Vol MH17 : le missile venait de Russie, selon une nouvelle enquête internationale

Deux ans après le crash d'un avion malaisien dans l'est de l'Ukraine, une nouvelle enquête internationale conclut que le missile provenait de Russie. Les enquêteurs ont identifié une centaine de personnes potentiellement impliquées. La Russie

se dit "déçue" et dénonce un rapport "biaisé et politiquement motivé".

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enquete mh17
Conférence de presse des enquêteurs internationaux, présentant les différents scénarios du crash du vol MH17, Nieuwegein (Pays-Bas), mercredi 28 septembre 2016.
©AP Photo/Peter Dejong
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Le parquet néerlandais a identifié une centaine de personnes potentiellement impliquées dans le tir du missile ayant abattu le vol MH17 et confirmé que le tir avait eu lieu depuis un champ alors situé dans le territoire contrôlé par les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.

"Notre enquête a montré que l'endroit depuis lequel le missile a été tiré était aux mains des rebelles", a affirmé mercredi Wilbert Paulissen, l'un des responsables de l'enquête, lors d'une conférence de presse sur l'affaire du vol de la Malaysia Airlines, le 17 juillet 2014.

"Sur la base de l'enquête pénale, nous pouvons conclure que le vol MH17 a été abattu le 17 juillet 2014 par un missile BUK apporté du territoire de la Fédération de Russie et qu'après le lancer, le système a été réacheminé en Russie", a selon Wilbert Paulissen.

Ces éléments devraient permettre de faire la lumière sur le type exact de missile sol-air BUK ayant touché le Boeing 777 qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur et sur le lieu précis d'où ce projectile de fabrication russe a été tiré dans l'est de l'Ukraine, où les forces gouvernementales font face aux séparatistes pro-russes depuis avril 2014.

Les membres de l'équipe d'enquête commune (JIT) viennent des Pays-Bas, d'Australie, d'Ukraine, de Malaisie et de Belgique. Leur objectif est de "retrouver les personnes qui sont responsables du crash du MH17 et de les amener devant la justice".

Les enquêteurs devaient rencontrer d'abord les parents des 298 victimes, passagers et membres de l'équipage parmi lesquels 193 étaient néerlandais, pour les informer de l'état d'avancement de leurs investigations, avant de donner une conférence de presse, à Nieuwegein, près d'Utrecht, dans le centre des Pays-Bas.

"Outre savoir exactement quelle arme a été utilisée et d'où le tir a eu lieu (...) nous voulons voir les auteurs (de cette attaque) capturés et jugés", et ce "dans les plus brefs délais", a de son côté déclaré à l'AFP Evert van Zijtveld, qui a perdu quatre parents dans la catastrophe et préside une association de soutien aux proches des victimes.

Moscou dément

Une autre enquête, coordonnée par le Bureau néerlandais d'enquête pour la sécurité (OVV), avait conclu en octobre que le Boeing 777 avait été détruit par un missile BUK tiré d'une zone tenue par les séparatistes pro-russes, sans identifier les auteurs du tir.

Moscou et les rebelles de l'est de l'Ukraine démentent toutefois cette version et montrent du doigt les forces ukrainiennes.

La Russie avait, à cet égard, pris les devants par rapport aux révélations attendues, accusant lundi l'armée ukrainienne d'avoir été à l'origine de la tragédie.

"Le fait que l'Ukraine n'ait pas encore rendu publiques les informations de ses stations radar suggère que l'endroit à partir duquel le missile a été tiré -s'il s'agit bien d'un (missile) BUK- se trouve dans le territoire contrôlé par l'armée ukrainienne", a ainsi affirmé le général russe Andreï Kobane. "Si le Boeing malaisien avait été touché par un missile tiré d'un territoire situé à l'est du site du crash, cela aurait été détecté par les radars russes", a-t-il ajouté.

Almaz-Anteï, le constructeur russe des BUK, avait lui contesté les conclusions de l'enquête internationale menée par les Pays-Bas quelques jours à peine après sa publication, expliquant avoir simulé "en condition réelles" l'explosion d'un missile près d'un avion au sol.

Selon le fabricant, le missile qui a abattu le MH17 est d'un modèle qui n'est plus en service dans l'armée russe. Il affirme qu'il a été tiré depuis un territoire qui était à l'époque disputé entre les rebelles et l'armée ukrainienne.

Les autorités russes ont proposé plusieurs théories depuis la tragédie pour expliquer les causes du crash, parmi lesquelles l'implication d'un avion de chasse ukrainien.

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a pour a part assuré que "les auteurs de cette tragédie seront châtiés". "Avec nos partenaires, nous faisons tout ce qui est possible pour amener les fautifs devant la justice", a-t-il ajouté.

Multiples procédures d'indemnisation

De multiples procédures d'indemnisation ont par ailleurs été lancées dans le monde entier par des proches des victimes.

Parmi eux, des familles qui accusent un ex-chef séparatiste d'avoir abattu l'avion et lui réclament 779 millions d'euros. Ou cette mère d'une victime allemande qui reproche à Kiev devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de ne pas avoir fermé l'espace aérien aux vols civils alors que la zone était en guerre.

A Strasbourg, la CEDH a également reçu la plainte des proches de 33 victimes australiennes, néo-zélandaises et malaisiennes contre la Russie et son président Vladimir Poutine. Selon leur avocat Jerry Skinner, les réclamations se chiffrent à 6,8 millions d'euros par plaignant.

Enfin, une trentaine de familles se préparent à introduire une action en justice aux Etats-Unis contre "plusieurs personnes et entités qui soutenaient les séparatistes sur le sol ukrainien" pour obtenir de nouvelles compensations, a expliqué à l'AFP l'avocat James Healy-Pratt.