Fil d'Ariane
L'épicentre du tremblement de terre le plus puissant en un siècle au Mexique était situé dans le Pacifique, à environ 100 kilomètres au large de Tonala (Etat du Chiapas), selon le centre géologique américain USGS. C'est l'Etat d'Oaxaca (sud) qui a été le plus affecté, avec une trentaine de morts dans la seule localité de Juchitan.
Les autorités ont décrété trois jours de deuil national.
Juchitan offrait samedi un paysage de désolation: voitures ensevelies sous les gravats, pans de murs renversés, morceaux de verre ou de bois jonchant les rues...
"Je n'ai pas le souvenir d'un séisme aussi affreux", a commenté Vidal Vera, un policier de 29 ans participant aux secours. "La ville est ravagée".
Les secours ont arrêté les recherches dans cette localité de 100.000 habitants, entourée de montagnes à la végétation tropicale, qui a payé le plus lourd tribut avec au moins 37 morts. "Il ne reste plus personne sous les décombres", a assuré aux journalistes Roberto Alonso, coordinateur d'une équipe de secours. Après trois heures de fouilles, le corps sans vie d'un policier a été dégagé des gravats de la mairie, construction colorée de style colonial qui a été réduite en miettes. Son collègue, piégé comme lui par l'effondrement du bâtiment, avait pu être sorti vivant la veille.
Dans la matinée de vendredi 8 septembre, un habitant était venu retirer des décombres le drapeau mexicain, pour ensuite l'agiter avec fierté, une image devenue virale sur les réseaux sociaux :
Este hombre rescató la bandera de México de los escombros del Palacio Municipal de Juchitán, Oaxaca y emocionó a todos los mexicanos pic.twitter.com/OCfVGJWLWL
— EL PAIS América (@elpais_america) 8 septembre 2017Les habitants, encore apeurés et éplorés par la mort de leurs proches, montraient des signes de fatigue et d'angoisse. "Beaucoup de gens ont dormi dans la rue par peur des secousses qui n'ont pas cessé de se répéter", témoignait Marisela Valdivieso, une habitante. Plus de 720 répliques ont été enregistrées depuis jeudi soir, selon le Service sismologique mexicain.
Dans le centre de la ville, la nourriture se faisait rare et des files d'attente se formaient devant certains commerces ouverts, où les propriétaires vendaient leurs produits à travers une fenêtre de crainte d'éventuels pillages. "Les vivres sont en route", promettait un militaire aux habitants inquiets.
Ignacio Chavez, a raconté à l'AFP comment son fils, Ignacio Chavez Lopez, a péri dans le séisme: "Il n'a pas eu le temps de sortir avant que le bâtiment s'effondre complètement, c'était un bâtiment très ancien, de plus de 200 ans". Le modeste hôpital de la ville s'est lui aussi effondré. Les patients ont été transférés dans un gymnase où une jeune femme indigène, Ofélia, a accouché. "Nous sommes sans eau, sans électricité" indiquait à l'AFP une pédiatre, Alia Costa. "Nous avons besoins d'antibiotiques, d'analgésiques".
Dans la localité voisine de Ixtaltepec (15.000 habitants), de nombreuses maisons ont été détruites. "Pourquoi la protection civile n'est pas arrivée jusqu'ici ? Pourquoi nous n'avons reçu d'aide ?" se plaignait Porfirio Macedo, un habitant dont la maison a été éventrée par le séisme. A Tonala, dans l'Etat du Chiapas, la peur restait également présente. "Tout mon corps tremble, vraiment. Chaque fois qu'une voiture passe, j'ai l'impression que ça tremble", confiait Roberto Olivera, un habitant.
Le président mexicain Enrique Peña Nieto a parcouru en hélicoptère les zones affectées de l'Etat d'Oaxaca, dont Juchitan, où il a écouté dans l'après-midi les récits des habitants avant de se rendre au Chiapas. A Matias Romero, toujours dans l'Etat d'Oaxaca, l'hôtel Sensation s'est complètement affaissé sur un côté, pour s'immobiliser dans une position incongrue et périlleuse.
"C'est le plus grand tremblement de terre de l'histoire du Mexique, mais nous sommes là, Oaxaca est debout", a assuré le gouverneur de l'Etat, Alejandro Murat, sur une radio locale, précisant que l'armée avait déployé plus d'un millier hommes dans la région.
La capitale mexicaine a également fortement ressenti cette secousse et de nombreux habitants se sont même précipités dans la rue, après le déclenchement de l'alerte sismique annonçant l'imminence d'un puissant tremblement de terre. Selon le président Peña Nieto, 50 millions de personnes sur les 120 millions que compte le pays ont ressenti la secousse.
En septembre 1985, un séisme de magnitude 8,1 avait dévasté une grande partie de la capitale et fait plus de 10 000 morts. Régulièrement accablé par les catastrophes naturelles, le Mexique a été confronté, dans l'est, à l'ouragan Katia, heureusement moins redoutable que prévu, et rapidement rétrogradé en simple dépression tropicale par le Centre américain des ouragans (NHC). Deux personnes ont trouvé la mort lors du passage du cyclone.