Fil d'Ariane
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé, ce jeudi 15 juin, la Suisse à autoriser les alliés de Kiev à transférer à l'Ukraine des armes fabriquées dans le pays alpin.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, lors d'une conférence de presse au sommet de la Communauté politique européenne au château de Mimi, à Bulboaca, en Moldavie, le jeudi 1er juin 2023.
"Je sais qu'il y a une discussion en Suisse sur la réexportation de matériel de guerre. Ce serait vital pour protéger et défendre l'Ukraine", a lancé Volodymyr Zelensky, dans une allocution vidéo devant le Parlement suisse.
"Nous avons besoin d'armes pour rétablir la paix en Ukraine et sur le sol ukrainien", a ajouté le président ukrainien.
Il a été applaudi, debout, à la fin de son discours, qui a duré une quinzaine de minutes, mais le premier parti suisse, l'UDC, de la droite radicale, avait décidé de ne pas participer à l'événement au nom de la neutralité suisse. Certains des membres du parti vont jusqu'à l'accuser de vouloir entraîner la Suisse dans la guerre.
Historiquement, la Suisse, pays de 8,9 millions d'habitants, entretient une position de neutralité. Ce riche pays - qui ne fait pas partie de l'Union européenne - a toutefois adopté toutes les sanctions prises par Bruxelles contre Moscou, estimant qu'elles sont compatibles avec sa neutralité.
Mais un débat sur la réexportation de matériel de guerre suisse agite le pays depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022.
Malgré les pressions exercées par Kiev et ses alliés, dont Berlin, la Suisse a jusqu'à présent refusé d'autoriser les pays qui détiennent des armes fabriquées en Suisse à les réexporter vers l'Ukraine.
Le dossier pourrait toutefois se débloquer. Des discussions sont en cours au parlement pour que la Suisse autorise les pays qui ont acheté du matériel de guerre suisse à le réexporter, mais sous conditions.
Les pays acheteurs devront toujours signer une déclaration de non-réexportation mais celle-ci pourra être limitée à 5 ans. La réexportation ne sera toutefois possible que pour les pays de destination qui ne violent pas gravement les droits humains et uniquement si le pays en guerre fait usage de son droit d'autodéfense.
Pour cela, la guerre devrait être dénoncée par le Conseil de sécurité de l'ONU ou les deux tiers de l'Assemblée générale de l'ONU.
"La source de la destruction se trouve à l'extérieur de nos frontières et nous voulons nous défendre. Et si vous nous protégez, vous protégez le monde contre la guerre", a plaidé Volodymyr Zelensky devant les élus helvètes.
Il a également appelé la Suisse à organiser un "sommet pour la paix", sans toutefois donner de précision.