Fil d'Ariane
Lors de sa campagne pour la Maison Blanche, Donald Trump a promis de mettre fin à la guerre à Gaza, sans préciser comment il s'y prendrait. Pourtant, le futur président élu des États-Unis entretient des relations étroites avec Israël, et ce depuis son premier mandat. Alors à quoi peut-on s’attendre dans la région à l’aube d'un second mandat du Républicain ?
Un panneau d'affichage affichant une photo du président américain élu Donald Trump et portant la mention « Félicitations ! Trump, make Israel great » est projeté un jour après l'élection américaine, à Tel Aviv, en Israël, le mercredi 6 novembre 2024.
L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017 marque un tournant pour la politique étrangère américaine, sous le slogan « America First », ou « l’Amérique d’abord ». Le Républicain défend une approche nationaliste pour préserver les intérêts de son pays. Les États-Unis se désengagent de conflits qui leur coûtent trop cher et repensent leurs alliances stratégiques.
Pour son second mandat, Donald Trump propose de réviser les engagements militaires des États-Unis en revenant au principe de « l’Amérique d’abord ». Il viserait un allégement des interventions militaires et privilégierait les partenariats stratégiques et la vente d’armes. Le nouveau président des États-Unis pourrait aussi pencher vers une politique isolationniste, tout en maintenant une présence stratégique sur certaines zones comme le Moyen-Orient, où il pourrait décider de renforcer ses alliances existantes.
En mai 2018, l’administration de Donald Trump décide du déménagement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Ce transfert concrétise la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, et rompt avec le consensus international.
Le Républicain lance son plan de paix intitulé « De la paix à la prospérité : Une vision pour améliorer la vie des peuples palestinien et israélien », le 28 janvier 2020, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Cette proposition pour résoudre le conflit israélo-palestinien voulait transformer la Palestine en un ensemble de villes et zones discontinues reliées par des ponts et des tunnels.
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Le plan pour la paix a été rédigé par le gendre et conseiller principal de Trump, Jared Kushner. Le Conseil Yesha des colons de Cisjordanie et les dirigeants palestiniens ont tous deux rejeté le plan. Le premier parce qu'il envisageait un État palestinien, et les seconds en faisant valoir qu'il était trop biaisé en faveur d'Israël.
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Le 13 août 2020, Donald Trump annonce la signature d’un traité entre Israël et les Émirats arabes unis, visant à entériner leurs relations diplomatiques. Ce traité fait partie des accords d’Abraham qui incluent aussi la signature d’un traité entre Israël et Bahreïn. Ils visent à normaliser les relations entre Israël et ces pays arabes. Des accords avec le Maroc et le Soudan ont suivi. Les accords d'Abraham ont permis à beaucoup d’imaginer qu’un apaisement des tensions au Moyen-Orient était possible. Mais ils ont mis à l’écart la question palestinienne, empêchant toute solution.
Les accords d'Abraham représentent un modèle que Donald Trump pourrait tenter d’élargir, espérant intégrer d’autres pays du Golfe et renforcer l’isolement diplomatique des mouvements pro-palestiniens.
Israël a souvent été au centre des politiques au Moyen-Orient menés par Donald Trump, lors de son premier mandat. Le Républicain bénéficiait du puissant soutien des chrétiens évangéliques sionistes américains. Le courant religieux a réitéré son implication dans la candidature de Donald Trump. Une grande partie des évangéliques américains soutiennent le Républicain pour des raisons politiques mais aussi religieuses. Ils interprètent l’existence d’Israël comme une condition "à la fin des temps", qui doit mener au deuxième avènement de Jésus. Ils représentent donc une force inestimable pour Donald Trump dans ses relations avec Israël.
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Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, semble être satisfait des rapports qu’il entretient avec le futur président élu des États-Unis. Il a même qualifié Donald Trump de « meilleur ami qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche ».
Sur cette photo d'archive du 15 septembre 2020, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprime sous le regard du président Donald Trump, lors de la cérémonie de signature des accords d'Abraham sur la pelouse sud de la Maison Blanche, à Washington. Le monde entier suivra de près les élections américaines du 3 novembre.
Ses changements de politique à l'égard d'Israël, au cours de son premier mandat, ne se sont pas non plus limités aux revendications d'Israël sur les terres occupées. L'administration de Donald Trump s'est également retirée du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, estimant que l'organisme international faisait preuve d'un parti pris négatif lorsqu'il s'agissait d'Israël.
L'une des dernières mesures du Républicain prises en faveur d'Israël a été de déclarer que les produits provenant des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée devaient porter la mention « Fabriqué en Israël ».
Téhéran était déjà dans le collimateur de la première administration Trump. Les Républicains ont mené une politique dite de « pression maximale » visant à contraindre l'Iran à freiner son développement d'armes nucléaires en appliquant des sanctions sur les exportations de pétrole, les banques et le transport maritime. Ces sanctions ont paralysé l'économie iranienne.
Le second mandat de Donald Trump pourrait provoquer le prolongement des difficultés économiques en Iran, soutien financier et militaire du Hezbollah, le parti chiite libanais et organisation pro-palestinienne. Ce qui aggraverait le mécontentement de la population iranienne et pourrait déstabiliser le régime.
Pendant sa campagne, le Républicain a indiqué qu'il reviendrait à une politique de pression maximale sur la République islamique.
Lors de son premier mandat, il a défendu le retrait de son administration du Plan d'action global conjoint (JCPOA) de 2015, également connu sous le nom d'accord sur le nucléaire iranien. Le futur président des États-Unis a fait valoir que cette approche réduisait la capacité de l'Iran à financer des groupes mandataires.
L’accord nucléaire iranien a été conclu entre l'Iran, les États-Unis et plusieurs autres grandes économies. Il prévoyait des milliards d'euros d'allègement des sanctions à l’encontre de la République islamique en échange du démantèlement par l'Iran de son programme nucléaire et de l'autorisation d'inspections internationales. En mai 2018, Donald Trump a unilatéralement retiré les États-Unis de l'accord, estimant qu'il permettait à l'Iran d'accéder à des fonds utilisés pour financer des guerres par procuration dans la région et alimenter un programme de missiles balistiques.
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Durant la gouvernance de l’administration de Joe Biden, Donald Trump n’a cessé de répéter que les Démocrates étaient trop laxistes envers Téhéran.
Interrogé par la chaîne libanaise Al-Jadeed, le coordinateur des relations arabes de Donald Trump a déclaré que le futur président envisageait de négocier un nouvel accord nucléaire avec l’Iran, bien qu’il ne considère par le régime islamique comme ami.
Lors d'un discours prononcé dans l'Iowa, il y a quelques mois, Donald Trump a déclaré que s’il était élu, il procéderait à une « sélection idéologique » de tous les immigrants. Il a promis d'étendre immédiatement le « muslim ban », décret anti-immigration, qui visait principalement des pays musulmans, qu’il avait signé lors de son premier mandat.
Un enfant déplacé se tient au milieu des débris d'une maison bombardée à Khan Younis, dans la bande de Gaza, dimanche 15 septembre 2024.
Le Républicain s'insurge depuis longtemps contre l'accueil par les États-Unis de migrants provenant de pays qu'il qualifie d'inférieurs, en particulier d'Afrique et du Moyen-Orient. Donald Trump s'est engagé à interdire l'entrée des réfugiés de Gaza, qui fuient les frappes d'Israël depuis plus d’un an.
À l’époque de son premier mandat, le « muslim ban » s'était toutefois heurté à une opposition farouche et a été contesté jusqu'à la Cour suprême des États-Unis. Elle a finalement confirmé une troisième version de l'interdiction de séjour, incluant les personnes en provenance de Corée du Nord et du Venezuela.