La Hongrie vote ce dimanche pour reconduire Viktor Orbán pour un troisième mandat. Un vote auquel participeront les Hongrois de l'étranger, importants dans le dispositif de la campagne du Fidesz, son parti populiste. Deux millions d'entre-eux vivent dans les pays limitrophes dont la Roumanie. Reportage sur place d'Annick Capelle.
La Hongrie va-t-elle reconduire Viktor Orbán pour un troisième mandat, après déjà huit années passées à la tête du pays ?
Le Premier ministre populiste, dont le régime devient de plus en plus autoritaire, y compte bien, alors que les élections législatives se tiennent ce dimanche 8 avril 2018.
Et comme "chaque vote compte", il regarde au-delà de la frontière, cherchant à rallier les quelque deux millions de Magyars vivant dans les pays limitrophes. Un réservoir de voix incontournable, qui pourrait s'avérer très précieux pour Viktor Orbán.
Exemple en Roumanie. La petite ville de Satu Mare, à un jet de la frontière, compte 102.000 habitants, dont plus d'un tiers sont d'origine hongroise à l'image de Mária Betuker, 90 ans, qui interpelle : "Je ne sens aucune goutte de sang roumain en moi ! Pas une ! Moi je suis hongroise. Mes parents étaient hongrois. Et ils ont beaucoup souffert à cause de ça."
La blessure est toujours là. 1920. Après la Première Guerre Mondiale, le Traité de Trianon est signé. Il redessine les frontières de la Hongrie, qui perd les deux-tiers de son territoire, dont une partie située dans l'actuelle Roumanie.
Aujourd'hui, heureusement, les choses ont bien changé pour la minorité hongroise de Roumanie. Dans cette école de Satu Mare, les chants de la chorale sont en hongrois, tout comme l'ensemble des cours. Et le financement est... hongrois.
Une aide financière qui permet aussi à l'Etat hongrois de s'assurer que cette minorité ne quitte pas la Roumanie. Et vote "bien".
Parmi cette minorité, Zita se sent d'abord hongroise. Elle a d'ailleurs acquis la double nationalité.
C'était l'une des mesures phare de Viktor Orbán.
En 2011, il a créé une loi qui simplifie les conditions de naturalisation pour les Hongrois d'outre-frontière. Et des milliers de personnes se s'en engouffrées dans la brêche.
Rien qu'à Satu Mare, 25.000 personnes ont ainsi acquis la double nationalité. Et si l'on prend en compte les minorités dans les autres pays limitrophes à la Hongrie, on dépasse le million de naturalisations.
Des citoyens massivement acquis à la cause du gouvernement Orbán. A Satu Mare, une majorité écrasante des électeurs a ainsi voté pour le parti de Viktor Orbán en 2014.
Une victoire que le maire de Satu Mare, compte bien réitérer.