Yémen : l'ONU négocie une nouvelle trêve entre les rebelles houthis et le gouvernement

Lundi 3 octobre, l'ONU annonce négocier une nouvelle trêve au Yémen. Le pays est dévasté par plus de sept ans de guerre. Une trêve en vigueur depuis six mois a expiré sans prolongation, alors que les rebelles Houthis menacent des pays pétroliers du Golfe, membres d'une coalition militaire progouvernementale.
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Des citoyens yéménites reviennent sur les lieux d'une explosion. Sanaa, 10 août 2022.
AP/Hanni Mohammed
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La trêve en vigueur depuis le 2 avril et renouvelée in extremis à deux reprises, a expiré le 2 octobre 2022. Ni le gouvernement yéménite ni les rebelles Houthis ne sont parvenus à un accord permettant de la reconduire. L'ONG Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council) a appelé dimanche les belligérants à "reconsidérer leur position".

Le conflit qui ravage le Yémen oppose les forces gouvernementales, appuyées depuis 2015 par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, aux rebelles Houthis, proches de l'Iran. Les insurgés contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du territoire dans le nord et l'ouest du pays.
 

L’ONU va continuer à travailler 

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a "regretté" le non renouvellement de la trêve, promettant des "efforts acharnés" pour la raviver. "Je continuerai à travailler avec les deux parties pour essayer de trouver des solutions", a assuré le diplomate suédois dans un communiqué publié dimanche soir, affirmant avoir soumis aux belligérants une proposition visant à prolonger la trêve pour une période de six mois supplémentaires comportant de "nouveaux éléments".
Il a remercié le gouvernement yéménite d'avoir réagi "positivement" à ses propositions. En revanche, les rebelles Houthis ont jugé qu'elles ne répondaient pas aux aspirations du peuple yéménite, menaçant de reprendre leurs attaques contre les principaux pays membres de la coalition. Le gouvernement yéménite, via un tweet de son ambassade aux États-Unis, a appelé dimanche le Conseil de sécurité de l'ONU à "la fermeté vis-à-vis des Houthis en raison de leur refus de prolonger la trêve et de leurs dernières menaces". 

Dans un communiqué relayé par Saba, l'agence de presse des Houthis, le porte-parole de leurs forces armées, Yahya Sari, a explicitement menacé de viser les "compagnies pétrolières aux Emirats et en Arabie saoudite", deux des plus importants exportateurs de brut au monde.

Des trêves aux effets concrets 

Le conflit dévastateur en cours depuis plusieurs années a plongé le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, dans l'une des pires tragédies humanitaires au monde. Les trêves de deux mois successives avaient cependant permis de relativement atténuer cette crise, selon les organisations humanitaires.

(Re) lire : Guerre au Yémen : une trêve de deux mois entre en vigueur avec le début du ramadan

La trêve a montré que "des solutions sont possibles lorsqu'elles (les parties) acceptent de s'y consacrer, au lieu de se battre", a déclaré dans un communiqué Erin Hutchinson, directrice de cette organisation pour le Yémen.Outre la cessation relative des violences, les trêves successives ont notamment permis le retour des vols limités depuis et vers l'aéroport de Sanaa, pour la première fois en six ans. Elles ont également ouvert la voie à l'acheminement plus fluide des marchandises, des carburants et de l'aide humanitaire dont dépendent deux tiers de la population d'environ 30 millions d'habitants.

Des centaines de milliers de morts depuis le début du conflit 


En 2019, des attaques aériennes revendiquées par les Houthis contre deux installations du géant pétrolier Aramco, dans l'est de l'Arabie saoudite, avaient temporairement interrompu la moitié de la production de brut dans le royaume. En mars, une autre attaque contre des installations d'Aramco avait encore provoqué une baisse temporaire de la production. 
yemen bombardements civils 26 mars 2022
Sanaa, Yémen. La police locale intervient sur les lieux d'un bombardement. 26 mars 2022.
AP/Hani Mohammed
Selon l'ONU, la guerre a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, une bonne partie de la population se trouvant dans une situation proche de la famine. Les pourparlers pour mettre définitivement un terme au conflit restent au point mort, alors que, en août, l'émissaire de l'ONU avait parlé de "consolider l'occasion offerte par la trêve pour s'orienter vers une paix durable".