Fil d'Ariane
Les affrontements au Bangladesh entre les forces de l'ordre et les étudiants, qui manifestent contre un système de quotas d'embauche dans la fonction publique, ont fait 32 morts, selon un nouveau bilan établi ce 18 juillet. Le siège de la télévision d'Etat a été incendié.
Heurts entre étudiants et forces de l'ordre à Dacca, Bangladesh, ce 18 juillet 2024.
Des centaines de manifestants ont débordé la police anti-émeute qui leur avait tiré dessus avec des balles en caoutchouc et ont pourchassé les policiers qui se sont réfugiés au siège de la chaîne BTV à Dacca, la capitale. La foule en colère a ensuite incendié le bâtiment d'accueil de la chaîne et des dizaines de véhicules garés à l'extérieur, a déclaré à l'AFP un responsable de BTV sous couvert d'anonymat.
Voir Bangladesh : des morts dans les manifestations étudiantes contre les quotas
"De nombreuses personnes sont coincées à l'intérieur", a déclaré la chaîne ajoutant que "l'incendie catastrophique" se propageait rapidement. Le gouvernement, qui avait ordonné en début de semaine la fermeture sine die des écoles et des universités, a intensifié ses efforts pour faire face à des semaines de manifestation réclamant l'égalité d'accès aux emplois du secteur public.
Les dépouilles de trois étudiants et d'un chauffeur de pousse-pousse ont été transportées dans un hôpital de Dacca. "Ils ont été blessés par des balles en caoutchouc", a déclaré à l'AFP la directrice adjointe de l'hôpital Kuwait Moitri, Mahfuz Ara Begum. "Plus de 150 étudiants sont également soignés ici. La plupart ont été touchés par des balles en caoutchouc aux yeux", a-t-elle ajouté.
"Nous avons sept morts ici", a dit à l'AFP sous le couvert de l'anonymat un responsable de l'hôpital Uttara Crescent de Dacca. "Les deux premiers étaient des étudiants avec des blessures par balle en caoutchouc. Les cinq autres présentaient des blessures par balle d'armes à feu", a-t-il précisé.
D'autres hôpitaux ont fait état auprès de l'AFP de 14 autres décès dont 10 à Dacca, deux dans la ville portuaire de Chittagong et deux dans des localités voisines.
Le mouvement entamé le 1er juillet par un blocage des principaux axes routiers et ferroviaires, a dégénéré en heurts meurtriers entre les étudiants d'un côté, les forces de l'ordre ou les partisans du pouvoir de l'autre.
Les manifestations quasi-quotidiennes exigent la fin du système de quotas qui, selon les opposants, profite aux enfants des groupes soutenant Sheikh Hasina, 76 ans, qui dirige le pays depuis 2009.
Mubashar Hasan, un expert du Bangladesh à l'Université d'Oslo en Norvège, a déclaré que les manifestations s'étaient transformées en un mécontentement à l'égard du régime. "Ils protestent contre le caractère répressif de l'État", a-t-il déclaré à l'AFP. "Les manifestants remettent en question le leadership d'Hasina, l'accusant de s'accrocher au pouvoir par la force", a-t-il ajouté. "Les étudiants la traitent en fait de dictatrice."
Les habitants ont signalé des coupures d'internet mobile ce 18 juillet dans tout le pays, deux jours après que les fournisseurs d'internet ont coupé l'accès à Facebook, la principale plateforme d'organisation de la campagne de protestation.
Le ministre adjoint des Télécommunications, Zunaid Ahmed Palak, a déclaré à l'AFP que le gouvernement avait ordonné la coupure du réseau pour éviter "des rumeurs, des mensonges et de la désinformation".
Parallèlement à la répression policière, les manifestants et les étudiants alliés à la Ligue Awami au pouvoir de la Première ministre, se sont également affrontés dans les rues à coups de briques et de tiges de bambou.
Amnesty International a déclaré que des preuves vidéo des affrontements de cette semaine montraient que les forces de sécurité bangladaises avaient eu recours à la force illégale.