Fil d'Ariane
Après s’être rendu à Mayotte et La Réunion, Emmanuel Macron entame une visite de deux jours à Madagascar, la première depuis le début de son second mandant. Au cœur de cette visite : le renforcement de la coopération entre les deux pays, mais aussi un contentieux historique hérité de la décolonisation, celui de la souveraineté des îles Éparses, revendiquées par le Madagascar.
Emmanuel Macron accueille Andry Rajoelina, le président de Madagascar en visite à l'Elysée le 21 aout 2021.
Le président français, Emmanuel Macron, est arrivé ce mercredi matin à 10h30 (heure locale) à l’aéroport international d’Ivato, à Antananarivo, pour une visite d’État de deux jours. Accompagné de son épouse Brigitte, il a été accueilli par le Premier ministre Christian Ntsay. Le programme prévoit un entretien et un déjeuner avec son homologue Andry Rajoelina.
Un litige hérité de la colonisation
Derrière les apparences diplomatiques, un dossier sensible hante toujours les relations franco-malgaches : celui des îles Éparses. Ces cinq îles, Bassas da India, Europa, Glorieuses, Juan de Nova et Tromelin situées autour de Madagascar, sont administrées par la France depuis plus d’un siècle. Elles sont inhabitées, à l’exception de quelques scientifiques et militaires. Depuis 2005, les Éparses font partie des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Leur gestion est confiée à un préfet.
Ces îles font l’objet de revendications de la part d’Antananarivo. Madagascar demande une rétrocession des îles. Portée jusqu’aux Nations unies, cette revendication s’appuie notamment sur la résolution de 1979 demandant à la France “d’ouvrir des négociations en vue de la réintégration des îles séparées arbitrairement de Madagascar”.
Des enjeux géopolitiques et environnementaux
Stratégiquement, ces îles donnent à la France une position privilégiée dans le canal du Mozambique, un couloir où transite près de 30 % du pétrole mondial. Si leur surface terrestre n’excède pas 43 km², leurs eaux territoriales s’étendent sur plus de 640 000 km², soit 6 % du domaine maritime français. Des études récentes ont même révélé la présence de ressources gazières et minières, même si la France affirme privilégier leur sanctuarisation, comme en témoigne la création d’une réserve naturelle sur l'île de la Grande Glorieuse en 2021.
Une commission mixte au point mort
La première et unique tentative de dialogue remonte à novembre 2019, lorsque Macron et Rajoelina avaient lancé une commission mixte franco-malgache. Elle devait permettre de trouver un accord avant le 60e anniversaire de l’indépendance de Madagascar, en juin 2020. Mais les discussions n’ont jamais abouti. La France évoque l’idée d’une cogestion. À l’inverse, certains souverainistes malgaches souhaitent que le président Rajoelina exige une rétrocession claire.
Cette visite pourrait-elle relancer les discussions ?
L’Élysée annonce que le sujet sera « évoqué », avec l’objectif de réactiver la commission mixte de 2019. Cette étape est peut-être la clé pour conclure définitivement le processus de décolonisation de la Grande Île. Mais pour l’instant, les îles Éparses restent au cœur d’un contentieux gelé.