Le député des Français de l’étranger en Afrique du Nord et de l’Ouest, Pouria Amirshahi, pose un regard acide sur le monde politique français et le bilan de François Hollande. Entretien.
Selon le député Pouria Amirshahi, le système mène, dit-il, à « l’abîme démocratique ». Dans notre 64’, l'élu livre son analyse de l’actualité politique française et internationale.
La course à la présidentielle française
Après son discours de Wagram, il semble que le président François Hollande ait préparé le terrain pour son entrée en lice dans la prochaine présidentielle. Une campagne sur laquelle Pouria Amirshahi porte un regard désabusé.
"Pour la présidentielle, je suis un peu dépité devant ce concours imbécile de tous ces egos qui croient pouvoir s'en tirer tous seuls et porter à eux seuls le fardeau de la nation française face au chaos du monde qui nous entoure", explique-t-il sur TV5MONDE. "Les citoyens français attendent d'entendre de nouvelles voix issues de la société civile, qui portent un certain nombre de projets".
Il dresse un bilan de la situation politique française : "Le drame de la démocratie française c'est que l'on voit des partis fatigués, fatigants pour les gens, du coup une démocratie et un débat publique en panne."
Le député défend : "On a bien d'autres choses à défendre en France que de l'angoisse de la peur, de la guerre, des contrôles mais des talents, des ingénieries, des luttes, bref de belles choses à construire pour l'avenir."
Législatives françaises
Il a quitté le Parti Socialiste il y a quelques mois et a annoncé du même coup qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections législatives. Pourquoi ? Trois raisons se sont imposées à lui nous confie-t-il : politique, volonté de retourner dans le monde du travail, et enfin raisons de santé. Pas certain de tenir cette nouvelle lutte politique, il assure qu'il continuera de s'engager différemment.
Bilan de François Hollande
Le député Pouria Amirshahi dresse un bilan négatif de la présidence de François Hollande qu'il qualifie de "rendez-vous manqué" notamment avec "une grande partie de la jeunesse qui attendait beaucoup."
"Je ne suis pas sûr que l'on ait engagé la France dans un voie enthousiaste et intelligible en termes de politique étrangère", souligne-t-il.
"Je ne veux pas accabler François Hollande, ce n'est pas facile de gouverner par des temps meurtriers ; quand on a hérité de Nicolas Sarkozy ; après 15-20 ans où le marqueur du front national a été très présent."
Situation politique au Gabon
Le député des Français établis en Afrique du Nord et de l’Ouest dit aussi ce qu’il pense de la crise post-électorale au Gabon. "La France a eu une position prudente et intelligente." "Il faut d'abord un apaisement car on a vu dans d'autres situations comme en Côte d'Ivoire des embrasements définitifs, violents et meurtriers. Ceux qui morflent ce sont les pauvres gens." Les législatives seront-elles un moment de temporisation ? Peut-être. Il insiste : "Il faut absolument faire appel à l'intelligence collective et mettre face à leurs responsabilités, les deux leaders que sont monsieur Bongo et monsieur Ping qui peuvent avoir du sang sur les mains si l'affaire ne se règle pas."