Un an après le début des campagnes de vaccination, il n’existe pas encore de traitements miracle contre le Covid-19. Les laboratoires Merck et Pfizer sont en train de produire deux médicaments dont l'efficacité n'est pas encore entièrement prouvée. État des lieux.
Deux nouveaux traitements sont en cours d’élaboration qui pourraient avoir un impact sur la pandémie, un an après le début des premières campagnes de vaccination.
Il s’agit du molnupiravir du laboratoire Merck/MSD (commercialisé sous le nom de
Lagevrio) et du
Paxlovid de Pfizer. Ces deux antiviraux diminuent la capacité du virus à se répliquer et freinent ainsi la maladie. Ils réduisent les risques d’hospitalisation et de décès chez les patients si pris à un stade très précoce de l’infection.
Ces deux antiviraux fonctionnent un peu sur le même principe que les traitements mis en place contre le VIH au début des années 1990. Ils empêchent le virus de se reproduire dans l’organisme.
Le Lagevrio de Merck
Le Lagevrio a été approuvé dans l'Union européenne pour une utilisation en urgence, avant son autorisation formelle de mise sur le marché. La FDA, l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, devrait autoriser sa mise sur le marché d’ici la fin de l’année.
Selon des résultats complets, il réduirait de 30% le taux d'hospitalisation et de décès chez les patients à risque l'ayant pris peu après l'infection.
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Mais est-il sûr ? En théorie, son mode d'action pourrait favoriser l'apparition de variants du virus ou entraîner des effets cancérigènes. Ces risques ont toutefois été jugés faibles par les experts américains.
Le Paxlovid de Pfeizer
Les autorités sanitaires européennes et américaines examinent également les données du Paxlovid (basé en partie sur le ritonavir, un médicament anti-VIH). Ce dernier pourrait se révéler plus efficace selon Pfizer.
Le mécanisme d'action de ces deux médicaments les rend peu sensibles aux variants et les spécialistes s'attendent à ce qu'ils restent efficaces même si Omicron finissait par s'imposer selon l’AFP.
(RE)lire : Pfizer affirme que sa pilule anti-Covid est efficace à 89% contre les hospitalisations et décèsSelon la revue scientifique britannique
Nature, les deux médicaments seraient plus efficaces que le
Remdesivir du laboratoire Gilead injecté par intraveineuse aux malades dans les hôpitaux dès son approbation en octobre 2020.
Les États-Unis ont déjà commandé 3,1 millions de traitements à Merck et 10 millions à Pfizer.
Le traitement par plasma abandonné
Une autre piste explorée au tout début de la pandémie était celle du traitement par plasma. L'idée est de prélever la partie liquide du sang d'un patient guéri pour l'administrer à des malades, afin de lui transmettre les anticorps pour combattre le virus après une infection.
Mais cette solution thérapeutique n'a pas donné de résultats probants, selon les experts de l'OMS, qui se basent sur une quinzaine d'essais cliniques.
"Il n'y a pas eu de bénéfice évident en matière de (...) mortalité ou de mise sous respiration artificielle", résument-ils, soulignant en revanche que ces traitements sont lourds et complexes à administrer.
(RE)lire : Face au coronavirus, le Sénégal évite le confinement et opte pour la chloroquineLes experts n'enterrent toutefois pas totalement cette piste, estimant qu'il y a encore des incertitudes quant à son inefficacité contre les formes graves. Ils ne s'opposent donc pas à la poursuite d'essais cliniques.
L’anticorps monoclonal sotromivab de GlaxoSmithKline
Le laboratoire GlaxoSmithKline a développé un traitement par anticorps monoclonal qui a été autorisé par l’agence du médicament britannique (MHRA) le 2 décembre.
Développé en partenariat avec le laboratoire californien Vir Biotechnology, le
sotrovimab s'est montré
"sûr et efficace pour réduire les risques d'hospitalisation et de décès chez les personnes présentant une infection légère à modérée au Covid-19 ainsi qu'un risque accru de développer une forme grave de la maladie", annonce la MHRA.
Selon le communique de Glaxo, son traitement expérimental resterait actif
"contre les mutations clés du nouveau variant Omicron".
Le traitement s’injecte par intraveineuse et permet, toujours selon l’agence du médicament britannique, de réduire le risque d'hospitalisation et de décès de 79% chez les adultes à haut risque présentant des symptômes.
Plusieurs pays ont déjà accordé des autorisations provisoires pour le traitement de GSK. Il bénéficie notamment d'une autorisation d'utilisation d'urgence aux États-Unis, ou encore d'autorisations spéciales en Australie, en Arabie Saoudite et au Japon. Une autorisation de mise sur le marché a également été déposée auprès de l'Agence européenne des médicaments.
Efficacité sur le stade précoce du Covid
Tous ces traitements pour être efficaces doivent être administrés dans les cinq jours de l'apparition des symptômes. Il faut donc déterminer très rapidement si le patient est infecté ou pas par le Covid, ce qui n’est possible que si l’on est en mesure de se faire tester.
L’accès aux tests à un prix abordable est donc capital comme l’explique le journal scientifique britannique
Nature "une intervention rapide – dans les 3 à 7 jours – dépend d’un accès rapide à des tests. La disponibilité de dépistage du Covid-19 est un levier important pour les prochains anti-viraux".
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Même dans le cas où la détection est rapide, il faut ensuite
"que les personnes soient en mesure de voir rapidement un médecin qui puisse leur prescrire un traitement", expliquait le vulgarisateur scientifique Carl Zimmer au quotidien américain
The New York Times.
"Quand vous avez un système de santé aussi déficient que le nôtre, il peut être très difficile de bénéficier d’avancées médicales", estimait Carl Zimmer.
Des coups exorbitants
Ces médicaments de haute technologie sont très chers. Selon une estimation de l'ONG MSF, citée par l'AFP, un traitement de quelques jours au Lagevrio ou au Paxlovid dans les pays développés coûtera autour de 700 dollars (environ 600 euros).
Recommandé par l'OMS pour les patients âgés ou au système immunitaire déficient, le
Ronapreve (développé par Regeneron avec le laboratoire Roche) est estimé à 2.000 dollars la dose par les ONG. Ce traitement a été approuvé par l’autorité du médicament britannique en août 2021.
La clé reste donc le financement de la recherche comme le répète au journal scientifique britannique
Nature Sir Peter Horby, directeur du centre d’études sur la pandémie d’Oxford et qui dirige le programme
RECOVERY.
"La clé du succès antiviral sera de continuer les financements. Les épidémies de SARS en 2002-2004 ont attiré l’attention du public pendant un an ou deux et puis l’intérêt s’est vite émoussé. Il faut espérer que cela ne se reproduise plus jamais."