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Direct DIRECT-Ukraine : l'ONU déclare que l'ampleur de la catastrophe du barrage ne se réalisera pleinement que dans les prochains jours

Les évacuations massives continuent ce mercredi 7 juin dans le sud de l'Ukraine, après la destruction partielle du barrage de Kakhovka. Les conséquences écologiques risquent d'être considérables. Le président turc Erdogan suggère une commission d'enquête internationale. Moscou et Kiev continuent de s’accuser mutuellement. 

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Kherson inondée

Vue aérienne de Kherson après la rupture du barrage, 7 juin 2023.

© AP photo/Libkos
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19h35

Zelensky se dit "choqué" par l'absence d'aide internationale (interview)

"L'ONU, les Nations Unies et les représentants de la Croix-Rouge ne sont pas là. Toutes ces heures, ils ne sont toujours pas là", a déclaré M. Zelensky dans une interview diffusée par les médias allemands Welt TV et Bild. Il s'est dit "choqué" car "ce sont les forces qui doivent être là pour sauver la vie des gens".
Des milliers de civils doivent être évacués. Le président ukrainien a dit craindre "des dégâts environnementaux massifs".

Dans l'interview accordée aux médias allemands, Volodmyr Zelensky a accusé les forces russes de prendre pour cible les sauveteurs tentant d'apporter de l'aide. "Dès que nos forces tentent de sortir quelqu'un de là, les occupants leur tirent dessus à distance". "Depuis les toits des maisons inondées, les gens regardent passer les noyés", a-t-il encore décrit.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a annoncé une réunion de coordination des secours demain, avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba. Selon Kuleba, Stoltenberg a promis "d'activer les mécanismes de l'Otan afin d'apporter une aide humanitaire".

Volodomyr Zelensky a déclaré dans l'interview qu'il avait communiqué aux partenaires internationaux de l'Ukraine, il y a un an, des informations montrant qu'il y avait un risque que le barrage soit pris pour cible. "Nous avons communiqué ces informations à nos partenaires et tous nous ont dit que le risque d'explosion du barrage était très élevé", a-t-il ajouté.
 

18h50

Macron annonce l'envoi d'une "aide" face aux "besoins immédiats" de l'Ukraine

Emmanuel Macron a annoncé l'envoi, "dans les toutes prochaines heures", d'une "aide pour répondre aux besoins immédiats" de l'Ukraine face à la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka dans le sud du pays.

"La France condamne cet acte odieux qui met en danger les populations", a déclaré le président français sur Twitter après un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

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"J'ai pu dire au président Zelensky ma solidarité envers son peuple après l'attaque du barrage de Kakhovka", a-t-il ajouté.

Selon l'Élysée, le Centre de crise du ministère français des Affaires étrangères va faire partir rapidement un premier convoi d'une dizaine de tonnes de produits demandés par les Ukrainiens, en matière de santé, d'hygiène et d'assainissement d'eau, dont une citerne portative.

Sur Twitter, le chef de l'État ukrainien avait auparavant affirmé avoir évoqué les "conséquences environnementales et humanitaires de l'acte terroriste russe" et souligné "les besoins urgents de l'Ukraine pour faire face à la catastrophe" dans la région de Kherson.

Lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, Emmanuel Macron lui "a également exprimé le souhait qu'une aide humanitaire soit apportée aux populations ukrainiennes touchées par les inondations résidant dans les territoires contrôlés par l'armée russe", a fait savoir la présidence française.

Dans un entretien au Welt, à Politico et Bild (trois médias de la presse écrite allemande), Volodomyr Zelensky s'est dit "choqué" du manque de réactivité de la Croix Rouge internationale et des Nations unies pour lui apporter de l'aide dans les inondations. Alors que la catastrophe est arrivée il y a 12 heures, "ils ne sont toujours pas là".
 

18h09

Barrage de Kakhovka : le Royaume-Uni se montre prudent

Le Royaume-Uni s'est montré prudent sur la destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine, déclarant par la voix de son ministre des Affaires étrangères attendre "tous les éléments (d'information) disponibles" après avoir dénoncé la veille un "crime de guerre".
"Nous ne nous exprimerons pas tant que nous ne disposerons pas de tous les éléments (d'information) disponibles. Nous allons donc pécher par excès de prudence sur cette histoire", a déclaré James Cleverly dans un entretien avec l'AFP en marge d'une réunion à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris.

Hier, ce ministre avait parlé d'"acte odieux" relevant du "crime de guerre" à propos de la destruction le même jour de ce barrage sur le Dniepr, dans une zone sous contrôle russe, qui fait craindre une catastrophe humanitaire et écologique.
Les deux camps s'en rejettent la responsabilité.

Sur des images satellites partagées par Maxar Technologies, on pouvait très clairement voir l'ampleur de l'inondation de zones situées sur les rives du fleuve dont la population civile continuait d'être évacuée par les autorités ukrainiennes et les forces d'occupation russes.

Images satellites des inondations

Images satellites des inondations causées par la rupture du barrage de Kakhovska.

© Maxar technologies via AP

 

17h59

Près de 5.900 personnes évacuées

Près de 5.900 personnes ont été évacuées des zones inondées à la suite de la destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine, ont affirmé les autorités ukrainiennes et celles d'occupation russe, qui contrôlent chacune une rive du Dniepr.

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La destruction de ce barrage hydroélectrique, dont Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité, a inondé des villes et villages situés sur les deux rives du fleuve, dont des quartiers de la capitale régionale, Kherson.

"L'évacuation de la population se poursuit dans la région de Kherson. Nos sauveteurs, policiers et bénévoles ont déjà évacué 1.894 citoyens", a indiqué à la télévision le ministre ukrainien de l'Intérieur, Igor Klymenko. Selon lui, 30 localités sont inondées, dont 10 dans la zone sous contrôle des forces russes.

Les autorités installées par Moscou ont de leur côté annoncé avoir évacué "plus de 4.000 personnes" à ce stade. "L'hébergement des habitants de la région de Kherson touchés par les inondations s'effectue, entre autres, dans des centres temporaires. Plus de 4 000 personnes ont été évacuées jusqu'à présent", a indiqué sur Telegram Vladimir Saldo, le chef de l'occupation russe dans la région.

Les journalistes de l'AFP ont vu dans les quartiers de Kherson des habitants évacués avec leurs animaux de compagnie et quelques affaires à bord de bateaux et de véhicules amphibies.

Un habitant sauvant un chien des inondations dans la région de Kherson, 7 juin 2023.

Un habitant sauvant un chien des inondations dans la région de Kherson, 7 juin 2023.

© AP Photo/Libkos

Du côté des zones contrôlées par la Russie, la principale ville touchée est celle de Nova Kakhovka à proximité du barrage, où l'eau commencera à être pompée à partir de jeudi, selon le maire pro-Moscou Vladimir Léontiev.

17h01

Zelensky a évoqué avec Macron les "besoins urgents" de l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine et les "besoins urgents" de Kiev pour y faire face.

"Nous avons parlé de la situation actuelle dans la région de Kherson, des conséquences environnementales et humanitaires de l'acte terroriste russe et nous avons souligné les besoins urgents de l'Ukraine pour faire face à la catastrophe", a expliqué Volodomyr Zelensky sur Twitter.

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Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité de la destruction de ce barrage situé sur le fleuve Dniepr, à la limite entre les positions des deux camps.
Des villes et villages situés tant sur la rive sous contrôle ukrainien que celle sous occupation russe ont été inondés.

Volodomyr Zelensky a indiqué avoir aussi convenu avec Emmanuel Macron de "poursuivre la coopération en matière de défense", notamment pour la défense antiaérienne des villes ukrainiennes. "Nous espérons que la formation des pilotes ukrainiens commencera le plus tôt possible", a-t-il ajouté, alors que la France a promis un entraînement "de base" sans préjuger du type d'appareils qui pourraient être livrés et utilisés par Kiev.

Le président ukrainien a aussi remercié son homologue français pour son "soutien" au Conseil de sécurité de l'ONU et discuté "des formats de garanties de sécurité pour l'Ukraine" en amont du sommet de l'Otan de Vilnius prévu en juillet.

15h35
Barrage de Khakovka

Londres dans l'attente de "tous les éléments disponibles"

Le gouvernement britannique est dans l'attente de "tous les éléments (d'information) disponibles" sur la destruction du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, avant de s'exprimer sur le sujet, a déclaré aujourd'hui à l'AFP le chef de la diplomatie britannique James Cleverly.

Le ministre des Affaires étrangères britannique James Cleverly enfilant un masque de protection lors d'une opération de déminage

Le ministre des Affaires étrangères britannique James Cleverly enfilant un masque de protection lors d'une opération de déminage dans le village de Hrebelky en Ukraine, avec l'ONG britannique Halo Trust, ce 6 juin 2023. 

© Valentyn Ogirenko/Pool photo via AP

"Nous ne nous exprimerons pas tant que nous ne disposerons pas de tous les éléments (d'information) disponibles. Nous allons donc pécher par excès de prudence sur cette histoire", a ajouté le ministre, dans un entretien avec l'AFP en marge d'une réunion à l'OCDE à Paris.

Le 6 juin, James Cleverly avait parlé d'"acte odieux" relevant du "crime de guerre" à propos de la destruction le même jour de ce barrage sur le Dniepr, dans une zone sous contrôle russe, qui fait craindre une catastrophe humanitaire et écologique.

Les deux camps s'en rejettent la responsabilité.

Aujourd'hui à Paris, James Cleverly a également fait savoir que Londres ne se laisserait pas intimider par les "rodomontades" de la Russie concernant les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine. "Nous avons décidé en conscience que la rhétorique d'escalade ou les rodomontades de Vladimir Poutine ou du Kremlin ne nous dissuaderont pas de faire ce qui est juste", a-t-il dit à l'AFP."À mesure que les Ukrainiens s'approchent du succès et (sont) plus près de la victoire, il faut s'attendre à encore plus de bruits stridents et, plus régulièrement, venant du Kremlin".

15h11

Les mines plus dangereuses que jamais

Le Comité international de la Croix-Rouge met en garde contre les effets catastrophiques de la dispersion des mines après la destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine, qui met en danger les populations et les secours.

"C'est catastrophique. Auparavant, nous savions où se trouvaient les dangers. Aujourd'hui, nous ne le savons plus", déplore le responsable de l'unité Contamination par les armes du CICR, Erik Tollefsen, à l'occasion de la présentation près de Genève d'un nouveau drone utilisant l'intelligence artificielle pour repérer les mines et autres objets explosifs à partir de la chaleur qu'ils dégagent.

Ce drone - qui peut couvrir en une journée la même surface que le ferait un chien spécialiste du déminage en six mois - n'a pour l'instant été testé que pendant des expériences en Jordanie mais le CICR espère l'utiliser pour la première fois cette année dans les environs d'Alep en Syrie.

En attendant que ce petit appareil puisse peut-être un jour survoler l'Ukraine, où la Russie a déclenché l'an dernier une opération militaire massive, le CICR apporte déjà depuis des mois son aide aux équipes de secours chargées du déminage, en soutenant les opérations de cartographie et de marquage et en fournissant du matériel et des formations.

Démineur en action dans la région de Kharkiv

Un démineur des services d'urgence ramasse des débris de grenades et autres engins epxlosifs sur un site de déminage près du village de Kamenka, dans la région de Kharkiv, avril 2023. 

© AP Photo/Andrii Marienko

Mais "aujourd'hui, tout cela a été emporté par les eaux", s'est désolé Erik Tollefsen, car non seulement les panneaux de marquage ont disparu mais, et "c'est tout aussi grave, l'eau - qui est incompressible - va emporter ces mines" antipersonnel et antivéhicules, telles que les TM-57, vers des lieux inconnus.
"Tout ce que nous savons, c'est qu'elles se trouvent quelque part en aval. C'est une préoccupation majeure car cela va affecter les populations mais aussi tous ceux qui leur viennent en aide", comme les ambulances, a expliqué ce spécialiste norvégien.

L'ONU avait déjà mis en garde le 6 juin contre les risques liés aux mines, très nombreuses dans cette région disputée, et le CICR est d'autant plus inquiet que l'eau n'altère pas le mécanisme de mise à feu de ces armes explosives, même pendant des décennies.

D'après Erik Tollefsen, "de nombreux champs de mines défensifs avaient été mis en place par les parties au conflit" dans la région de Kherson, une ville reconquise par les Ukrainiens en novembre dernier et située en aval du barrage.
 

15h02
ARMES

Des obus pour l'Ukraine façonnés dans la campagne allemande

Le groupe d'armement Rheinmetall fait tourner à plein régime le plus important complexe industriel de défense du pays pour couvrir les besoins en blindés et munitions à destination du front ukrainien et reconstituer les stocks des Etats membres de l'Otan.

"Nous mettons les bouchées doubles dans la production de munitions pour les chars", explique Harald Weismüller, directeur au sein de l'usine d'Unterlüss, au nord de Hanovre, dans un bruit de machines qui affichent pour la plupart des décennies de service.

Rheinmetall est le plus gros fabriquant européen de munitions pour chars et pièces d'artillerie, devant le norvégien Nammo ou le Français Nexter.
Produit phare du site d'Unterlüss: les obus de 120 mm destinés au blindé Leopard 2, ce char de combat allemand que Berlin a accepté cette année de livrer à Kiev après des mois d'hésitations.

De 60.000 pièces produites par an avant la guerre russe contre l'Ukraine, la cadence est montée à 240.000. Rheinmettal en produit "400 à 500 unités par tournée de huit heures", en pouvant "encore augmenter la cadence", assure Harald Weismüller.

Une position qui va être renforcée avec le récent rachat par le groupe allemand du fabricant espagnol Expal, leader dans les obus de 120 mm.

La Commission européenne a présenté début mai un plan doté de 500 millions d'euros pour accélérer le rythme et atteindre un volume d'un million d'obus par an produits dans l'UE.

Dans ce cadre, le commissaire européen à l'Industrie Thierry Breton s'est rendu il y a quelques semaines dans les halles de production d'Unterlüss, où l'on fabrique des armes depuis 1899.

De nouvelles machines y ont été installées, par exemple pour améliorer le fraisage de canons lourds de plusieurs tonnes, de même que de nouvelles lignes de production.

La production de ces obus était jusqu'alors uniquement localisée en Suisse, mais la Confédération refusant leur exportation vers les zones de conflit, dont l'Ukraine, la fabrication supplémentaire en Allemagne va permettre à l'entreprise de sortir de l'impasse.

Quant aux obus de 155 mm destinés aux blindés "Haubitze", avec leur long canon capable d'atteindre une cible à 25 kilomètres, la capacité de production est passée de 40.000 à 140.000 unités par an.

Dans plusieurs halles, d'anciens blindés de l'armée allemande, avec leurs marques de rouille, sont entièrement désossés pour être remis en état en vue d'une nouvelle vie sur le champ d'opérations, notamment en Ukraine.

De quoi occuper sans relâche les 2.400 employés du site, où les essais du canon Leopard 2 résonnent en sourdine, provenant du pas de tir adjacent, le plus grand d'Europe avec une longueur de 15 kilomètres.

14h00
Catastrophe écologique et humaine

Barrage de Kakhovka: des conséquences environnementales et humaines "sans précédent", selon des ONG

Destructions d'écosystèmes, inondations, pollution, menaces énergétiques : la destruction du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, pourrait avoir des conséquences environnementales et humaines "sans précédent", estiment mercredi plusieurs experts et associations de défense de l'environnement.

  • Écocide

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui accuse la Russie d'être "coupable d'un écocide brutal", il "s'agit de la plus grande catastrophe environnementale causée par l'homme en Europe depuis des décennies".
Ce terme d'écocide a récemment été défini par le Parlement européen comme toute "infraction pénale environnementale causant des dommages graves et étendus ou durables ou irréversibles à la qualité de l'air, du sol ou de l'eau, ou à la biodiversité, aux services et fonctions des écosystèmes, aux animaux ou aux plantes"

  • Faune et flore en danger

Première conséquence, liée au déversement des 18 milliards de tonnes d'eau que retenait le barrage: le Dniepr, quatrième fleuve le plus long d'Europe, subira une grave perturbation de ses écosystèmes jusqu'aux zones côtières de la mer Noire, qui pourrait subir une dessalinisation temporaire sur certaines zones, estime l'ONG ukrainienne Ecoaction.

Enfants relâchant des poissons dans le Dniepr

Enfants relâchant des poissons dans le Dniepr, à Kiev en octobre 2016. 4 tonnes de jeunes poissons vivants ont été relachés dans le fleuve dans un effort de renouveller sa population qui déclinait sévèrement à cause des barrages et de la pollution. 

© AP Photo/Efrem Lukatsky


Selon elle, une "mortalité massive potentielle d'organismes aquatiques (poissons, mollusques, crustacés, micro-organismes, végétation aquatique)" mais aussi de rongeurs, dont certains sont endémiques ou déjà menacés, est attendue, "entraînant une détérioration de la qualité de l'eau due à la décomposition des organismes morts".
L'Ukrainian Nature Conservation Group (UNCG) estime que les conséquences pour la faune "se manifesteront sur une superficie d'au moins 5000 km² (zone inondable et zone de drainage)" et "certaines espèces ont peut-être subi un coup plus important en une journée le 6 juin qu'au cours des 100 dernières années".

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Rien que pour les poissons, il faudra "au moins 7 à 10 ans pour restaurer" les pertes, et les oiseaux nicheurs autour du barrage (goélands, sternes ...) vont disparaître de ce territoire. "Tous les organismes vivants habitant le réservoir de Kakhovka sont déjà morts ou mourront dans les prochains jours", estime l'association.

Les animaux domestiques ou en captivité sont également en danger, souligne le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), qui fait déjà état d'une "situation désastreuse".

"Les refuges sont déjà débordés par les demandes de sauvetage. À Nova Kakhovka (...) un petit zoo a été totalement inondé - tous les animaux, à l'exception des cygnes, sont morts", explique Natalia Gozak, une responsable d'IFAW en Ukraine.

La végétation ne sera pas épargnée non plus, notamment celle en amont du barrage qui "mourra à cause du drainage, tandis que les zones situées en aval seront inondées, y compris les complexes steppiques et forestiers qui ne sont pas adaptés à la submersion, ce qui entraînera leur engorgement et leur destruction", prévoit Ecoaction.

Plusieurs parcs naturels nationaux ukrainiens, dont la réserve de biosphère de la mer Noire classée à l'Unesco, sont directement menacés.

  • Pollution

Une pollution massive résultant du déversement des ordures, produits agrochimiques et autres matières dangereuses, ainsi que de l'inondation et de la désactivation des systèmes de traitement des eaux usées et des systèmes d'égouts, est également à prévoir.

Selon des responsables ukrainiens, 150 tonnes d'huile de moteur se seraient déversées le 6 juin dans le Dniepr, "avec le risque que 300 tonnes supplémentaires s'infiltrent", représentant "une menace pour la faune et la flore".
Cette pollution devrait également atteindre la Mer Noire ce qui peut affecter divers groupes d'organismes vivants, du plancton aux cétacés.

  • Inondations et pénuries d'eau

"Plus de 40.000 personnes risquent d'être en zones inondées", a averti dès hier le procureur général ukrainien Andriï Kostine, en annonçant des évacuations massives.

Evacuations de personnes inondées près de Kherson

Evacuations de personnes inondées près de Kherson, 7 juin 2023.

© AP Photos/Libkos

Le barrage de Kakhovka était aussi utilisé pour fournir de l'eau potable et l'irrigation pour la partie méridionale de l'Ukraine, déjà l'une des plus sèches du pays. Sa destruction constitue donc un risque majeur pour l'alimentation en eau de millions de personnes.

Cette pénurie d'eau pourra entraîner une désertification de certaines zones, estime IFAW. "La biomasse pourrissante de la flore et de la faune aquatiques se transformera en terres arides, voire désertiques, dans les prochains mois", anticipe Mme Gozak, avec pour conséquence un changement dans les microclimats et les températures, ce qui pourrait provoquer "une vague de nouveaux migrants climatiques et hydriques dans d'autres régions d'Ukraine et d'Europe".

  • Menaces alimentaires et énergétiques

La centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l'armée russe, est une nouvelle fois fragilisée après la destruction du barrage, dont l'eau est utilisée pour refroidir le combustible et éviter un accident nucléaire.
"Le refroidissement de la centrale est actuellement assuré par de l'eau pompée dans des bassins situés sur le site, conçus à cet effet. Il n'y a pas de risque à court terme pour la centrale", rassure toutefois l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français ce mercredi.

Homme des services d'urgence portant une combinaison anti-radiations à Zaporijjia

Homme des services d'urgence portant une combinaison anti-radiations à Zaporijjia ce 7 juin 2023.

© AP Photo/Andriy Andriyenko


Les craintes sont plutôt d'ordre économique : "l'absence de refroidissement pour les six réacteurs signifie que la centrale ne sera pas opérationnelle dans un futur prévisible, ce qui entraîne une perte d'environ 13% de la capacité de génération électrique ukrainienne", souligne Malte Janssen, de l'University of Sussex Business School.

Les dommages concerneront aussi vraisemblablement l'agriculture et l'élevage, laissant craindre un désastre humanitaire. L'Ukraine est l'un des principaux pourvoyeurs mondiaux de céréales.
 

13h40

La Russie accuse l'Ukraine d'avoir fait exploser un pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa

La Russie accuse l'Ukraine d'avoir fait exploser le pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa, le plus long du monde, en dénonçant un "acte terroriste" qui a fait plusieurs blessés parmi des civils.

"Un groupe de sabotage ukrainien a fait exploser le pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa", d'environ 2400 km de long, qui relie une ville russe sur les rives de la Volga au port ukrainien de la mer Noire, a affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Cet "acte terroriste" a eu lieu lundi soir, selon la même source.

"Plusieurs civils ont été blessés. On leur a apporté toute l'assistance médicale nécessaire", précise le communiqué.

Le pipeline, qui relie la ville russe de Togliatti, sur les rives de la Volga, à Odessa, le port ukrainien le plus important de la mer Noire, permettait à la Russie d'exporter annuellement plus de 2,5 millions de tonnes d'ammoniac - composant clé des engrais minéraux - notamment à destination de l'Union européenne.

L'usine chimique de Togliatti en Russie

Dans cette photo prise en septembre 2016 la fumée s'élève au-dessus de l'usine chimique de Togliatti en Russie. (La ville - nommée en l'honneur du secrétaire général du parti communiste italien Plamiro Togliatti - était un centre industriel important. Pendant longtemps, la ville de 700 000 habitants abritait l'usine de voitures Lada.)

© AP Photo/Mstyslav Chernov

Il a été mis en service pour exporter les produits de l'entreprise chimique de Togliatti, le plus grand producteur russe d'ammoniac et l'un des plus importants dans le monde.

Le transit via ce pipeline, construit à la fin des années 1970, a été suspendu avec le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022.
La reprise de son fonctionnement, réclamée par Moscou, fait partie des négociations, avec la participation de l'ONU, sur l'accord céréalier qui a permis l'exportation de millions de tonnes de céréales ukrainiennes.

"Ce pipeline d'ammoniac était crucial pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde", a déclaré aujourd'hui la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors d'un briefing.
 

13h17

Zelensky échange avec Erdogan

Le président Volodymyr Zelensky iindique sur twitter avoir échangé avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan sur "les conséquences humanitaires et environnementales" des inondations provoquées dans le sud de l'Ukraine par la destruction du barrage de Kakhovka.

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"Nous avons parlé des conséquences humanitaires et environnementales de l'acte terroriste russe à la centrale hydroélectrique de Kakhovka, y compris les risques pour la centrale nucléaire de Zaporijjia", a déclaré Volodomyr Zelensky sur Twitter, disant "avoir remis" à son homologue turc, lors d'un entretien téléphonique, "une liste des besoins urgents pour faire face à la catastrophe".
 

11h40
RÉACTIONS INTERNATIONALES

Erdogan suggère une commission d'enquête internationale

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a suggéré la création d'une commission d'enquête internationale sur la destruction du barrage de Kakhovka.

Au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, "le président Erdogan a déclaré qu'une commission pourrait être créée avec la participation d'experts issus des parties belligérantes, des Nations unies et de la communauté internationale, Turquie comprise", a déclaré la présidence turque dans un communiqué.

12h35

Commission sur "l'influence russe" : Bruxelles lance une procédure d'infraction contre Varsovie

La Commission européenne a annoncé avoir lancé une procédure d'infraction contre la Pologne, pouvant mener à une saisine de la justice européenne, à propos de la mise en place d'une commission d'enquête controversée sur "l'influence russe", soupçonnée de viser l'opposition.

"Le collège (des commissaires) a décidé de lancer une procédure d'infraction en envoyant une lettre de mise en demeure" aux autorités polonaises, a annoncé le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis. Bruxelles a décidé de sévir malgré l'annonce, vendredi, par le président polonais Andrzej Duda d'un amendement modifiant partiellement la loi instaurant cette commission spéciale.

11h30

La Russie a provoqué un "écocide"

La Russie a provoqué "l'une des pires catastrophes environnementales ces dernières décennies", selon le Premier Ministre ukrainien,Denys Chmygal.

"Des dizaines de villes et de villages vont se retrouver aux prises avec les problèmes de l'eau potable, de l'accès aux provisions d'eau pour l'irrigation", a souligné le dirigeant ukrainien dans un discours donné en ligne au cours d'un événement à l'OCDE, qualifiant cet acte que Kiev impute à la Russie de "crime contre l'humanité" et d'"écocide".

10h55
Bilan

Plus de 2700 personnes évacuées des zones inondées

Plus de 2700 personnes ont été évacuées des zones inondées, selon les autorités ukrainiennes et celles d'occupation russe, qui contrôlent chacune une rive du Dniepr dans cette région.

"Plus de 1450 personnes ont été évacuées", a indiqué à la télévision ukrainienne un porte-parole des services d'urgence, Oleksandre Khorounejiï. Les autorités installées par Moscou, citées par les agences russes, ont annoncé avoir évacué "1274 personnes" à ce stade.

Qui anime ce direct ?

avec agences
Les faits

L'Ukraine et les forces d'occupation russes continuent l'évacuation des civils des zones inondées après la destruction le 6 juin dans une zone sous contrôle russe du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr, dans le sud de l'Ukraine.

Volodomyr Zelenky s'est entretenu avec le président de la Turquie Recep Erdgan sur les "conséquences humanitares et environnementales" des inondations. Erdogan suggère une commission d'enquête internationale. Volodomyr Zelensky a évoqué avec le président Macron les "besoins urgents" de Kiev pour faire face à la catastrophe.

Vladimir Poutine a dénoncé un "acte barbare" de l'Ukraine.
La Russie accuse l'Ukraine d'avoir fait exploser dans un "acte terroriste" un pipeline reliant la ville russe de Togliatti au port ukrainien d'Odessa, essentiel pour l'exportation d'ammoniac et les engrais, désactivé depuis février 2022 mais dont Moscou espérait la remise en route.

Le chef de l'aide humanitaire de l'ONU Martin Griffiths a dit au conseil de sécurité "que l'ampleur de la catastrophe ne se réalisera pleinement que dans les prochains jours." A ce même conseil de sécurité, Ukraine et Russie s'accusent mutuellement de la destruction du barrage.