Oui, en Suisse, on aime Barack Obama. On apprécie l'homme ; on adore suivre son parcours et écouter ses discours. Pour tout dire, on l'a adopté dès l'annonce de sa candidature. C'était l'Amérique telle qu'on la rêvait-pour nous- et telle que nous la souhaitions-pour les Américains- : forte, généreuse, diverse et ouverte sur le monde . Il était d'autant plus aisé de se laisser séduire par ce candidat-président que son prédécesseur à la Maison Blanche nous avait, ainsi que la plupart des Européens, profondément heurtés dans nos convictions et blessés dans nos principes de droit. Ici en Suisse, on se prit même à espérer que le 44ème et nouveau président des Etats Unis, une fois élu, viendrait nous rendre visite lors du mondialement célèbre Forum économique de Davos, ou, à défaut, à l'occasion d'une grande rencontre onusienne à Genève. Obama n'est jamais venu en Suisse. En revanche, son administration a magistralement réussi à mettre la Confédération Helvétique sens dessus-dessous. Car c'est bel et bien le gouvernement de Barack Obama qui a donné le coup de grâce au secret bancaire. Ainsi que le titre cette semaine le magazine romand
BILAN : "Obama: notre meilleur ennemi." Pourquoi fallait-il que, sous l'autorité de ce président a priori conciliant, s'enchaîne toute une suite de mesures radicalement anti-suisses ? Dès 2009, la justice et le fisc américains s'attaquent au dossier UBS. La Suisse découvre alors le nom de celui qu'elle va adorer détester : ce Bradley Birkenfeld, délateur patenté, fossoyeur de ses propres clients américains, accusateur en chef de l'ensemble du secteur bancaire suisse, emprisonné pour la forme et touchant, sur le fond, une modeste récompense de 104 millions de dollars, équivalent actualisé des misérables 30 deniers de Judas. Etait-ce cela, l'Amérique d'Obama? Il y eut pire ! Le président américain avait-il personnellement donné l'ordre d'exiger des banques suisses qu'elles livrent docilement les listes de tous leurs clients suspectés de fraude fiscale ? Et quand, humiliation suprême pour les Suisses, on apprit que les banques, sur mandat apparent du gouvernement helvétique tout autant que sous la menace précise de représailles de Washington, avaient secrètement dénoncé aux services de l'IRS (International Revenue Service) l'ensemble de leurs employés ayant, de près ou de loin - de loin, le plus souvent - été en rapport avec la clientèle américaine, on se prit à condamner les méthodes inhabituellement dictatoriales des Etats-Unis d'Amérique. Comment était-il possible que de braves citoyens suisses ayant scrupuleusement suivi les instructions de leur entreprise se trouvent ainsi "priés" de ne plus mettre les pieds sur le sol américain, sauf à prendre le risque d'achever un voyage touristique ou familial dans les geôles de l'oncle Sam ? Obama était-il au courant de cet abus de pouvoir ?