Fil d'Ariane
Hydropothicaire a été fondée en 2013 quand le gouvernement canadien a autorisé la vente de cannabis à des fins médicales. L’entreprise s’est depuis, spécialisée dans ce domaine, elle vend sur internet des produits sans fumée de marijuana médicale, gélules et vaporisateur sublingual.
En signant ce contrat avec le gouvernement du Québec pour devenir son principal fournisseur, l’entreprise s’est lancée dans des travaux d’agrandissement majeur de ses serres pour augmenter considérablement sa production : « On parle d'une
superficie de serres d'à peu près 50 000 pieds carrés et on se voit aller à un facteur de 20 fois plus grand en décembre, on va opérer au-dessus de 3 millions de pieds carrés pour une production annuelle de 108 tonnes de cannabis », explique Sébastien St-Louis, président fondateur d’Hydropothicaire.
Ces investissements de 400 millions de dollars ont été financés en partie par l’entrée en bourse de l’entreprise. Et ils seront vite rentabilisés, car avec ce contrat, Hydropothicaire a mis la main sur la poule aux œufs d’or : plus d’un milliard de dollars en revenus au cours des cinq prochaines années, avec la production de 20 tonnes de cannabis cette année, 35 tonnes la 2 e , 45 tonnes la 3 e et 50 tonnes par la suite. « Donc à peu près la moitié de notre production
sera pour le gouvernement du Québec », précise Sébastien St-Louis.
Et bien sûr, Hydropothicaire embauche depuis des mois à tour de bras ! Fin mai, elle comptait quelque 165 employés, parmi lesquels des agronomes, des chimistes et toutes sortes d’experts et spécialistes qui travaillent actuellement à la mise au point de produits pour du cannabis récréatif sans fumée.
Pour visiter les serres d’Hydropothicaire, il faut enfiler un costume, un
casque protecteur sur la tête et des protège-chaussures pour ne pas
contaminer l’environnement des précieuses plantes – il en pousse
une trentaine de variétés - : les mesures d’hygiène sont très strictes
et la qualité du produit est contrôlé de A à Z dans la chaîne de
production : « Ce qui veut dire : aucun pesticide synthétique,
standardisation, beaucoup de tests qualité, plus de 450 tests
différents de qualité et de points de contrôle pour s'assurer qu'on livre
toujours quelque chose de salubre aux clients », assure Sébastien St-
Louis.
Ces mêmes critères seront appliqués aux produits de cannabis
récréatif : les spécialistes de l’entreprise travaillent actuellement sur
des produits qui font faire de l’effet sur le client en cinq minutes et le
ramener à son état normal une heure plus tard : « Notre but, c'est de
livrer au client une expérience connue répétable stable et de le faire
de façon saine, santé et salubre », souligne Sébastien St-Louis.
Hydropothicaire fait déjà partie des gros joueurs qui sont déjà en
place sur le marché canadien en émergence du cannabis. Avec ce
contrat signé avec la Société québécoise du cannabis, la SQDC qui
va gérer l’ensemble de la production et de la distribution au Québec,
l’entreprise devient un des leaders de cette industrie.
Mais elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « On a l'opportunité de
développer ici, au Québec, une expertise et une industrie avec des
milliers d'employés et devenir leader mondial pour exporter non seulement le produit comme tel, mais aussi l'expertise. Et bâtir une
multinationale, c'est notre but au cours des 5 et 10 prochaines
années », déclare le jeune président (34 ans).
Sébastien St-Louis est au demeurant personnellement convaincu que
le gouvernement canadien avance dans la bonne direction en
légalisant le cannabis. Il se réfère à l’expérience récente dans les
États américains qui ont suivi cette voie : « Premièrement on voit une
réduction de l'utilisation chez les jeunes, donc ça, moi je vois ça
gagnant, on voit aussi une réduction de la
consommation d'alcool chez tous les segments d'à peu près 15% de
la population, donc un autre bénéfice sociétaire qui en découle et
puis ensuite, évidemment, une réduction de la criminalité, une
augmentation des revenus pour le gouvernement pour des
programmes sociaux... Et puis finalement un produit consistant,
salubre et de qualité pour le consommateur ».
Autant d’arguments repris par le Premier ministre canadien pour
justifier la tenue de cette promesse électorale. Le projet de loi, qui a
été amendé par le Sénat canadien et dont une bonne partie de ces
amendements viennent d’être rejetés par le gouvernement, doit
maintenant repasser devant la Chambre des Communes. Un petit
va-et-vient législatif qui va retarder de quelques semaines encore
l’entrée en vigueur de cette légalisation. Le cannabis sera légal au
Canada au plus tard au début de l’automne.