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©Interview du juge Jean-Michel Lambert, de Patrick Simonin pour le magazine "L'Invité" du 16 octobre 2014.
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Vidéo - Affaire Grégory : la dernière interview du juge Lambert à TV5MONDE

Le premier juge en charge de l'affaire Grégory, Jean-Michel Lambert, a été retrouvé mort, chez lui, mardi 11 juillet. A l'époque de son instruction, le jeune juge est critiqué par la presse sur sa gestion de l'enquête. Critiques auxquelles il répondait sur TV5MONDE en 2014. Le jour de sa mort, il était à nouveau mis en cause par la publication de notes du juge qui lui a succédé dans l'instruction de l'affaire. 

"Le corps de monsieur Jean-Michel Lambert, magistrat en retraite, a été découvert hier, 11 juillet 2017, aux environs de 19 heures à son domicile du Mans", a annoncé, le lendemain, dans un communiqué, Fabrice Bélargent, procureur de la République du Mans.

"Il ne présentait aucune trace de violence, la tête étant recouverte d'un sac en plastique", a précisé le procureur. "Aucune trace d'effraction ni de désordre n'a été constatée sur place. Aucun écrit de nature à expliquer ce décès n'a été découvert", ajoute le magistrat. Une enquête a été ouverte et une autopsie va être pratiquée pour connaître les causes de sa mort. Il s'agirait probablement d'un suicide. Jean-Michel Lambert avait 65 ans.
 

"Le petit juge" était le premier en charge de l'affaire

"Je ne pense pas que le fait que l’affaire reparte puisse expliquer son geste. Mais il a peut-être senti qu’on allait à nouveau parler de lui, l’interviewer, l’assaillir. Depuis 1984, il y a une pression énorme", a réagi Jean-Claude Cuna auprès de l'AFP. Ancien greffier du juge Lambert à Epinal, il est resté très proche du juge.

Cela fait plus de trente ans que l'affaire poursuit celui que l'on a surnommé "le petit juge". Jean-Michel Lambert a 32 ans lorsqu'il prend son premier poste de juge d'instruction à Epinal (Vosges) et s'occupe de l'enquête sur le meurtre de Grégory. Ce petit garçon de quatre ans a été retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne, le 16 octobre 1984.
 

Nous avions différents éléments permettant de penser que l'affaire serait rapidement conclue.

Jean-Michel Lambert, sur TV5MONDE en 2014.


A cette époque, les enquêteurs et les magistrats subissent un grande pression médiatique. "Nous avions différents éléments permettant de penser que l'affaire serait rapidement conclue", raconte le juge Lambert à Patrick Simonin, sur le plateau de TV5MONDE en 2014. Il était alors invité pour la publication de son livre De combien d'injustices suis-je coupable. L'affaire Grégory reste encore aujourd'hui non résolue et le juge continue d'être remis en cause. 

Un juge cible des critiques

En 1984, la presse reproche au juge de ne pas avoir fait ce qu'il fallait pour identifier le corbeau qui a envoyé les lettres de menaces au père de Grégory. On lui reproche aussi de ne pas être allé rapidement sur les lieux du crime. 
 

J'étais seul juge d'instruction du 1er septembre au 31 décembre 1984, avec cette année là 229 dossiers, deux cabinets à gérer...

Jean-Michel Lambert, sur TV5MONDE en 2014. 

Ce qu'il confirme sur le plateau de TV5MONDE (voir l'interview en vidéo ci-dessus). 
"J'y suis allé, pas le soir même ni le lendemain, mais dans les jours suivants j'y suis allé. Je précise que j'étais seul juge d'instruction du 1er septembre au 31 décembre 1984 avec cette année là 229 dossiers, deux cabinets à gérer...", explique l'ex-juge Lambert.

Il reconnaît aussi que cette affaire a entraîné des injustices. Un temps soupçonné d'être le meurtrier, Bernard Laroche est relâché par le juge. Il sera tué par le père de l'enfant, Jean-Marie Villemin. "Je l'ai libéré parce que j'estimais qu'il n'y avait plus d'éléments contre lui", raconte l'ex-juge sur TV5MONDE qui écrit dans son livre publié en 2014 : "je suis convaincu qu'il est innocent.

Les "carnets secrets" du juge Simon

Les soupçons de Jean-Michel Lambert vont ensuite porter sur la mère de Grégory, Christine Villemin qu'il inculpe d'assassinat et renvoie devant les Assises. C'est la Cour de cassation qui annule ensuite sa mise en accusation. Le juge a été aussi critiqué d'avoir mis la mère en accusation.

"Madame Villemin a obtenu un non-lieu en 1993" pour absence de charges, souligne l'ex-juge sur TV5MONDE qui ajoute "je ne veux pas en parler". 
 

Je suis en présence de l’erreur judiciaire dans toute son horreur.

Extrait des carnets du juge Maurice Simon.

Les reproches contre le juge Lambert ont ressurgi depuis un mois quand l'affaire est relancée. Et ce mardi 11 juillet, des notes du juge Maurice Simon qui avait repris l'affaire en 1987, remettent à nouveau en cause le travail du juge.

Dans ses "carnets secrets" dont des pages ont été rendues publiques par nos confrères de BFMTV, on peut lire : "On reste confondu devant les carences, les irrégularités, les fautes […] ou le désordre intellectuel du juge Lambert. Je suis en présence de l’erreur judiciaire dans toute son horreur." Plus de trente ans après les faits, le mystère reste entier quant à l'identité du meurtrier du petit Grégory. Et le juge Lambert ne peut plus défendre sa version de l'histoire.