La France accueille, mercredi 27 juin, une conférence internationale humanitaire sur le Yémen, alors que le pays est ravagé par la guerre que se livrent les forces gouvermentales soutenues par l'Arabie Saoudite, et les rebelles chiites soutenus par l'Iran.
Une conférence aux ambitions fortement réduites. Emmanuel Macron voulait faire de cette réunion un nouvel exemple de son activisme diplomatique, de par son important volet politique. Une prise de parole du président français était aussi prévue. Mais la réunion se tiendra finalement au niveau des experts, sans ONG, et n'aura pas de portée décisionnelle.
Fruit d'une initiative franco-saoudienne, son principe avait été décidé lors de la visite du prince héritier Mohammed ben Salmane à Paris en avril.
Si elle n'a pas été purement et simplement annulée, la conférence a disparu de l'agenda du chef de l'Etat et du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et ne sera pas ouverte aux médias.
En raison de la "menace humanitaire", Paris a souhaité toutefois la maintenir au niveau des experts, souligne-t-on de même source.
Elle devrait réunir des représentants d'Etats de la région (Arabie, EUA, Koweït, Bahreïn, Egypte...), de pays donateurs (Allemagne, Suède, Pays-Bas, Suisse..), d'institutions internationales (FMI, Banque mondiale...) et d'agences onusiennes (HCR, Unicef, PNUD, OMS...).
La France voudrait obtenir des Saoudiens et Emiratis un allègement des inspections draconiennes à l'entrée du port de Hodeida ainsi qu'un accroissement du trafic aérien au départ de Sanaa afin de desserrer l'étau qui paralyse l'aide humanitaire.
Les ONG et les Houthis, grands absents de cette réunion
A la veille de la conférence, 15 organisations humanitaires internationales (CARE, Save the Children, Norwegian refugee Council, Human Rights Watch...) ont demandé à la France de faire pression sur ses alliés, Arabie et Emirats, pour "limiter au maximum l'impact sur les civils" de l'opération à Hodeida.
Les ONG ont émis des doutes de leur côté sur la "crédibilité" d'un rendez-vous sans les Houthis, co-organisé de surcroît par un des bélligérants, l'Arabie saoudite, qu'elles soupçonnent de violations "massives" du droit humanitaire au Yémen.
"Ryad ne souhaitait pas que cette conférence ait un caractère politique donc nous n'avons pas prévu que les Houthis soient partie prenante", explique-t-on à Paris.
Autre reproche des ONG envers la France : la livraison d'armes par la France à Ryad et Abou Dhabi. Il est
"plus que vraisemblable" que ce matériel soit utilisé au Yémen, a relevé Helène Legeay, responsable de l'ONG chrétienne ACAT.
"La pire crise humanitaire du monde"
Le Yémen, où une coalition arabe dirigée par les Saoudiens intervient depuis mars 2015 au côté des forces gouvernementales face aux rebelles houthis pro-iraniens, connaît "la pire crise humanitaire du monde", avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l'ONU.
L'offensive lancée le 13 juin par les forces gouvernementales à Hodeida, ville portuaire de 600 000 habitants contrôlée par les Houthis et principal point d'entrée de l'aide humanitaire au Yémen, est venue bousculer l'agenda de Paris.
> Revoir notre sujet sur les bombardements sur Hodeida qui font de nombreuses victimes parmi les civils :