Vladimir Poutine continue "soigneusement" son offensive en Ukraine et accuse l'occident de vouloir la perte de la Russie

Dans son discours sur l'état de la nation, Vladimir Poutine accuse ce mardi 21 février  l'Occident de vouloir "en finir" avec la Russie en Ukraine. Il a juré d'y poursuivre son offensive militaire de façon "méthodique", près d'un an après le début d'un conflit tombé dans l'enlisement.

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Vladimir Poutine - discours
Le président russe Vladimir Poutine pendant son discours annuel sur l'état de la nation à Moscou, en Russie, le mardi 21 février 2023.
(Mikhail Metzel, Spoutnik, Kremlin Pool Photo via AP)
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Ce discours sur l'état de la nation, au ton martial, intervient quelques heures avant une autre allocution très attendue, celle du président américain Joe Biden, qui se trouve en Pologne après une visite surprise en Ukraine lundi 20 février où il a promis encore des armes aux Ukrainiens. 

Ce duel à distance inédit, qui rappelle les heures les plus tendues de la Guerre froide, intervient trois jours avant l'anniversaire du lancement de l'offensive contre l'Ukraine qui a provoqué une crise économique mondiale et conduit les pays occidentaux à apporter un puissant soutien militaire à Kiev.

(Re)voir Russie : Poutine accuse l'Occident de vouloir "en finir" avec la Russie

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Affirmant que son objectif était d'assurer la "sécurité" de la Russie, Vladimir Poutine a juré de remplir "pas à pas, soigneusement et méthodiquement" les objectifs de cette offensive qui a été marquée ces derniers mois par une série de revers militaires humiliants pour Moscou.

"Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d'un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d'Etat de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous", a-t-il déclaré.

L'Occident veut "infliger une défaite stratégique à la Russie, c'est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toutes", a tonné Vladimir  Poutine, accusant Washington et ses alliés européens de porter "la responsabilité de l'attisement du conflit ukrainien et ses victimes".

"Les élites de l'Occident ne cachent pas leur objectif: infliger une défaite stratégique à la Russie, c'est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toute", a-t-il martelé, dans une allocution intervenant trois jours avant le premier anniversaire de l'offensive russe.

"Mais ils ne sont pas sans savoir qu'il est impossible de défaire la Russie sur le champ de bataille", a ajouté le maître du Kremlin, avant de remercier "tout le peuple russe pour son courage et sa détermination" et de réclamer une minute de silence pour les nombreux soldats russes tués en Ukraine.

Evoquant les sanctions internationales qui frappent la Russie, Vladimir Poutine a estimé que les Occidentaux "ne sont arrivés à rien et n'arriveront à rien", alors que l'économie russe a résisté mieux qu'anticipé par les experts.

"Nous avons assuré la stabilité de la situation économique, protégé les citoyens", a-t-il noté, estimant que l'Occident avait échoué à "déstabiliser notre société"

Il a également appelé à poursuivre les "traîtres" en Russie, en pleine répression de toute voix critique du Kremlin et du conflit en Ukraine, à coup d'arrestations et de lourdes peines de prison.

"Ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi", a déclaré le président russe, avant d'assurer qu'il ne s'agissait pas pour autant d'une "chasse aux sorcières".

Enfin, le président russe a accusé l'Occident d'avoir fait de la pédophilie "la norme".

"Regardez ce qu'ils font avec leurs propres peuples: la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu'à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme (...). Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels", a-t-il lancé dans son allocution.
 

"Absurdité"

 

Le discours de Vladimir Poutine, attendu avec anxiété par de nombreux Russes redoutant une nouvelle vague de mobilisation massive pour combattre en Ukraine, ne contenait aucune annonce marquante.

Cependant, signe que la répression interne accompagnant l'offensive militaire risque de s'aggraver, Vladimir Poutine a déclaré que "ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi".

Les déclarations du chef de l'Etat russe présentent une vision du conflit radicalement différente de celle exposée la veille à Kiev par Joe Biden, qui ne devrait pas manquer de répondre à Vladimir Poutine dans son discours mardi attendu vers 16H30 GMT depuis le château royal de Varsovie.

"Kiev se tient debout. La démocratie est debout", a lancé le président américain lors de sa visite en Ukraine.

Mais au-delà d'un simple conflit militaire, Vladimir Poutine, qui n'a cessé de se rapprocher de l'Eglise orthodoxe dont il se présente comme le défenseur, présente cet affrontement comme un choc civilisationnel entre une Russie attachée aux valeurs "traditionnelles" et un Occident "décadent".

Mardi, il a ainsi accusé les Occidentaux d'avoir érigé "la perversion et la maltraitance des enfants, jusqu'à la pédophilie, (...) comme la norme". Même "les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels !", s'est-il indigné.

Sans même attendre la fin du discours de Vladimir Poutine, la Maison Blanche a dénoncé l'"absurdité" de la rhétorique anti-occidentale du président russe.

La Chine "très inquiète"

À l'approche de l'anniversaire du conflit, Moscou est loin d'avoir atteint ses objectifs, même si ses forces ont redoublé d'efforts ces dernières semaines pour avancer dans l'est, notamment autour de la ville de Bakhmout.

Confrontée à des vagues d'assaut et des frappes systématiques contre son infrastructure énergétique, l'Ukraine réclame de ses alliés des livraisons d'armes de plus en plus sophistiquées. Les Occidentaux ont accepté de lui fournir des chars lourds, mais pas des avions de chasse, jusque-là.

Lundi, Joe Biden a annoncé que son pays accroîtrait une fois de plus cette aide de 500 millions de dollars.

Le dirigeant américain doit rencontrer à Varsovie le président Andrzej Duda, puis mercredi les dirigeants de neuf pays européens issus de l'ancien bloc communiste ayant rejoint l'Otan.

Il doit aussi s'entretenir par téléphone avec les dirigeants du Royaume-Uni, de la France et de l'Italie.

De son côté, Moscou peut compter sur l'appui de la Chine, dont le chef de la diplomatie est attendu en Russie mardi et mercredi.