François Hollande s'est de nouveau posé jeudi soir en président protecteur face à une menace terroriste "à son plus haut niveau", décrétant l'"état d'urgence économique et social" pour lutter contre le chômage, sa "première priorité".
"Françaises, Français, je suis fier de vous", a lancé le chef de l'Etat dans ses voeux pour 2016, "année de vaillance et d'espérance", après 2015, "année de souffrance et de résistance"."Malgré le drame, la France n'a pas cédé, malgré les larmes, elle s'est tenue debout, face à la haine, elle a montré la force de ses valeurs, celles de la République", a-t-il fait valoir.
Filmé en plan serré, debout à son pupitre dans le Salon Napoléon III de l'Elysée, il s'exprimait là-même où il avait pris la parole en janvier, après l'attentat contre Charlie Hebdo, puis à la mi-novembre, lorsqu'une nouvelle vague d'attaques jihadistes a fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.
Le ton grave, le chef de l'Etat a de nouveau averti ses compatriotes, alors que plus de 100.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour la nuit de la Saint-Sylvestre: "je vous dois la vérité, nous n'en avons pas terminé avec le terrorisme, la menace (...) reste même à son plus haut niveau, nous déjouons régulièrement des attentats".
Louant l'action des forces armées françaises contre le groupe Etat islamique, François Hollande l'a assuré: "les coups portent, les jihadistes reculent". Et la France continuera "autant que nécessaire", s'est engagé le chef des armées.
Le président a par ailleurs justifié son projet de révision de la Constitution qui doit selon lui "donner un fondement incontestable au recours à l'état d'urgence lorsqu'un péril imminent nous fait face" et permettre de "déchoir de la nationalité française les individus condamnés définitivement pour crimes terroristes". S'il a jugé le débat sur ce point "légitime", François Hollande a maintenu fermement son cap et appelé les Français à ne pas se "désunir".
La France "doit prendre les bonnes décisions au-delà des clivages partisans", a-t-il encore plaidé, se posant en "garant" du respect des "principes essentiels", alors que la déchéance de nationalité divise profondément à gauche.
Devoir sacré
Toujours drapé dans son costume de père de la Nation qui lui a valu une remontée spectaculaire dans les sondages au lendemain des attentats du 13 novembre, François Hollande s'est élevé contre les profanations de lieux de culte, comme une "salle de prière" en Corse. "Ces gestes-là ne resteront jamais impunis", a-t-il souligné.
Puis face à "l'état d'urgence économique et social", il a annoncé "un plan massif de formation des demandeurs d'emploi" avec "500.000 personnes de plus accompagnées vers les métiers de demain" et pour les PME où "les emplois se créent", "de nouvelles aides à l'embauche (...) dès le début de la nouvelle année".
Autre priorité: l'apprentissage, car "l'effort en faveur de la génération qui vient, c'est un devoir sacré". "Je fixe l'objectif qu'aucun apprenti ne soit sans employeur et qu'aucun employeur ne demeure sans apprenti", a-t-il détaillé, demandant aussi au gouvernement d'engager "par étapes", la "généralisation" du service civique. François Hollande s'est félicité aussi de la "réussite" de la COP21, "un résultat considérable" qui se traduira par un "programme de grands travaux pour la rénovation de nos bâtiments, pour le développement des énergies renouvelables et pour la croissance verte".
Avec des accents mitterrandiens, il a exalté "l'amour de la patrie", au "coeur" de son engagement. L'avenir de la France n'a "jamais (été) dans le repli, la fermeture, la discrimination ou la nostalgie", a-t-il cependant ajouté dans une claire allusion à la montée du Front national.
Puis il a joint le geste à la parole, se rendant au pied des Champs-Elysées pour aller à la rencontre de quelques-uns des plus de 100.000 membres des forces de sécurité et de secours en cette nuit de la Saint-Sylvestre. "Rien d'audacieux qui puisse nourrir l'espérance en économie", a déploré le député Les Républicains Hervé Mariton.
"Je souhaite que l'appel du président de la République à faire vivre l'unité nationale soit entendu de tous", a déclaré pour sa part le président du groupe PS de l'Assemblée Bruno Le Roux. Quant à Marine Le Pen, présidente du FN, elle a jugé que "rien ne montre ce soir que le président ait pris la mesure de la situation de la France".