Fil d'Ariane
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- Yémen : attentats meurtriers dans des mosquées
Des Yéménites se trouvent debout parmi les corps de morts après l'attaque suicide contre une mosquée de Sanaa, le vendredi 20 mars 2015.
Au moins 142 personnes sont mortes et plus de 350 sont blessées après le triple attentat suicide qui a touché, vendredi 20 mars, deux mosquées à Sanaa. Revendiquées par le groupe Etat islamique, ces attaques sont les plus sanglantes depuis la prise de la capitale du Yémen par la puissante milice chiite des Houthis, fin janvier.
Après l'attentat contre le musée du Bardo à Tunis mercredi 18 mars, le groupe Etat islamique signe une nouvelle revendication. Cette fois, il s'agit du triple attentat perpétré, ce vendredi 20 mars, contre deux mosquées de la capitale yéménite et contre celle d'une ville du nord du pays, Saada. Le dernier bilan donné en fin d'après-midi par le ministère de la Santé fait état d'au moins 142 morts et de plus de 350 blessés.
Parmi les personnes tuées dans la mosquée Badr, la première touchée, figure l'imam Al-Mourtada ben Zayd al-Muhatwari. Il est un important responsable religieux de la milice chiite des Houthis.
Pendant la prière hebdomadaire de midi, un kamikaze se serait fait exploser à la mosquée Badr, dans le sud de Sanaa, suivi d'un autre à l'entrée de ce même lieu de culte au moment où les fidèles prenaient la fuite, selon des témoins. Un troisième kamikaze a aussi attaqué une mosquée du nord de la capitale. Les attentats se sont produits quasiment au même moment.
Les deux mosquées visées dans la capitale Sanaa sont notamment des lieux de prières des membres de la puissante milice chiite des Houthis qui a pris le pouvoir dans la capitale fin janvier.
Le quatrième attentat a touché une mosquée à Saada, ville du nord du pays et également bastion des Houthis. Selon une source proche de la milice, cette dernière attaque n'aurait pas fait de morts, car les forces de sécurité auraient empêché le kamikaze de pénétrer dans la mosquée.
Il s'agit des premières attaques revendiquées par l'EI au Yémen, où le groupe djihadiste le mieux implanté est Al-Qaïda, qui mène de fréquentes attaques contre les Houthis et les forces de sécurité.
Avec ces attentats, le pays s'enfonce davantage dans un chaos alimenté par les affrontements entre la milice chiite des Houthis et les djihadistes sunnites d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Ces deux groupes sont également hostiles au pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Depuis l'insurrection populaire de 2011, dans le sillage du Printemps arabe, qui a poussé au départ le président Ali Abdallah Saleh, le pouvoir central a été marginalisé par les Houthis et Aqpa, qui ont accru leur influence, tout en se livrant une guerre sans merci.
Alors que les espoirs suscités par l'ouverture d'un dialogue destiné à sortir le Yémen de la crise, parrainé par l'ONU, sont quasiment morts, les observateurs évoquent un sérieux risque de guerre civile dans le pays.
Les Houthis, soupçonnés d'avoir le soutien de l'Iran, avaient déferlé en septembre 2014 à Sanaa, venant de Saada, puis étendu leur influence vers l'ouest et le centre du pays.
Si ce mouvement a rencontré peu de résistance de la part des forces gouvernementales, il en va tout autrement d'Aqpa, qui a revendiqué depuis septembre de nombreux attentats contre les Houthis.
Les Houthis ont achevé de s'emparer de Sanaa avec la prise, le 20 janvier, du palais présidentiel et le siège imposé aux résidences du président Hadi et d'autres responsables yéménites. Le 6 février, ils ont annoncé la dissolution du Parlement et la mise en place d'un Conseil présidentiel.
Ces mesures ont été qualifiées de "coup d'Etat" par le président Hadi qui avait ensuite réussi à fuir Sanaa vers Aden, la capitale du Sud.
Et preuve de l'affaiblissement du pouvoir, M. Hadi, le président internationalement reconnu, a dû être évacué jeudi 19 mars vers un "lieu sûr" après un raid aérien contre son palais à Aden et des combats entre ses forces et celles d'un général rebelle, Abdel Hafez al-Sakkaf, qui avait refusé un ordre de limogeage du chef de l'Etat.
Les troupes fidèles au président ont ensuite repris le contrôle d'Aden et M. Hadi, qui avait dénoncé "l'échec d'une tentative d'un putsch", est de nouveau apparu en public lors de la prière de ce vendredi 20 mars dans une mosquée de la ville.