L'air de rien, Henrique Capriles Radonski, le nouveau candidat de l'opposition (la MUD, table de l'union démocratique) pour les présidentielles d'octobre 2012, est peut-être ce qui pouvait arriver de pire à Hugo Chavez. A 39 ans, le jeune leader en pleine forme du parti du centre "Primero Justicia" se veut rassembleur, là où Chavez divise, il se veut apolitique, là où le président candidat défend son socialisme du XXIème siècle, il ne possède pas un gros charisme, là où Chavez est LE leader qui met en avant sa forte personnalité. L'actuel gouverneur de Miranda, l'un des états le plus riches du pays qui possède aussi le plus gros bidonville Petare, est le candidat de la normalité qui propose une politique sociale, tout en restant attaché au libre marché. Celui qui se dit proche de Lula, l'ancien président social-démocrate brésilien aurait ainsi séduit les déçus du Chavisme, qu'on surnomme les Chaca Chaca (Chavistas con Capriles). Il suffit de voir comment Hugo Chavez a réagi ou non réagi (il est resté muet pendant trois jours) après la victoire haut la main de son nouvel adversaire Capriles Radonski (65% des votants) sur cinq candidats en lice, lors des primaires de l'opposition le dimanche 5 février, marquées par une très forte participation (trois millions d'électeurs), pour comprendre que sa stratégie gêne considérablement le Comandante, à l'aise dans le combat musclé. Lors d'une très longue intervention en direct, pendant une de ces nombreuses "cadenas", interruption obligatoire des programmes sur toutes les chaines de télévision, Hugo Chavez s'en est violemment pris, avec des références douteuses, à son adversaire, issue d'une famille bourgeoise de Caracas, et petits fils de déportés juifs polonais. "Les invisibles depuis plus de 200 ans, ont maintenant de l'intérêt pour toi, Bourgeoisie. Maintenant, oui, les hordes chavistes ont de l'intérêt pour toi, Bourgeoisie (…) Ceux qui n'ont rien t'intéressent maintenant, bourgeoisie, Ne sois pas hypocrite bourgeoisie apatride!… "
Un discours virulent, amer qui a beaucoup choqué. C'était juste avant qu'on ne lui pronostique une nouvelle lésion cancéreuse dans la région de l'abdomen et qu'il reparte se faire opérer à Cuba. Face à l'insulte, Henrique Capriles Radonski, maître de ses nerfs, a répondu par un très ironique : "Nous vous souhaitons une bonne santé Président Chavez, afin que vous puissiez voir les changements qui s'annoncent".