Si les Suisses se révèlent plus partagés sur ce point et refusent à 53,4 % l'achat de 22 avions de combat suédois Gripen. Pour l’ancien chef de l’armée Christoph Keckeis, les citoyens ont été "pollués par la campagne du non, qui leur a fait croire que la facture atteindrait 10 milliards, alors qu’on parlait bien d’une enveloppe de 3,1 milliards." Dans le rejet du Gripen, il voit aussi "un vote revanchard à l’égard de l’UDC, que certains ont voulu punir pour l’initiative contre l’immigration de masse, acceptée le 9 février dernier". Christophe Keckeis avertit: "Sans Gripen, les F/A-18 arriveront en bout de course en 2025, alors que les Tigers seront cloués au sol dès 2016. Sachant qu’il faut au moins 10 ans, en Suisse, pour acheter un avion de combat, il faudra très vite lancer un nouveau projet." Membre de la Commission de politique de sécurité du Conseil national, Hugues Hiltpold (PLR/GE), fervent partisan du Gripen, se montre plus fataliste : "On savait que ce serait très serré, on paie aujourd’hui l’addition d’une
mauvaise campagne." Pas question de se précipiter pour autant pour trouver une solution de rechange à l’avion suédois. "Il faut entendre le vote des Suisses et refaire l’analyse du développement de l’armée." L’état d’esprit est tout autre dans le camp du non, donné vainqueur. Pour le conseiller national Christian Van Singer (Verts/VD) :"Malgré la crise ukrainienne et le vibrant appel des présidents des partis bourgeois en faveur du Gripen, les Suisses ont bien compris ce qu’il fallait voter... les F/A-18 ¬- pour lesquels 1,5 milliard ont déjà été dépensés depuis leur achat, dont 400 millions tout récemment – sont encore au top. Ils suffiront très bien à assurer la police du ciel jusqu’en 2030 au moins, voire 2035. Et quand viendra véritablement l’heure de les remplacer, on examinera quelle sera la meilleure solution: peut-être un autre avion, peut-être des drones, la question se posera dans dix ans."