" explique Carolina Rodriguez, institutrice de 26 ans. En tout, quatre marches se sont dirigées vers la Place Brion, chacune ayant son propre mot d'ordre: lutter contre l'insécurité, l'impunité et exactions policières, la crise économique et la censure des médias. Quelques heures après la manifestation, des opposants radicaux ont affronté la garde nationale  sur la place Altamira. Dans le pays, d'autres marches étaient organisées, comme à San Cristobal, berceau du mouvement étudiant, à Valencia, à Puerto Ordaz et à Barquisimeto. 
Simon Rodier, envoyé spécial de TV5 MONDE à Caracas, Venezuela
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Dialogue ? 
Le président du Venezuela est confronté à la plus importante vague de contestation depuis son élection, en avril 2013. Dans ce contexte de crise, les Vénézuéliens demandent un"dialogue sincère" au président Nicolas Maduro. Selon Lorena, une manifestante, "ce sont des problèmes qui nous affectent tous (…) et le gouvernement devrait ouvrir un dialogue sincère et être enclin à prendre des mesures pour résoudre cela". 
De son côté, le président vénézuélien, qui considère le mouvement étudiant comme une tentative de "coup d'Etat" soutenue par Washington a appelé, cette semaine, à un dialogue national. Seulement, les principaux leaders de la protestation ne veulent pas faire partie de ce qu'ils qualifient de  "mascarade". De plus, ils réclament la libération de Leopoldo Lopez, un des chefs de l'opposition, arrêté le 18 février pour "incitation à la violence". 
Bilan humain
Dimanche, 42 protestataires ont été relâchés, dont une journaliste italienne, d'après le syndicat de la presse et une ONG. Depuis le 4 février, date du début des manifestations, 18 personnes sont mortes et près de 300 manifestants ont été blessés. Selon un décompte du Forum pénal, 863 personnes auraient été interpellées, en seulement trois semaines. L'ONG assure, via son président Alfredo Romero: "Nous avons recensé et vérifié puis présenté au défenseur du peuple ainsi qu'au parquet, 33 cas de traitements cruels et inhumains ou de tortures". 
Les Etats-Unis se préoccupent de la situation au Venezuela. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a récemment invité les autorités vénézuéliennes à dialoguer avec l'opposition. Il a également assurer chercher une solution avec d'autres pays d'Amérique du Sud comme la Colombie pour tenter de mettre en place "une sorte de médiation". Depuis la capitale colombienne Bogota, l'ancien candidat à la présidentielle et figure de l'opposition, Henrique Capriles, à lui, critiqué le gouvernement de Maduro en dénonçant la répression: "le gouvernement parle de paix mais réprime". Selon lui, on ne peut pas"éteindre un feu avec de l'essence". 
Alors que le pays va mal, Nicolas Maduro a prévu d'organiser un défilé civilo-militaire à Caracas, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de l'ancien président, Hugo Chavez. Ce dernier est encore bien présent dans la vie des vénézuéliens: on peut l'entendre et l'apercevoir dans les médias et observer son portrait sur la façade de nombreux batiments officiels ou particuliers.