Yémen : guerre, famine, choléra... le cauchemar de l'"Arabie heureuse".

Que se passe-t-il au Yémen ? Le chercheur Laurent Bonnefoy était le 20 novembre 2017 sur le plateau du 64 sur TV5MONDE. Auteur de "Yémen, de l'Arabie heureuse à la guerre", il donne les clés pour comprendre ce conflit dramatique.
 
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Yemen Sanaa après bombardement
A Sanaa le 11 novembre 2017 après un bombardement de l'armée saoudienne sur le site du ministère de la Défense yéménite.
©AP Photo/Hani Mohammed
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"Ce qui caractérise cette guerre du Yémen, c'est sa complexité", explique tout d'abord Laurent Bonnefoy. Il est tentant de la résumer à un conflit à distance entre l'Arabie saoudite sunnite et ses alliés d'un côté, et l'Iran chiite de l'autre, mais cette simplification (qui sert pourtant de grille de lecture à Paris, Bruxelles ou Washington) ne permet pas d'appréhender la situation dans son ensemble.
Il y a néanmoins, d'un côté, un président reconnu par la "communauté internationale", Abdrabbo Mansour Hadi (aujourd'hui exilé hors de son pays, vraisemblablement aux Emirats arabes unis) et de l'autre la rébellion houtiste appartenant à une branche spécifiquement yéménite du chiisme, le Zaydisme. Cette rébellion est alliée à l'ancien président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, poussé vers la sortie en 2012 lors du "printemps yéménite".

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Le conflit, explique Laurent Bonnefoy, a pris une dimension régionale avec l'intervention notamment de l'Arabie saoudite et de ses alliés comme les Emirats arabes unis qui ont assimilé les Houthis à l'Iran, à l'image du soutien de Téhéran au Hezbollah libanais. Toutefois, estime le chercheur, "peu d'éléments viennent accréditer cette alliance".

Un bilan très lourd

Cette guerre a démarré début 2015. Le dernier bilan humain du conflit date de janvier 2017. Il est alors de plus de 10.000 morts. Aux bombardements saoudiens, il faut ajouter le choléra qui aurait tué entre 2 et 3000 personnes. 
Aujourd'hui, la famine menace. L'ONU s'est récemment alarmée des risques de drame humanitaire et le blocus imposé par Ryad fait craindre le pire : dans ce pays de 30 millions d'habitants, les Nations unies estiment que 7 millions de personnes pourraient être affectées. 

Faut-il s'attendre à un apaisement ? Rien ne va dans ce sens pour l'instant. Tout d'abord parce que, selon Laurent Bonnefoy, les pays occidentaux ont laissé l'Arabie saoudite gérer le dossier. A la clé, bombardements et mépris des considérations humanitaires. L'Europe et les Etats unis signant au passage de juteux contrats d'armement avec les Saoudiens.


► A voir : l'entretien avec Laurent Bonnefoy dans le 64' du lundi 20 novembre 2017.

► A lire : Le Yémen (Ed. Fayard), par Laurent Bonnefoy