La coalition qui intervient militairement au Yémen a annoncé son intention d'ouvrir trois corridors humanitaires entre le port de Hodeida et la capitale Sanaa. Alors que la situation humanitaire ne cesse d'empirer. Selon l'organisation britannique "Save the Children", plus de cinq millions d'enfants risquent de mourir de faim, si rien n'est fait.
Shouib Sakaf a enterré sa fille il y a quelques semaines. Elle s'appelait Zaïfa, elle avait trois ans : elle était née au tout début de la guerre civile. Avec sa famille, Zaïfa vivait ici, dans la province d'Hajjah, une zone isolée du nord du Yémen, controlée par la rébellion houtie. La petite fille est morte de complications rénales dues à une malnutrition sévère. Le centre médical local ne savait pas la soigner.
Ils ont voulu envoyer ma fille dans un autre hôpital mais je ne pouvais pas payer. Je leur ai demandé de payer pour le transport parce que moi je pouvais pas, je suis trop pauvre.
Shouib Sakaf, père de Zaïfa Sakaf
Dans la province, ils sont au moins vingt enfants à être morts des suites de malnutrition. Cette clinique reçoit une soixantaine de cas par mois mais ne sait que faire, car elle a rarement des médicaments en stock.
En général, les familles n'ont rien à leur donner à la maison. Lorsque l'on traite l'enfant jusqu'à sa guérison, il rentre chez lui, puis son état se détériore de nouveau et la maladie revient. Parfois, ils trouvent de la nourriture et parfois ils mangent des feuilles d'arbre. Quant aux agences d'aide, leur rôle est faible.
Saleh Al-Faqeh, chef de la clinique mobile du centre médical Al-Thalouth
Il est souvent difficile d'atteindre les populations, en particulier dans les zones les plus reculées et tenues par les rebelles. Durant les six premiers mois de l'année, l'ONU a porté assistance à plus de 8 millions de Yéménites. C'est presque trois fois plus qu'en 2017, et c'est encore insuffisant.
Nous sommes préoccupés par le ralentissement de la conjoncture économique qui affecte l'ensemble du Yémen et cela se reflète dans la forte dépréciation du riyal yéménite. Le prix des produits alimentaires de base a augmenté de 35% en un an.
Stephen Anderson, Directeur local du PAM
La coalition, emmenée par l'Arabie saoudite, qui combat la rébellion depuis 2014 a mis en place un embargo total sur le Yémen. Elle a annoncé ce lundi, son intention d'ouvrir trois corridors humanitaires entre le port d'Hodeida et la capital Sanaa.