Fil d'Ariane
Qu'importe ! Les leaders ont joué auparavant, leur rôle de mentor, et ont formé les plus jeunes, pour assurer une continuité du combat quelque soient les aléas.
Ce père de famille est donc, pour beaucoup, un parfait inconnu, quand il devient, le 5 janvier dernier, le plus jeune président du Parlement de l'histoire du pays.
C'est "un gamin qui joue à la politique" dit de lui, Nicolás Maduro.
Un "gamin" qui s'est autoproclamé président par intérim le mercredi 23 janvier et a une feuille de route claire basée sur trois axes : mettre fin au pouvoir Maduro, créer un gouvernement de transition, convoquer une nouvelle élection présidentielle. Mais encore faut-il pouvoir faire partir Nicolás Maduro pour que la suite s'enclenche.
C'est le grand défi de Juan Guaidó, qui ferait sans doute ses preuves aux yeux de la communauté internationale s'il parvenait à convaincre l'armée d'abandonner Nicolás Maduro, pour un départ pacifié du président sortant.
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Jesus Gassette cet ingénieur de 36 ans, a été compagnon de route de Juan Guaidó. Il l'a connu dans des manifestations d'étudiants et co-fondateur avec lui du parti Volonté Populaire.
TV5MONDE : Est-ce que juridiquement, Juan Guaidó en tant que président de l'Assemblée nationale est légitime pour succéder au président Maduro en cas de vacance du pouvoir ?
Jesus Gassette : Parfaitement ! L'élection présidentielle du 20 mai 2018, n'était pas valable. Elle a avait été organisée en violant le calendrier électoral. La coalition de l’opposition avait alors boycotté le scrutin. Il n'a donc pas été reconnu par une partie de la communauté internationale. Dans ces conditions, l'intronisation d'un président du 10 janvier (NDLR : 2019) ne peut faire sens, car il est issu d’une élection qui n'est pas légitime.
Dès lors, selon l'article 233 de la Constitution, quand il y a vacance du pouvoir, c'est le président de l'Assemblée nationale qui devient président par intérim, avec obligation d'organiser un nouveau scrutin présidentiel dans les 30 jours.
Comment un homme qui a fait ses études aux États-Unis, a-t-il réussi à convaincre dans une société aussi bolivarienne dans son héritage ?
Son profil est l'un de ses atouts. Juan Gaidó est un jeune député. C'est un nouveau visage. Il n'a pas de passé de corruption. Il a cette capacité de synthèse. Il saisit les positions des uns et des autres, et a le talent de les rassembler. Un homme de consensus qui séduit autant les modérés que les radicaux. À un moment où le peuple avait un peu perdu confiance en une opposition anesthésiée, il apparaît comme une vraie alternative.
Est-ce qu'il a le profil d'un président qui pourrait ramener les talents de la diaspora, au pays ?
Vous prêchez un convaincu, évidemment. Vous savez, il y a au maximum cinq millions de Vénézuliens qui vivent à l'extérieur du pays. Si Juan (Guaidó) continue d'éveiller le sentiment démocratique du pays, il est évident que nos talents expatriés reviendront. Moi-même qui suis ingénieur, dans des domaines thermiques ou nucléaires, je suis prêt à mettre mon savoir-faire au service de mon pays. Mais il faudra d'abord stabiliser le pouvoir, par l'élection. Il faudra qu'il se présente à cette élection et qu'il la gagne.