Climat toujours tendu au Honduras. Huit jours après l'élection présidentielle, le Tribunal suprême électoral (TSE) a repris ce dimanche 3 décembre 2017, le dépouillement. Le TSE réaffirme qu'il a le souci constant de garder la distance nécessaire vis-à-vis de l'opposition et du président sortant Juan Orlando Hernandez.
Voilà maintenant, une semaine que ces manifestants demandent le départ du président sortant. Dans une ville sous couvre-feu et malgré les barrages des forces de l'ordre, ils sont sortis en nombre dans les rues de la capitale. Au milieu de la foule des opposants, leur candidat, Salvador Nasralla. "Le voilà le président élu! Celui que les gens veulent. Les gens ont choisi, ils ont décidé. Personne ne peut leur demander de se taire." dit-il en parlant de lui à la troisième personne.
Salvador Nasralla estime, en effet avoir remporté le scrutin. Lui et ses partisans comme Gerardo Valerio dénoncent une fraude électorale du parti au pouvoir.
Dialogue de sourds
"Malheureusement le pays est pris en otage par une minorité," affirme cet ahabitant de Tegucigalpa. "Et cette minorité met le pays en échec et mat. Nous avons besoin de l'aide des organisations internationales, le pays est au bord du gouffre."
Alors ce dimanche, le Tribunal suprême électoral a organisé un dépouillement spécial sous le regard d'observateurs. Problème: l'opposition n'est pas présente, faute d'accord.
Nous sommes d'avis que le peuple du Honduras mérite d'avoir des résultats et ces résultats ne peuvent pas être gardés entre les mains d'aucun des candidats, ni d'aucun parti. David Matamoros, Président du Tribunal suprême électoral
Depuis des mois, elle accuse l'institution qui supervise les élections de favoriser le président sortant. Une position que son président réfute. Pour David Matamoros, Président du Tribunal suprême électoral, l'institution qu'il dirige est impartiale. "Nous sommes d'avis que le peuple du Honduras mérite d'avoir des résultats et ces résultats ne peuvent pas être gardés entre les mains d'aucun des candidats, ni d'aucun parti." réaffirme t-il devant les caméras.
Des manifestants honduriens font résonner les casseroles en signe de protestation | Tegugigalpa | Dimanche 3 déc. 2017
AP PHOTO | RODRIGO ABD
Depuis Washington, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) et le bureau de l'ONU pour les droits de l'Homme au Honduras (OACNUDH) ont demandé conjointement aux autorités honduriennes de rester "dans le cadre des droits de l'Homme, en respectant la vie et l'intégrité physique des personnes".
Une jeune femme de 19 ans tuée dans les affrontements
Le gouvernement avait décrété vendredi l'état d'urgence pour 10 jours afin de mettre un terme aux manifestations de protestation. Dans la nuit de vendredi à samedi, une jeune fille de 19 ans a été tuée par balles lors d'affrontements entre partisans de Salvador Nasralla et policiers. Son décès serait le fait de tirs de la police, selon la famille. Une enquête est en cours.
Soupçonnant une fraude électorale, l'opposition posait 11 conditions, notamment la vérification de 5.174 procès-verbaux transmis après plusieurs interruptions du système informatique. L'opposition met aussi en doute la participation dans trois départements de l'ouest du pays, qui a atteint 70 à 75%, contre 50 à 55% pour la moyenne nationale.
Le pays est suspendu à l'annonce des résultats. Elle doit avoir lieu avant le 25 décembre 2017.