Le président du Yémen a affirmé mercredi 20 décembre 2017 qu'il n'y aurait pas de dialogue tant que les insurgés ne déposeraient pas les armes, alors que les appels à un cessez-le-feu se multiplient.
Le conflit au Yémen oppose les forces du président Abd Rabbo Mansour Hadi aux Houthis, qui se sont emparés en septembre 2014 de la capitale Sanaa puis de vastes régions du pays. Il a fait plus de 10 000 morts, dont de nombreux civils, et provoqué
"la pire crise humanitaire de la planète", selon l'ONU. En outre, plus de 2.000 personnes sont mortes de choléra.
"Un conflit invisible"
"Nous n'avons pas de partenaire avec qui on pourrait parvenir à la paix", a déclaré le président Hadi lors d'une rencontre mardi soir avec des ambassadeurs dans sa résidence à Ryad.
Abd Rabbo Mansour Hadi, qui vit en exil, a estimé que le dialogue avec les rebelles était désormais impossible, après le récent meurtre de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, tué par les Houthis après que leur alliance eut volé en éclats.
Ces déclarations surviennent alors que des organisations humanitaires et personnalités à travers le monde multiplient les appels et les campagnes en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et des négociations de paix au Yémen, dénonçant l'inaction des grandes puissances face à
"un conflit invisible".
La guerre en chiffres
plus de 10 000 morts
3 millions de personnes déplacées
plus de 2 000 décès imputés au choléra
1 million de cas de choléra soupçonnés (OMS)
"C'est entièrement imputable à des causes politiques - des gouvernements irresponsables et des grandes puissances dont l'inaction les renforce dans leur sentiment d'impunité", accuse Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, cosignataire d'un appel mondial à "agir d'urgence" lancé par 350 personnalités, dont des artistes et des prix Nobel.
Les signataires de cet
"appel des 1 000 jours pour le Yémen" soulignent
"la responsabilité particulière de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et principaux fournisseurs d'armes à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis".Le dialogue au point mort
La rencontre du président Hadi avec les ambassadeurs est par ailleurs intervenue quelques heures après le tir par les Houthis d'un missile balistique intercepté au-dessus de Ryad, le second en deux mois.
"Ils ont prouvé qu'ils ne cherchent pas la paix (...). Toute tentative de paix avant qu'ils ne déposent les armes serait une perte de temps", a-t-il jugé.
Le président Hadi avait déclaré en septembre que la solution militaire était le scénario le
"plus probable" pour le Yémen, affirmant néanmoins que son gouvernement
"continuerait à tendre la main à la paix".Pour entamer un dialogue avec les Houthis il a exigé que son gouvernement, reconnu par la communauté internationale, reprenne le pouvoir, que les rebelles déposent les armes et remettent les institutions de l'Etat aux autorités reconnues.
Sinon, a-t-il prévenu,
"les opérations militaires ne cesseront pas jusqu'à ce que le Yémen tout entier soit libéré".