Fil d'Ariane
Denis et Raphael vivent à Port-au-Prince. Pour eux, les moments de sérénité avec leur fils sont rares. Comme pour la plupart des personnes homosexuelles en Haïti, ils ont plutôt pour habitude de rester discret. Denis raconte : "Nous vivons en couple. Depuis jour de notre rencontre, nous ne nous sommes jamais séparés."
Ce type de famille reste l'exception en Haïti. Le pays n'a jamais reconnu le mariage entre personnes de même sexe. Il est même en train de le criminaliser. Si la loi votée au Sénat cet été était définitivement adoptée, Denis et Raphael risqueraient 3 ans de prison. Une vaste majorité de la population désapprouve un amour comme le leur.
Je souffre parce qu'on ne peut pas vivre librement. On ne peut pas vivre comme on veut. Nous avons beaucoup de problèmes et surtout il y a beaucoup d'opposants. Des chrétiens ou d'autres religions pour qui l'homosexualité est un phénomène importé.
Denis Maksens, habitant de Port-au-Prince
Les agressions verbales ou physiques restent en général impunies voire encouragées par certains politiques. Même les associations haïtiennes de défense des droits de l'homme s'occupent peu de la condition de la communauté homosexuelle ou transgenre. Shirley Moreau est l'une des rares à organiser des réunions de sensibilisation. Elle raconte : "Quand une personne gay recherche un emploi, elle n'en trouve pas. Elles sont en général rejetées par la société. Par exemple, si elles sont malades et vont à l'hôpital, elles ne reçoivent aucun soin. On les encourage plutôt à changer leur style de vie."
En témoignant, Denis et Raphael espèrent alerter sur la situation en Haïti. Ils en appellent à l'aide des Nations Unies.