Les forces irakiennes ont lancé lundi 17 octobre l'offensive pour reprendre la ville de Mossoul, dernier bastion de Daesh en Irak. La bataille risque d’être longue mais sera "décisive" dans la guerre contre le groupe terroriste, selon Washington.
"Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé". C'est par une allocution officielle prononcée en pleine nuit à la télévision que le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé le lancement de cette bataille qui se prépare depuis des mois, avec le soutien d'une coalition internationale antijihadistes composée de 60 pays et conduite par les Etats-Unis.
Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a estimé que la bataille de Mossoul était
"un moment décisif dans notre campagne pour infliger à l'EI une défaite durable". Mossoul est le fief de Daesh, notamment depuis la proclamation de leur califat, le 29 juin 2014.
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Présentation : Mohamed Kaci. Editorialiste : Slimane Zeghidour. TV5MONDE
Sur le terrain, 30.000 forces fédérales irakiennes (armée, police, contre-terrorisme) sont accompagnées par les combattants kurdes, les Pershmergas. Dans les airs, les avions de la coalition, emmenés par les Etats-Unis, bombardent les positions de Daesh au sol. Lundi, dans l'après-midi, les combattants kurdes avaient déjà repris plusieurs villages tenus par les islamistes à l'Est de Mossoul.
Les combats pourraient durer
"des semaines voire plus", selon la coalition internationale. Le chef du gouvernement irakien n'a pas donné de précisions sur les premières opérations militaires. Elles devraient d’abord consister à traverser les lignes jihadistes pour gagner les abords de la ville avant un encerclement puis de violents combats de rues.
"Bonne chance aux forces irakiennes héroïques, aux Peshmerga kurdes et aux volontaires de Ninive. Nous sommes fiers de nous tenir à vos côtés dans cette opération historique", a écrit sur
Twitter Brett McGurk, envoyé spécial de Washington auprès de la coalition contre l’EI, après l’annonce du premier ministre irakien.
Danger pour les civils
La bataille fait craindre un désastre humanitaire et pourrait pousser des centaines de milliers de personnes à fuir leur foyer juste avant l'hiver. Un déplacement massif de population pourrait débuter d'ici une semaine, selon l'ONU.
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L'organisation internationale et des ONG humanitaires ont également exprimé leur "préoccupation" pour les quelque 1,5 million d'habitants de la deuxième ville d'Irak, rappelant que "les familles sont exposées à un risque extrême d'être prises entre deux feux" ou d'être utilisées comme boucliers humains par les jihadistes.
Pour prévenir les habitants de l'offensive et des combats ainsi que pour donner des consignes de sécurité, des dizaines de milliers de tracts ont été largué sur la ville, via des avions.
Dans le pire des cas, nous allons littéralement vers la plus grande opération humanitaire dans le monde en 2016
Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak
"Nous faisons tout notre possible pour que toutes les mesures soient prises dans le cas du pire scénario humanitaire. Mais nous craignons qu'il y ait encore beaucoup à faire", admettait avant l'offensive Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak. "Dans le pire des cas, nous allons littéralement vers la plus grande opération humanitaire dans le monde en 2016". Selon l'ONU, un million de personnes pourraient être déplacées en quelques semaines.
Craintes d'attentats suicide
Face à cette offensive, les forces armées craignent des attentats suicides de terroristes. Ces derniers sont lourdement armés et ont eu des mois pour se préparer à cet assaut. Ils pourraient donc avoir recours à leurs traditionnels attentats à la bombe ou bien utiliser des boucliers humains pour ralentir leurs ennemis.
Bagdad et plusieurs localités d'Irak ont été secouées ces derniers jours par des attentats à la bombe, certains revendiqués par l'EI, qui ont fait près de 60 morts. La dernière attaque qui a eu lieu lundi au sud de Bagdad a fait 10 morts.