Au Venezuela, les étudiants poursuivent leurs manifestations qui durent depuis trois semaines. Les confrontations avec la police sont de plus en plus violentes. Ce mardi 25 février, les meneurs de la contestations appellent à une nouvelle mobilisation dans la capitale contre le président Nicolas Maduro qui a convoqué une conférence pour la paix ce mercredi 26 février.
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25.02.2014Avec AFP
L'un des meneurs de la contestation a appelé à un rassemblement à Caracas mardi 25 février. "Nous vous attendons tous place Alfredo Sadel (est de Caracas) et nous marcherons jusqu'à l'ambassade de Cuba", a écrit sur son compte Twitter Gaby Arellano. Dans la nuit, l'armée est intervenue pour dégager les rues de Caracas bloquées par des barricades. Une cinquantaine de manifestants qui bloquaient la circulation dans un quartier ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes. Le président socialiste, au pouvoir depuis 11 mois, est confronté depuis début février à des manifestations étudiantes contre l'insécurité et la vie chère soutenues par l'opposition. Ce mouvement a plusieurs fois dégénéré en violences en marge de marches pourtant souvent pacifiques, pour un bilan de 14 morts, dont au moins huit par balles, et 140 blessés, selon des chiffres officiels et un décompte de l'AFP. Lundi 24 février, les manifestants ont évité la confrontation avec la police à Caracas en installant des barricades. Des violences ont éclaté dans d'autres villes. Matelas, mobilier urbain, poubelles ou pneus incendiés obstruaient de nombreuses artères de la capitale, provoquant la colère parmi des automobilistes. "Nous n'avons plus peur", lisait-on sur la pancarte d'un manifestant près d'une autoroute urbaine. La plupart des barricades ont commencé à être démontées sans heurts par les forces de l'ordre dans l’après-midi.
Ailleurs, comme Valencia, troisième agglomération du pays, des incidents ont opposé des groupes de manifestants aux forces de l'ordre, qui ont tiré balles en caoutchouc et grenades lacrymogènes, selon la presse locale. A San Cristobal (ouest), où a débuté le mouvement étudiant le 4 février, les brigades anti-émeutes ont dispersé des manifestants à coups de gaz lacrymogènes. Un jeune est mort après avoir chuté d'un toit. Principale cible des manifestants, M. Maduro a ouvert la porte du dialogue samedi 22 février. Il a convoqué une conférence "pour la paix" prévue ce mercredi 26 février. "Tous les courants sociaux, politiques, corporatistes, religieux", sont invités. M. Maduro devait rencontrer les gouverneurs des 23 États du pays, y compris ceux de l'opposition, dont Henrique Capriles, candidat battu d'un cheveu lors de la présidentielle d'avril 2013. Le gouverneur du riche État de Miranda (nord), a annoncé qu'il ne participerait pas à la réunion, dénonçant "répression et violations des droits humains".
Un coup d'Etat ? Des voix discordantes se sont fait entendre dans le propre camp de M. Maduro. Jose Gregorio Vielma Mora, gouverneur du parti au pouvoir dans l’État de Tachira (ouest), a qualifié de "grave erreur" l'arrestation de l'opposant Leopoldo Lopez, détenu depuis près d'une semaine et accusé d'incitation à la violence. Plusieurs analystes doutent de la portée du geste du chef de l’État. "Le gouvernement perçoit une pression croissante au sein de l'opinion publique nationale et internationale et trouve une occasion d'apaisement avec ce dialogue", estime le politologue John Magdaleno. En décembre, M. Maduro avait appelé les maires et gouverneurs d'opposition à un dialogue sur le thème de l’insécurité auquel il n'a jamais donné suite. Les manifestations, initialement focalisées sur l'insécurité, se sont ensuite étendues à d'autres revendications sur les thèmes de la crise économique, la pénurie de nourriture et de produits de base et la répression policière. Elles réclament aussi la libération des personnes arrêtées. Si les appels à la mobilisation, habituellement lancés sur les réseaux sociaux, ne sont pas vraiment centralisés, plusieurs chefs de file du mouvement ont assuré n'avoir aucune intention de baisser les bras. Nicolas Maduro, héritier politique de Hugo Chavez (1999-2013), président décédé d'un cancer le 5 mars 2013, voit dans ces troubles urbains la main de l'opposition soutenue par les États-Unis et l'ex-président colombien conservateur Alvaro Uribe. Ces "ennemis du pays" sont, selon lui, décidés à provoquer un "coup d’État" contre son gouvernement.