Fil d'Ariane
Après le report de la visite des responsables américains, le vice-président JD Vance devrait se limiter, vendredi, à la base américaine de Pituffik, au nord du Groenland. Alors que le pays se retrouve au centre des débats, comment est perçue localement cette visite du numéro deux de l'exécutif américain ?
Au cœur du Groenland, à 600 kilomètres au nord du cercle polaire, la petite ville de Qaanaaq est en ébullition. Les visites répétées de responsables américains suscitent l'inquiétude parmi les habitants, qui perçoivent ces intrusions comme une ingérence dans leurs affaires locales. Cette situation met en lumière les tensions croissantes entre la volonté d'indépendance du Groenland et les pressions internationales. "Nous avons besoin du Groenland pour la sécurité internationale. Nous en avons besoin. Il nous le faut", avait insisté le président américain Donald Trump dans la semaine.
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Nicolas, un pêcheur au regard déterminé, incarne cette aspiration à la souveraineté des Groenlandais. Pour lui, les déclarations du président américain Donald Trump et la pression diplomatique exercée par les États-Unis n'ont pas leur place sur cette terre. "Je veux qu'on aille vers l'indépendance", affirme-t-il. "Les Américains veulent nous prendre notre terre, mais on déteste cette pression." Ce sentiment est partagé par de nombreux habitants, qui voient dans ces visites une tentative de décider à leur place, ce qu'ils considèrent comme une insulte.
On veut bien sûr avoir notre indépendance, mais ce n'est pas le moment
Heidi Kack, Groenlandaise de 23 ans
Malgré le report de certaines visites, le vice-président américain JD Vance devrait finalement se limiter, ce vendredi, à visiter la base militaire américaine de Thulé, à Pituffik, au nord-ouest du Groenland, accompagné de son épouse Usha, du conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et du ministre de l'Énergie Chris Wright. Cette situation met en lumière le dilemme auquel est confrontée la jeunesse groenlandaise, tiraillée entre tradition et modernité. Heidi Kack, une jeune femme de 23 ans, exprime les préoccupations de sa génération face à l'attention internationale soudaine. "C'est la première fois qu'on parle tous les jours du Groenland partout, à cause de Trump qui veut nous acheter", déclare-t-elle. "On n'est pas à vendre."
Le Groenland se retrouve ainsi au centre des débats sur son avenir. Bien que certains Groenlandais soient ouverts à des relations économiques avec les États-Unis, la majorité souhaite préserver leur autonomie. Le gouvernement groenlandais, soutenu par une jeunesse déterminée, exprime clairement sa volonté de rester maître de ses choix. "On veut bien sûr avoir notre indépendance, mais ce n'est pas le moment", résume Heidi.
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Le Groenland, en tant que territoire autonome, se trouve à un carrefour crucial de son histoire. Entre les pressions internationales et le désir d'indépendance, les Groenlandais doivent naviguer avec prudence pour préserver leur identité et leur souveraineté. Alors que le monde entier a les yeux rivés sur cette île arctique, la question de son avenir reste ouverte, mais une chose est certaine : le Groenland n'est pas à vendre.
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