Alors que la tension ne cesse de grimper au Venezuela entre pro et anti-Maduro, un opposant historique refait surface, brisant ainsi son silence, et son assignation à résidence. Leopoldo López, apparu aux côtés de Juan Guaidó ce 30 avril 2019, et condamné à près de 14 ans de prison, conteste désormais le régime de Nicolás Maduro depuis la résidence de l'ambassadeur d'Espagne à Caracas. Alors que le gouvernement espagnol exclut formellement de le livrer aux autorités, Leopoldo López peut-il insuffler un souffle nouveau au mouvement de protestation vénézuélien ?
Décrit comme "
arrogant, vindicatif et assoiffé de pouvoir" par ses détracteurs, Leopoldo López est un homme politique qui ne laisse pas indifférent. Son retour sur le devant de la scène, aux côtés de Juan Guaidó, à l'occasion des mouvements de protestation à Caracas, soulève des questions quant à la possibilité de voir une opposition à deux têtes.
Un homme sulfureux
Après avoir cofondé le parti politique "Primero Justicia" en 1992, Leopoldo López joue un rôle fondamental dans les manifestations contre Hugo Chávez, alors président, en 2002. En 2008, premier coup dur pour lui. Interdiction d’occuper une fonction publique pendant six ans, en raison de détournements de fonds opérés par sa mère, vice-présidente des affaires commerciales de Petróleos, la compagnie pétrolière appartenant à l'Etat. Pressenti pour se présenter à la mairie de Caracas, il est stoppé en pleine ascension.
Mais ce n’est pas tout. En 2014, Leopoldo López appelle les Vénézuéliens à manifester contre le gouvernement en place, mais le bilan de 43 morts et les nombreux affrontements lui sont reprochés. Il en est rendu responsable par la justice et est arrêté.
Plusieurs groupes de défense des droits de l’Homme condamnent son arrestation et évoquent des motifs politiques.
Son procès lui vaudra une condamnation de 13 ans et 7 mois de réclusion. Le juge qui le condamne sera ensuite assassiné lors d’une vague de protestations anti-gouvernementales en 2017.
Libéré la même année, il est de nouveau arrêté quelques jours plus tard et alors placé sous résidence surveillée. Sa femme, Lilian Tintori, est la première personnalité étrangère reçue à la Maison Blanche par Donald Trump.
Assignation à résidence
Après plus de dix-huit mois de silence forcé après sa condamnation, Leopoldo López s’est fendu, mardi d’un tweet dans lequel il écrit : "
Phase définitive pour faire cesser l’usurpation, l’opération Liberté a commencé. […] Mobilisons-nous. Force et foi".
Son retour sur le devant de la scène a largement occupé l’espace médiatique en ce 1er-Mai sous haute tension à Caracas, entre les pro et les anti-Maduro.
La veille, Leopoldo López a mis fin à son assignation à résidence de manière spectaculaire. Il a d’abord fallu qu’une autorité haut placée du Service bolivarien d’intelligence désactive son bracelet électronique.
Il a ensuite rejoint Juan Guaidó, président par interim autoproclamé du Venezuela, aux abords du camp militaire de La Carlota. Un duo largement médiatisé, en présence de membres des forces de l’ordre acquis à leur cause.
Après cet acte de révolte, Leopoldo López a trouvé refuge au sein de l’ambassade du Chili, avant de demander à la nuit tombée la protection de la diplomatie espagnole. L'opposant se trouve désormais avec sa famille à la résidence de l'ambassadeur d'Espagne à Caracas. Le gouvernement espagnol refuse de le livrer aux autorités.
Chef naturel ?
Ce véritable tour de force de Leopoldo López mardi 30 avril n’est pas anodin. La provocation n’était sûrement pas uniquement destinée à Nicolás Maduro, mais peut-être aussi à Juan Guaidó. Car si le président autoproclamé a gagné une forte popularité, et est aussi soutenu par la communauté internationale, c’est bien López qui, en réalité, apparaît comme le candidat légitime pour succéder à Maduro. Une amitié qui pourrait vite se transformer en rivalité.