Bradley Manning, 24 ans était jusqu’à présent un frêle soldat, analyste de renseignements, entré presque par erreur dans les rangs de l’armée américaine. Passé de l’ombre à la lumière, cet inconnu a cristallisé un temps l’attention des médias, des internautes et des Américains. Qu’en est-il aujourd’hui alors que s'ouvre enfin son procès ? Qui se préoccupe encore de ce jeune homme emprisonné depuis trois ans ?
Après avoir comparu plusieurs fois comme témoin de la défense, Bradley Manning voit enfin son procès s'ouvrir devant une cour martiale américaine le 3 juin 2013 à Fort Meade.
L'attente est interminable depuis son arrestation en 2010. Une procédure inhabituellement longue pour la justice américaine surtout quand un militaire est accusé de "collusion avec l’ennemi". En tout vingt-deux charges sont retenues contre lui pour avoir diffusé entre novembre 2009 et mai 2010 des milliers de documents militaires secrets sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan, des rapports de l’armée américaine et des câbles diplomatiques. Il encoure la réclusion criminelle à perpétuité pour collusion avec l’ennemi.
C’est également lui qui a transmis à Wikileaks, le site de Julian Assange, une vidéo de l’armée américaine tournée en 2007 et intitulée “
Collateral murder” (voir en encadré). Diffusée abondamment, on y voit des militaires dans un hélicoptère tirer sur des civils afghans.
Lors de sa dernière audience préliminaire à son procès en février 2013, le soldat Manning a plaidé coupable et fait une déclaration mise en ligne illégalement en février par des activistes américains. Bien que l'audience était publique, tout enregistrement était interdit. (Voir les extraits en encadré)Il raconte les motivations de son geste et livre son dégoût quant aux agissements de l'armée américaine.