Venezuela : un an après la mort de Chavez, le pays va mal
Au Venezuela, les contestations contre l'insécurité, la crise économique et la pénurie remettent en cause l'autorité du président, Nicolas Maduro. Le chef d'Etat est l'héritier d'Hugo Chavez, l'emblématique président décédé le 5 mars 2013, il y a tout juste un an. Une année durant laquelle la révolution chaviste a été, plus d'une fois, remise en question.
A la veille de la célébration du premier anniversaire de la mort d’Hugo Chavez, le Venezuela est toujours la proie de manifestations anti-gouvernement , partout dans le pays. Elu en avril 2013, le président Nicolas Maduro est loin de faire l’unanimité au sein de la population. « Pendant cette année sans Chavez, cela va de mal en pis avec l’insécurité, les pénuries, l’inflation, les problèmes de devises. Cela peut-il être pire ? » s’interroge Anabella, avocate de 44 ans. La crise économique et les pénuries de produits de base poussent les vénézuéliens à descendre dans la rue, pour crier leur mécontentement. Lucy Oliveira, publicitaire de 40 ans, est révoltée : « Cela fait trois mois que je ne trouve pas de papier toilette. Je dois utiliser des serviettes ».
Le « fantôme » d’Hugo Chavez, reste bien présent dans la société vénézuélienne, autant sur les murs des bâtiments que dans le cœur de nombreux Vénézuéliens. A chaque coin de rue, on peut l’apercevoir sur les façades de bâtiments officiels ou de logements, vêtu de son traditionnel uniforme militaire. Après 14 ans de gouvernance, l’ancien président a laissé des traces et des souvenirs.
Beaucoup de Vénézuéliens sont nostalgiques, de celui qu'ils appellent "el comandante". Ils pensent même que, dans le contexte de crise actuel, Chavez aurait probablement fait mieux que le nouveau président. « Pour moi, Maduro est pire que Chavez, qui n’aurait pas laissé le pays plonger dans cette situation. Il avait du cœur pour le Venezuela » affirme un jeune de 20 ans. Le chef de la révolution socialiste avait réussi à établir une relation très forte avec les plus pauvres notamment, grâce à son humour, son sens du contact, son charisme et le financement de nombreux programmes sociaux. Angel Huice, gardien de 54 ans, confirme : « Sans la révolution, il n’y a pas de vie, sans la révolution nous serions de nouveau exclus ».
L’actuel chef de l’Etat invoque souvent la parole de son prédécesseur pour que « la figure de Chavez reste présente » assure la sociologue Maryclen Stelling. Comme lui, Maduro appelle ses partisans à descendre dans la rue, pour répondre aux « attaques » de l’opposition, et se méfie de l’étranger. Seulement, certains observateurs s’accordent à dire que « l’élève est devenu plus sévère que le maître ». Maduro refuse, en effet, d’assouplir la mainmise de l’Etat sur l’économie. Une situation qui pourrait enfoncer le pays encore plus dans la crise alors qu’il possède un sous-sol extrêmement riche, notamment en pétrole.
Une autre partie de la population soutient le président et préfère attendre des résultats avant de juger. Pour Whitnyson, étudiant : « Ce qui se passe c’est que nous sommes habitués à Chavez, mais il faut laisser du temps au président. Je suis sûr qu’il va y arriver, sinon le commandant ne lui aurait pas passé la main ».
Nicolas Maduro a prévu d’organiser un défilé civilo-militaire à Caracas pour rendre hommage au « commandant ». De son côté, l’opposition vénézuélienne a appelé à une nouvelle manifestation, via Henrique Capriles, figure symbolique des anti-gouvernement. Sur son compte Twitter, il demande aux opposants de se rassembler, à Caracas pour « une grande mobilisation nationale contre les pénuries qui affectent la majorité » des Vénézuéliens, un mois tout juste après le début des manifestations. Aucune discussion entre gouvernement et opposition n'est prévue pour le moment.