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Iran : le pays enregistre un chiffre record d'exécutions

Des centaines de personnes ont été arrêtées pendant la guerre contre Israël. Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de l'ONG "Ensemble contre la peine de mort" est notre invité.

Selon le dernier rapport de l'organisation "Ensemble contre la peine de mort", dirigée par Raphaël Chenuil-Hazan, 975 exécutions ont eu lieu l'année dernière en Iran, un chiffre record sur les 17 dernières années. Cette situation soulève des inquiétudes quant à une possible accélération des exécutions, notamment dans le contexte de tensions géopolitiques croissantes.

Arrestations massives

Depuis le début de l'année 2025, les chiffres des exécutions ont explosé, surpassant déjà ceux de l'année précédente. Cette tendance s'est intensifiée après la guerre éclair de 12 jours entre Israël et l'Iran, entamé le 13 juin. 

Les arrestations se sont aussi multipliées, avec plus de 700 personnes détenues, dont 400 Kurdes. Les tribunaux révolutionnaires, opérant en dehors du cadre légal international, rendent des jugements rapides, suivis d'exécutions tout aussi promptes.

Trois hommes, Idris Ali, Rasoul Ahmad Rasoul et Azad Shojai, ont par exemple été exécutés à Ourmia (nord-ouest), accusés de "coopération en faveur du régime sioniste", selon le pouvoir judiciaire. Ils avaient été condamnés à mort en 2024.

Deux d'entre eux, Idris Ali et Azad Shojai, membres de la minorité kurde en Iran, étaient des gardes-frontières, a précisé Mahmoud Amiry-Moghaddam, directeur de l'ONG Iran Human Rights (IHRNGO), basée en Norvège. "Ils ont été arrêtés pour avoir fait entrer en Iran des boissons alcoolisées mais ont été obligés d'avouer avoir espionné pour Israël."

Ces pendaisons ont porté à six le nombre d'exécutions de condamnés pour ces chefs d'accusation entre le 13 juin et la fin du mois. Des défenseurs des droits humains avaient déjà dénoncé des exécutions arbitraires et des procès expéditifs, tenus dans un contexte de guerre.

(Re)lire : 700 arrestations, 6 exécutions... Comment le régime iranien réprime "pour masquer son échec militaire"

Un régime sous pression

Le régime iranien, confronté à une débâcle historique, semble utiliser ces exécutions comme un moyen de réaffirmer son autorité, selon Raphaël Chenuil-Hazan. Face à une population de plus en plus hostile, notamment depuis le mouvement "Femme, Vie, Liberté", le gouvernement cherche à montrer sa fermeté. Les récents assassinats de généraux iraniens ont révélé la présence d'espions au sein même du régime, accentuant la paranoïa et la répression.

La situation est aussi préoccupante pour les ressortissants étrangers détenus en Iran. Deux Français, Cécile Kohler et Jacques Paris, sont accusés d'espionnage pour le Mossad et risquent la peine de mort. Le président français a qualifié ces accusations de provocation et menacé Téhéran de mesures de rétorsion. Raphaël Chenuil-Hazan souligne que l'Iran a toujours utilisé la stratégie de l'otage comme levier diplomatique : une technique de marchadange employée à plusieurs reprises.

Les minorités, premières victimes

Le rapport met également en lumière la situation des minorités ethniques en Iran, qui sont souvent les premières cibles de la répression. Les Kurdes, Baloutches, Azeris et autres minorités sont perçus comme des menaces existentielles par le régime. Les Afghans, en tant que ressortissants étrangers, subissent également cette répression, en étant condamnés à mort et exécutés.

Face à cette situation alarmante, Raphaël Chenuil-Azan appelle à une mobilisation internationale. Le rapport publié par "Ensemble contre la peine de mort" vise à sensibiliser l'opinion publique et à encourager les gouvernements à prendre position contre ces violations des droits humains.