En 2008, après huit ans d’administration George W. Bush et sept ans de guerre contre le terrorisme qui a bouleversé la face du monde à jamais, avec le déchaînement de la machine de guerre américaine en Afghanistan et en Irak, Barack Obama était l’incarnation de l’espoir et du changement, à la fois pour les Américains et pour le monde entier. Sur le front domestique, cet avocat à succès de Chicago, le premier aspirant de couleur à la Maison Blanche, avait rassemblé les espoirs de la majorité d’un public appauvri et fatigué par l’échec des politiques républicaines, qui ont conduit à l’écroulement du marché immobilier et au krach du Wall Street, emportant les finances du monde entier dans la plus grave crise depuis La Grande Dépression de 1929. A tout ça, s’ajoute le coût énorme des guerres augmenté des dépenses liées à la sécurité intérieure. L’arrivée d’Obama à la Maison Blanche a été accueillie dans le monde par l’espoir de voir la fin de la politique belligérante de Washington, de la doctrine de guerre ‘préventive’, selon laquelle les États-unis étaient en droit de renverser des régimes jugés menaçants pour sa sécurité et ses intérêts militaires. La ‘doctrine Bush’ a ainsi permis l’invasion de l’Irak en mars 2003 en l’absence du feu vert des Nations Unies, une guerre illégale qui a fait au moins 120.000 morts selon le compte fait par les militaires américains mais presque un million de victimes, selon les estimations dressées par les autorités irakiennes. Obama avait promis un retrait militaire ‘responsable’ d’Irak dès le début de sa présidence. Le retrait a eu lieu fin 2011, mais la situation dans le pays est loin d’être l’effet d’une politique ‘responsable’ de Washington, censée mener le pays vers la voie de la stabilité, de la démocratie et du développement. L’Irak est aujourd’hui la proie des luttes sectaires féroces, avec des centaines de civils qui tombent régulièrement victimes des attentats, avec un pays au bord de la dissolution. La campagne américaine en Irak est un échec colossal des Etats-Unis et de ce point de vue, Obama partage la responsabilité avec son prédécesseur George W. Bush. Contrairement aux promesses de 2008 de protéger les whistleblowers (lanceurs d’alerte) et la liberté d’expression, l’administration Obama a essayé d’étouffer le scandale immense des crimes de guerre des troupes américaines. Au lieu de dénoncer les crimes et les abus de ses soldats et de juger les responsables, l’administration Obama a commencé à faire la guerre contre les dénonciateurs, Bradley Manning le soldat qui est suspecté d’avoir passé à WikiLeaks les dossiers secrets, et Julian Assange, le patron de WikiLeaks. Un moment de gloire pour Obama dans la guerre contre le terrorisme a été l’assassinat d’Oussama Ben Laden, un épisode qui lui a apporté quelque points supplémentaires de popularité dans les sondages, et a procuré un peu de consolation aux familles des victimes du 11 Septembre. Ce moment a pourtant été assombri par les contradictions des déclarations officielles et celles des Navi Seals qui ont capturé et tué l’ennemi No.1 de l’Amérique, ainsi que par la décision de se débarrasser de son corps… Mais cet épisode a endommagé de manière abrupte les relations avec le Pakistan, l’avant poste de la lutte contre les Taliban an Afghanistan. A cela s’ajoutent les incursions des drones américains qui font des victimes parmi les civils, au Pakistan comme en Afghanistan. L’attachement des Etats-Unis à la démocratie a continué à diminuer sous Obama aussi, comme on l’a vu aux premières heures du Printemps Arabe, quand Washington ainsi que ses alliés européens, plaidaient pour une transition ‘ordonnée’ vers la démocratie, avec la participation même de Ben Ali et de Moubarak, les grands alliés de Washington dans la guerre conte le terrorisme. Les balbutiements de l’administration américaine envers les changements des régimes despotiques dans le monde arabe, ont montré que la démocratie n’est pas donnée à tout le monde, sauf si elle coïncide avec les intérêts des grandes puissances.. Obama n’a pas réussi à se hisser à la hauteur du Prix Nobel de la Paix reçu en 2009, un prix donné plus pour les promesses faites, que sur les résultats de sa présidence. Ainsi, l’administration américaine n’a pas réussi plus qu’avant à mettre fin au conflit israélo-palestinien et aux ambitions nucléaire de l’Iran. Une des réussites de la politique étrangère d’Obama a été la signature avec la Russie du traité Start sur la réduction de l’arsenal nucléaire, il y a deux ans. Mais la décision de Washington de bâtir en Roumanie des éléments du bouclier anti-missile contre d’éventuelles frappes de la part de l’Iran, a refroidi les relations avec Moscou. Aujourd’hui, la Russie menace d’activer ses propres systèmes de bouclier et d’activer ses missiles Iskander, situé à Kaliningrad, aux portes même de L’Union européenne… Cette fois-ci, en Roumanie, les élections américaines ne soulèvent ni intérêt, ni débats. Les Roumains ont leurs propres élections au début du mois de décembre, et leur propre bataille avec l’avenir. Cet avenir ne s’annonce pas des plus roses, après trois ans et demi de cure d’austérité barbare et de politique de bras de fer menée par le président Traian Basescu et son parti, soutenu de plein cœur par Washington…