Vu de Suisse : Obama on l'aime ! Mais Washington nous déteste

Aujourd'hui présentateur du magazine de la RTS Geopolitis, le journaliste suisse Xavier Colin en est à sa énième présidentielle américaine, événement qu'il a régulièrement couvert pour la Radio Télévision suisse. En 2008, il avoue que Obama le fit rêver, comme presque tous les Suisses. Mais à son grand dam le président américain n'a pas toujours été tendre avec la Confédération helvétique...
Image
Vu de Suisse : Obama on l'aime ! Mais Washington nous déteste
Partager 4 minutes de lecture
Vu de Suisse : Obama on l'aime ! Mais Washington nous déteste
Oui, en Suisse, on aime Barack Obama. On apprécie  l'homme ; on adore suivre  son parcours et  écouter ses discours.  Pour tout dire, on l'a adopté dès l'annonce de sa candidature. C'était l'Amérique  telle qu'on la rêvait-pour nous- et telle  que nous la souhaitions-pour les Américains- :  forte, généreuse, diverse  et  ouverte sur le monde . Il était d'autant plus aisé de se laisser séduire par ce candidat-président  que son prédécesseur à la Maison Blanche nous avait, ainsi que la plupart des Européens, profondément heurtés dans nos convictions et blessés dans nos principes de droit. Ici en Suisse, on se prit même à espérer que le 44ème et nouveau président des Etats Unis, une fois élu, viendrait nous rendre visite lors du  mondialement célèbre Forum économique de Davos, ou, à défaut, à l'occasion d'une grande rencontre onusienne à Genève. Obama n'est jamais venu en Suisse. En revanche, son administration a magistralement réussi à mettre la Confédération Helvétique sens dessus-dessous. Car c'est bel et bien le gouvernement de Barack Obama qui a donné le coup de grâce  au secret bancaire. Ainsi que le titre cette semaine le magazine romand BILAN : "Obama: notre meilleur ennemi." Pourquoi fallait-il que, sous l'autorité de ce président a priori conciliant, s'enchaîne toute une suite de mesures radicalement anti-suisses ? Dès 2009,  la justice et le fisc américains s'attaquent au dossier UBS. La Suisse découvre alors le nom de celui qu'elle va adorer détester : ce Bradley Birkenfeld,  délateur patenté, fossoyeur de ses propres clients américains, accusateur en chef de l'ensemble du secteur bancaire suisse, emprisonné pour la forme et touchant, sur le fond, une modeste récompense de 104 millions de dollars, équivalent actualisé des misérables 30 deniers de Judas. Etait-ce cela, l'Amérique d'Obama? Il y eut pire !  Le président américain avait-il personnellement donné l'ordre d'exiger des banques suisses qu'elles livrent docilement les listes de tous leurs clients suspectés de fraude fiscale ? Et quand, humiliation suprême pour les Suisses, on apprit que les banques, sur mandat apparent du gouvernement helvétique tout autant que sous la menace précise de représailles de  Washington, avaient secrètement dénoncé aux services de l'IRS (International Revenue Service) l'ensemble de leurs employés ayant, de près ou de loin -  de loin,  le plus souvent - été en rapport avec la clientèle américaine, on se prit à condamner les méthodes  inhabituellement dictatoriales des Etats-Unis d'Amérique. Comment était-il possible que de braves citoyens suisses ayant scrupuleusement suivi les instructions de leur entreprise se trouvent ainsi "priés" de ne plus mettre les pieds sur le sol américain, sauf à prendre le risque d'achever un voyage touristique ou familial dans les geôles de l'oncle Sam ? Obama était-il au courant de cet abus de pouvoir ?
Vu de Suisse : Obama on l'aime ! Mais Washington nous déteste
La Une de Bilan (novembre 2012), bimensuel économique suisse
Et que dire des citoyens américains présents sur sol helvétique - depuis parfois des décennies-  et dont plus aucun établissement bancaire suisse ne souhaite gérer les comptes, considérant que tout détenteur d'un passeport estampillé USA est désormais  un client  potentiellement dangereux parce que déclaré pestiféré  ? Etait-ce là le souhait du Département d'Etat de récompenser ainsi des milliers de compatriotes assurant quotidiennement en Suisse  la poursuite des bonnes relations politiques, économiques et culturelles  entretenues par les (nos) deux pays ? Et dire que William Gallatin, le premier secrétaire d'Etat au trésor américain, était un enfant de Genève ! Dans l'immédiat, on reste perplexe : ainsi que le relève "BILAN", toute cette agitation destructrice pour à  peine 2% de l'évasion fiscale américaine qui aurait pris le chemin de la Suisse ! Si Barack Obama est réélu, la Suisse aimerait que président  vienne enfin ici nous dire  ce qu'il en est : puisque nous l'aimons, pourquoi donc nous a-t-il pris en grippe ? Une bonne occasion serait de pouvoir compter sur sa présence  lors du prochain Forum Economique Mondial de Davos. Un forum qui ouvrira ses portes dans la station alpine le 23 janvier 2013. Soit deux jours après la traditionnelle cérémonie de prestation de serment le lundi 21 janvier à Washington, devant le Capitole. L'air frais des Grisons lui ferait du bien ; le calme de la montagne, après l'agitation de la campagne !