Fil d'Ariane
Dire qu’ils n’en ont cure des excuses serait exagéré, certains veulent les entendre. Mais pour ceux qui espèrent être à l’intérieur de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré le 28 juillet, ce n’est pas tant une question de voir le pape François que d’être vu par lui.
« Je veux être en avant de lui et toucher son cœur. Je veux entendre son cœur dire à mon peuple "pardon… pardon de vous avoir fait du mal pendant des années … par tous les prêtres, frères et religieuses." Je veux le ressentir, que tout mon peuple le ressente », lance Jeannette Vollant avec beaucoup d'émotion.
Puis la femme innue continue avec "les invisibles" : « Ceux (et celles) qui se sont tus pendant tant d’années, ceux qu’on n’a pas voulu entendre ni croire, ceux qui se sont faits tout petits pour se protéger, ceux qui avaient honte, ceux qui ont été déracinés, abusés, perdus […] veulent être assis à l’avant, juste devant le pape, devant les caméras des télévisions du monde entier. »
Les invisibles ne veulent plus être invisibles, on veut être vus !
Jeannette Vollant
Un dimanche en fin d’après-midi autour d’un thé fumant et d’un gâteau à la mélasse, trois survivants du pensionnat Notre-Dame à Mani-utenam, qui a accueilli près de 200 jeunes Innus chaque année de 1952 à 1971, discutent confortablement installés chez Jeannette Vollant, elle-même ancienne pensionnaire.
Après environ quatre heures d’écoute des récits de chacun, de mouchoirs gorgés de larmes qui se sont empilés sur la table, « c’est ça, la souffrance », lâche Céline-Vollant Bellefleur.
« C’est la première fois que j’entends Yvette. Jean-Guy aussi. Je l’ai dit à ma sœur Jeannette ce que j’avais vécu, elle est partie à pleurer car elle ne savait pas ma vie. Mon mari, c’est récent que je lui ai dit que j’ai été agressée. Lui aussi, on lui a brisé ses rêves, il lui est arrivé beaucoup de choses. Il m’en a parlé, mais y a des choses qu’il cache », poursuit l’Innue de 79 ans.
Céline va essayer de maintenir son sourire mais discrètement, plusieurs fois, à l’écoute d’Yvette Michel et de Jean-Guy Pinette, elle attrapera, elle aussi, des mouchoirs pour se tamponner le coin des yeux. Elle-même aura la voix qui va devenir chevrotante.
« Quand les enfants ont commencé à en parler aux parents – tel prêtre, tel frère a fait cela –, les parents n’ont pas voulu les croire. Ils ont dit : arrête de parler mal du prêtre. Il y a Dieu puis le prêtre! Donc ces jeunes n’ont pas été crus quand ils ont raconté ce qui leur est arrivé au pensionnat. Après, ça a été l’omerta. On s’est tus », explique Jeannette Vollant.
Que valait la parole d’un gamin devant la toute-puissance de l’Église? Rien.
Entre la fin du XIXe siècle et 1996, plus de 150 000 enfants autochtones ont été arrachés à leurs familles et forcés de fréquenter des écoles gérées par l’Église et financées par le gouvernement.
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Gare de Sept-Îles. Jean-Guy Pinette regarde les rails qui s’allongent vers le nord… À 500 kilomètres au nord se trouve sa communauté innue : Matimekush Lac-John.
« Il m’arrive encore d’avoir mal quand je prends le train », lance-t-il après un silence.
Il y a 55 ans, alors qu’il n’était encore qu’un petit garçon de 7 ans, sa famille a reçu la visite du prêtre.
« Je vais toujours me rappeler du curé, qui s’appelait le père Cyr, qui est venu chez nous pour me dire : ''Viens-t'en mon petit garçon, viens-t'en, on va faire un petit voyage.'' Je pensais qu’il voulait juste me parler, faire quelques tours du village. »
Finalement, ces mots signifiaient plutôt le départ vers une nouvelle vie marquée par le déracinement, le sentiment d’abandon et la perte d’identité et de culture qui attendaient cet ancien pensionnaire.
Le prêtre l’emmène alors à la gare de Schefferville, l’embarque dans le train avec plusieurs autres enfants direction Sept-Îles où un autobus les attend pour les emmener au pensionnat de Mani-utenam à 14 kilomètres de là.
Il m’arrive encore d’avoir mal quand je prends le train.
Jean-Guy Pinette
« Et tu sais quoi, mes parents n’ont pas bougé quand il est venu », précise-t-il. Pendant que le train puis le bus avançaient, la peur s’est installée tout comme un sentiment qui ne l’a jamais quitté.
« Je sentais en dedans de moi se briser le lien que j’avais avec eux. Après, je me suis toujours senti étranger », raconte-t-il alors qu’on arrive en auto à Mani-utenam, où il habite désormais.
La culpabilité aussi était présente. « Si je rentre au pensionnat, c’était ma faute parce que mes parents ne m'aimaient pas, c’est ça que j’ai senti. » Or, les parents n’avaient bien souvent guère le choix.
Même s’il ne reste quasiment plus rien sur le site verdoyant de l’ancien pensionnat à Mani-utenam, Jean-Guy Pinette n’a aucun mal à se repérer.
Il se place « dans le centre du pensionnat » et commence à décrire les lieux : le secteur des « gars », des filles, la grosse statue de la Sainte-Vierge, le terrain de basket, les tourniquets, les dortoirs, les douches, le boudin qu’il détestait, mais était forcé de manger…
« C’était rough (rude) ! Je ne me rappelle pas avoir eu de bons souvenirs ». Il fait une pause. « C’était l’armée ».
Le vent se lève alors qu’il raconte la discipline militaire, l’humiliation, l’intimidation, la résignation, l’obéissance, l’ennui, la perte de culture et d’identité. Car finalement, Jean-Guy Pinette raconte qu’il n’aura jamais vraiment appris à aller dans le bois, à faire les gestes de son grand-père. Sa famille, il ne la reverra que partiellement ensuite.
C’était terrible, vouloir tuer l’Indien dans l’enfant. Moi, je te le dis, ils ont tué l’Indien dans l’Indien.
Jean-Guy Pinette
« Tu vois la cabane bleue? » demande Jean-Guy Pinette en montrant le bâtiment situé derrière les clôtures du site, vers la gauche en regardant vers le fleuve Saint-Laurent.
Ici se trouvaient la patinoire et une cabane avec le vestiaire des joueurs et l’équipement de hockey. De l’autre bord, une souffleuse.
« À un moment donné, le frère m’y emmène et ferme la porte. Il y avait une petite lumière. Il commence à se coller. Je ne comprends pas ce qu’il fait, j’étais en état de choc. Pour ne pas que je parle, il m’a donné un bâton de hockey. »
Le premier viol. Il y en aura au moins un autre, cette fois dans la chambre du frère. « Il venait me chercher la nuit, m’amenait dans sa chambre, me mettait sur ses genoux, assis… et là ses respirations et l’odeur », poursuit Jean-Guy en fixant la cabane bleue.
Ces respirations, l’odeur du sperme le hantent encore. Elles lui ont bousillé sa vie amoureuse avec les femmes. Encore aujourd’hui, « c’est difficile» , raconte l’aîné.
Puis d’un seul coup, il se retourne et demande : Tu sais comment il m’appelait? « La poupée… La poupée… ''Hey, la poupée, vient ici!''»
Le frère a même poussé l’odieux en lui demandant de chanter la chanson des années 1960 : La poupée qui fait non.
Sauf que Jean-Guy, lui, n’a jamais pu dire non.
Il s’éloigne de la cabane et s’assoit sur un banc. Puis soudainement retentissent, dans le silence des lieux, de profonds sanglots pendant de longues minutes.
L’enfant de sept ans pleure enfin, pour la première fois en ces lieux, puis il pousse trois cris pour sortir le méchant, se reprend et enchaîne.
Un de mes amis m’a dit : "Pourquoi tu vas voir le pape avec tout ce qu’ils vous ont fait?" Il n’a pas vraiment tort, aussi. Avec tout ce que j’ai subi, pourquoi je vais là?
Jean-Guy Pinette
Pendant qu’il racontait sa vie, Jean-Guy Pinette n’a pas lâché sa plume d’aigle qui lui donne « force et inspiration». Une fois rentré chez lui, il s’est purifié avec de la sauge. Jean-Guy est dans la spiritualité autochtone.
Mais comme on peut s’en rendre compte en rentrant dans sa maison, il est aussi toujours dans la religion catholique. Une grande statue de la vierge Marie trône sur une petite table à l’entrée. Un chapelet n’est pas loin de sa main.
« La religion a toujours été là. J’ai toujours laissé une porte ouverte. Pour moi, c’est un outil et la spiritualité autochtone, un autre. Je préfère avoir plusieurs outils qu’un seul. Des fois, j’va là, des fois là », confie-t-il.
Jean-Guy Pinette va aller à Sainte-Anne-de-Beaupré « pour être solidaire avec les autres survivants » et parce qu’il sent, à l’intérieur de lui, que c’est aussi son processus de guérison.
Il sait pertinemment, affirme-t-il, qu’il ne verra pas le pape. Mais être entouré des autres anciens pensionnaires, « ça va être quelque chose! ».
Il aimerait entendre « quelque chose de simple, qui parle d’amour, d’amitié, de respect. » Il n’est pas prêt à parler de réconciliation par contre. « On n’est même pas capables de se réconcilier entre nous-mêmes. Il y a beaucoup de chemin à faire. Beaucoup d’ex-pensionnaires gardent encore le silence. »
Mais il veut, comme Céline Vollant-Bellefleur et Jeannette Vollant, « être vu ». « Que le pape nous voie! » lancent-ils en chœur.
Qu’on la voie, c’est peut-être encore prématuré pour Yvette Michel. Toute sa vie, cette femme de 75 ans a cherché à « être invisible pour se protéger ».
Vers l'âge de sept ans, ses sœurs lui ont mis une belle robe, des rubans et l’ont coiffée de jolies tresses puis se sont dirigées vers « la grosse bâtisse ». Elle est entrée au pensionnat et depuis « a figé et reste avec encore beaucoup de questions ».
Les paroles s'enchaînent, entrecoupées de pleurs. La douleur est encore très vive. « Sans rien m’expliquer ni me dire pourquoi, on m’a dit de rester là! »
La première journée de pensionnat et tout le long, je suis un robot.
Yvette Michel
Elle ne comprend pas pourquoi elle est la seule de la famille à devoir rester entre les murs du pensionnat, pourquoi sa mère ne lui enverra qu’une pièce de 25 cents et une boîte de biscuits sur plusieurs années, pourquoi « de l’autre bord » [dans la communauté], c’était sa maison, pourquoi… Elle ferme les yeux en se remémorant chaque moment.
Yvette Michel précise qu’elle a été protégée dans le pensionnat, une de ses sœurs faisait de la couture, une autre travaillait en cuisine. Pourtant, avec ses copines, elles cherchaient toujours un coin pour « placoter », mais surtout se cacher, car elle avait peur.
Si sa vie n’est qu’une « suite de dépression en dépression », qui a commencé le jour où elle est entrée au pensionnat lui a expliqué un psychologue, elle affirme s’en être plutôt bien tirée.
Si deux prêtres se sont « essayés, et ça elle ne l’oubliera jamais, elle dit n’avoir jamais subi d’agressions au pensionnat. Pourtant, lâche-t-elle, l’impact est immense. « Il est presque impossible de retrouver une belle vie après être sortie du pensionnat. […] On n’a jamais, jamais la paix dans son cœur ».
Car Yvette n’a pas vécu la vie dont elle rêvait. « Pourquoi ne nous ont-ils pas donné une chance d’avoir une vie comme du monde? »
À 16 ans, elle a subi plusieurs viols… de la part d’anciens pensionnaires, eux-mêmes violés au pensionnat. « Ils ne savaient pas qu’ils étaient des grands malades », murmure-t-elle.
Elle n’est pas la seule. Jean-Guy Pinette a aussi subi ces agressions par plusieurs anciens pensionnaires qui n’ont fait que reproduire ce qu'ils ont vécu. « Les dommages collatéraux… », glisse Jean-Guy.
Alors Yvette Michel dit s’être perdue dans la vie, la boisson, le sexe, les substances qui lui ont servi de refuges. Elle n’a pas « su élever dans l’amour » ses enfants qui vivent avec ce traumatisme intergénérationnel.
Puis elle s’est révoltée contre tout ce qui est vie spirituelle, catholique, baptiste… « On se cherche, on ne trouve rien ».
« Merci de m’avoir écoutée, souffle-t-elle. Elle enchaîne : « Comment je vais dire tout ça au pape? » Les éclats de rire fusent autour de la table, un éclat de lumière dans la lourdeur de l’ambiance.
Yvette Michel ne sait pas encore si elle ira voir le pape. Elle sait déjà qu'elle ne veut pas entendre faire des excuses, mais plutôt admettre ce qui s’est passé dans les quatre murs du pensionnat, mais bien après aussi.
« Ses excuses, je ne les prends pas. J’m’en fous. J’m’en fous! »
La pétillante Céline Vollant-Bellefleur, 79 ans, est catégorique : elle n’en a pas besoin. Elle préférerait entendre ces mots de la bouche des prêtres qui leur « ont fait du mal ». Mais l’Innue aimerait bien demander au pape François d’« activer les Oblats », car ils « niaisent pour les compensations, ils éternisent ».
« Ils vont-tu attendre qu’on meure? On vieillit, nous autres! »
Céline Vollant-Bellefleur, qui a traduit les évangiles en langue innue, va aller à Québec rencontrer l’homme derrière le pape, un homme qu’elle a trouvé lumineux au premier instant. Elle espère donc que son humanité ressortira.
Car de l’Église catholique, elle ne veut plus rien savoir depuis qu’elle a 24 ans. Le pensionnat? Des souvenirs difficiles, elle l’admet.
Il y a eu l’humiliation quand on lui cherchait des poux à chaque arrivée, la faim, les mots prononcés (« Ça, c’est nos petites Indiennes »), les choses qu’elle a vues et entendues, notamment les mises en garde des plus grandes qui leur disaient de ne pas aller à tel endroit pour éviter qu’un frère lui fasse quelque chose…
Puis le sentiment de culpabilité de n’avoir pas su protéger son petit frère, qui lui a raconté sur le tard avoir été agressé sexuellement. Elle soupçonne que son mari aussi a été agressé. Il lui a raconté quelques bribes, « mais il cache des choses encore », est persuadée Céline.
Plusieurs fois, elle précise que pour elle, « il ne s’est rien passé au pensionnat ». Mais si le pape s’excuse pour les pensionnats, il ne doit pas oublier ce qui s’est passé après dans les communautés.
J’entendais ce qui s’était passé. Je me disais, ça ne m’est pas arrivé. Pis ça m’est arrivé!
Céline Vollant-Bellefleur
À 24 ans, Céline est allée demander conseil au père Provencher pour son mariage; 55 ans plus tard, elle n’ose pas encore dire son nom à voix haute. Elle murmure.
« Et là il me prend. Il a abusé de moi. J’ai arrêté d’aller à l’église et c’est là qu’a commencé une vie de débauche. Je me sentais sale! » raconte-t-elle.
Sa sœur, Jeannette, acquiesce. Elle l’a visiblement suivie dans cette débauche, elle-même disant avoir été agressée par un prêtre après les pensionnats et c’est sans compter les foudres qu’elle a subies de son ancien mari, un ancien pensionnaire vivant avec ses séquelles.
Céline rectifie tout de même : son métier d'enseignante l’a sauvée.
Une action collective intentée par les victimes alléguées d’agressions sexuelles de la part de dizaines de missionnaires oblats a été autorisée en novembre 2021(Nouvelle fenêtre). Les Oblats visés par ces allégations sont entre autres Alexis Joveneau, Omer Provencher, Edmond Brouillard, Raynald Couture et Édouard Meilleur. Certains sont toujours vivants.
Jeannette Vollant, sa sœur, va les accompagner, elle qui a entendu tant de récits de survivants alors qu’elle était intervenante dans sa communauté. Ce moment sera historique, elle en est persuadée.
Mais « tout le monde ne veut pas voir le pape », rappelle-t-elle. « Il y en a qui veulent rien savoir. Je les comprends avec tout ce qui s’est passé ».
Il n’y a pas que les survivants, il y a aussi leurs descendants. Ceux qui doivent vivre avec les traumatismes intergénérationnels.
La colère a diminué dans le cœur de Shikuan Jean-Sébastien Vollant, mais elle n’a pas encore disparu.
À l’arrière de la maison de sa mère, ancienne pensionnaire tout comme son père, il entre dans une petite maison où il fait les cérémonies autochtones.
Pendant qu’il parle, il serre le poing avec rage à l’évocation des horreurs vécues par les aînés de sa communauté : « C’est le temps d’apprendre la vérité. On parle de vérité et de réconciliation, mais encore aujourd’hui, on hésite à dire ce qui s’est passé! »
Dans sa famille, le tabou est tombé avant sa naissance. Ses parents avaient commencé le chemin vers la guérison, raison pour laquelle Shikuan a été le premier bébé que son père a pu prendre dans ses bras. Avant cela, il avait trop peur de leur faire du mal, lui a-t-il raconté.
L’Innu de 30 ans dit avoir « reçu des traumatismes » , mais se dit chanceux car c’est peut-être pas les pires. Perte de culture, peur du noir dehors la nuit … mais « chanceux » car beaucoup dans sa « génération et d’autres générations consomment alcool, drogue. Ça gangrène vraiment nos communautés et c’est clair comme de l’eau de roche, ça vient du clergé », affirme-t-il.
Il ne veut néanmoins pas qu’on se « méprenne » sur ses propos : il respecte toute croyance. Sa grand-mère priait de tout son cœur.
Mais le 28 juillet, il n’ira pas à Québec et n’écoutera pas le pape. Ce n’est pas sa priorité. Il participera à une cérémonie autochtone. Il a quand même des attentes sur ce que François dira.
Et dans ce chemin, les mots prononcés seront importants. « S’il parle avec son cœur, il va toucher beaucoup de monde », dit Jeannette Vollant. « Mais on veut pas dire qu’on va se réconcilier, ce n’est pas vrai ça. La réconciliation, c’est pour plus tard. Mais ça va nous toucher! ».
Le pensionnat Notre-Dame de Sept-Îles a ouvert ses portes à Mani-utenam en 1952 et a été administré par les Oblats jusqu’à sa fermeture en 1971. Un an après sa fermeture, la majorité des bâtiments ont été détruits. Une grande pelouse avec quelques bancs recouvrent le lieu. L’école, située à côté du pensionnat, que fréquentaient les externes comme Jeannette Vollant, n’a pas été détruite. Rénovée, elle sert désormais de dispensaire. Sur le site ne restent que la menuiserie où travaillaient des Innus et des traces de l’ancienne cordonnerie. En 2012, dans un geste de guérison, elle a été brûlée car elle ravivait de trop mauvais souvenirs. De nombreux pensionnaires étaient présents dont Jean-Guy Pinette qui a purifié les lieux, et Jeannette Vollant. Shikuan Jean-Sébastien Vollant était pompier. Depuis 1985, le Festival Innu Nikamu se tient sur le site de l’ancien pensionnat à Mani-utenam. C’est l’un des plus importants événements de musique et d'art autochtones d'Amérique. « C’est drôle à dire, c’était le pensionnat et maintenant, les gens dansent et chantent » , lance Jean-Guy Pinette. Seule indication qu’un pensionnat était ici : des chaussures, mocassins et petites robes déposées symboliquement depuis la découverte de ce qu’on croit être des sépultures d’enfants près du pensionnat de Kamloops. Des consultations ont été menées par Jeannette Vollant et son frère Sylvain sur l’avenir du site. Des fouilles auront-elles lieu? Comment commémorer? Par un rassemblement annuel ou un monument… Dans peu de temps, le rapport devrait être dévoilé.