Voitures semi-autonomes : des tests confirment leur manque de fiabilité
Des tests effectués par la Fondation MAIF sur des voitures semi-autonomes déjà commercialisées indiquent le manque de fiabilité à l'heure actuelle des technologies impliquées, dans plusieurs situations d'urgence. Les constructeurs ont encore de gros progrès à faire avant de laisser des véhicules pilotés par ordinateur circuler sur les routes françaises.
Une Tesla Model S semi-autonome accidentée après avoir percuté de plein fouet l'arrière d'un camion de pompier arrêté à un feu rouge à Jordan dans l'Utah, le 14 mai 2018 .
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Le rapport complet de tests sur différents véhicules semi-autonomes de la Fondation MAIF ne sortira qu'en octobre. Les premiers résultats fournis au journaldunet.comn'augurent pas de leur mise en circulation dans un futur proche. La voiture capable d'éviter un accident et conduire mieux qu'un chauffeur humain n'existe visiblement pas encore, malgré les publicités faites autour de ces nouveaux types de véhicules censés être plus efficaces que ceux qui les conduisent.
Tesla "devance" les constructeurs européens…
Les tests de semi-autonomie correspondent à des délégation de conduite à plusieurs niveaux : la voiture "prend la main" sur le conducteur dans certaines configurations mais le conducteur peut à tout moment retrouver le contrôle . Le directeur de la Fondation MAIF, Marc Rigolot, indique à ce sujet à nos confrères du Journal du Net que Tesla aurait "un peu d'avance sur les constructeurs européens en termes de qualité de conduite autonome". L'explication tient aux réglages de sensibilité : plus ils sont élevés, plus la voiture est prudente vis-à-vis des obstacles mais freine bien plus souvent, et à l'inverse — avec moins de sensibilité — le véhicule offre une meilleure qualité de conduite. La Tesla est fluide dans sa conduite, les voitures européennes le sont moins mais sont par contre plus prudentes que leur concurrente américaine, indique Marc Rigolot.
… mais échoue quand même à une partie des tests
Tous les véhicules ont dû réagir à d'autres véhicules garés sur le côté d'une voie d'urgence de test pour simuler des réactions à des situations d'acccidents. Les véhicules européens parviennent à freiner à temps jusqu'à 60-80 km/h mais pas au delà, quand Tesla y parvient jusqu'à une vitesse de 120 km/h. Le plus étrange, est que tant que les véhicules sont placés dans l'alignement de la voie, les voitures semi-autonomes parviennent à freiner d'elles-mêmes mais avec un véhicule placé perpendiculairement à la voie, seule la voiture Tesla freine à temps juqu'à une vitesse de 120 Km/h : les autres percutent le véhicule gênant ! L'explication de cette très ennuyeuse incapacité ne provient visiblement pas des capteurs, qui ne peuvent par "rater" ce véhicule placé en travers de leur route mais certainement de la qualité des algorithmes utilisés.
Bons freinages d'urgence, mauvaises négociation de virages serrés
Sur les "réflexes" des véhicules semi-autonomes avec des freinages en urgence face à des voitures en mouvement, les tests sont visiblement positifs pour tous les véhicules sauf pour certaines situations et à certaines vitesses avec, par exemple des situations de "queues de poisson" et des véhicules arrêtés dévoilés au dernier moment qui peuvent provoquer un choc. Les impacts ne peuvent donc pas être toujours évités, mais il semblerait que les systèmes semi-autonomes permettent d'éviter les accidents graves. La dernière partie du test, de gestion de conduite sur des virages de plus ou moins grand rayon, amène par contre un constat clair d'une insuffisance de la technologie : un virage très serré — de 15 mètres de rayon — qui ne pose aucun problème à un conducteur humain met en échec les véhicules semi-autonomes. Tous les véhicules testés ont foncé tout droit dans ce type de virages, ce que le directeur de la Fondation MAIF explique de la manière suivante : "Puisque le virage est serré, les capteurs qui cherchent les marquages au sol pour aider le véhicule à se repérer ne trouvent plus la ligne, qui part en courbe très vite."
Reste la capacité des conducteurs passifs de ces véhicules qui peuvent à tout moment reprendre la main en cas de défaillance de la part de la machine dans ce type de configurations dangereuses : elle est trop lente, puisque la moyenne est de 4 secondes avec un temps de reprise de la conduite qui peut aller jusqu'à 8 secondes. Laisser sa voiture conduire seule dans un flot de circulation n'est donc pas encore pour aujourd'hui.