Une femme élue à la tête de l'Académie de médecine

Pour la première fois en deux cents ans d'existence, l'Académie nationale de médecine sera dirigée par une femme en 2024. Le docteur Catherine Barthélémy, 77 ans, pédopsychiatre originaire de Tours s'est battue toute sa vie pour comprendre l'autisme. 

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Cathérine Barthélémy, prononce le discours de son investiture de présidente de l'Académie de médeicine à Paris, le 9 janvier 2024.

Cathérine Barthélémy, prononce le discours de son investiture de présidente de l'Académie nationale de médecine à Paris, le 9 janvier 2024. (capture d'écran vidéo)

© Académie nationale de médecine
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Ce médecin psychiatre est une spécialiste des troubles de l'autisme. Un trouble qu'elle découvre alors qu'elle est jeune étudiante en médecine et qu'elle rencontre le professeur Gilbert Lelord, chef du service psychiatrie des femmes à l'hôpital Bretonneau de Tours.

Catherine Barthélémy l'expliquait au quotidien La Croix, "Là, tout au fond de l’hôpital, il y avait un petit pavillon avec des enfants qu’on appelait psychotiques ou atteints de démence. Ils étaient derrière une sorte de barrière en bois et n’avaient pas le droit d’aller dans les grandes cours où se trouvaient les femmes. C’était un peu l’enfant sauvage de l’Aveyron. Cela m’a glacée et en même temps j’ai été très intéressée par ce que m’ont expliqué les religieuses qui s’occupaient d’eux, notamment le fait que certains d’entre eux avaient une mémoire prodigieuse, raconte-t-elle. Une petite fille en particulier était capable de mémoriser un air musical et de le reproduire vocalement après l’avoir entendu une seule fois. J’ai eu une sorte de déclic."

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La voie difficile de la recherche sur l'autisme

Elle va passer quarante ans de sa vie aux côtés de ces enfants et de leurs parents.

En 1983 elle cofonde l'Arapi, (Association de professionnels et de familles pour la recherche sur l'autisme et la prévention des inadaptations), qui inclut pour la première fois les familles.

En 1985, elle brise un tabou et se fait huer par les pédopsychiatres présents dans la salle quand elle explique, lors d'un congrès à Tours, sa théorie sur les origines neurologiques de l'autisme. À l'époque, on estime que l'autisme est déclenché par un trouble affectif avec la mère. 

En 1992, elle est nommée professeure de médecine. À l'époque, elles ne sont que quatre à détenir ce titre.

Depuis, elle n'arrête pas de gravir les marches du succès, un succès qu'elle ne prend pas à titre personnel mais pour sa discipline et les équipes qui travaillent avec elle.

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Une de ses plus importantes découvertes est que pris précocement, vers 18 mois ou deux ans, un enfant autiste peut voir changer le cours de sa vie pour peu qu'il bénéficie d'un traitement adapté. Elle explique qu'il faut "former des médecins pour qu'ils identifient le plus précocement possible les petits signes cliniques, neurologiques ou morphologiques chez les enfants". La pédopsychiatre insiste sur l'importance d'un dépistage précoce.

Chaque enfant autiste étant unique, l'objectif est la médecine personnalisée. Cathérine Barthélémy, présidente de l'Académie de médecine

L'engagement d'un médecin jusqu'à la consécration par ses pairs

En 2016, l'INSERM lui remet son Prix d'Honneur pour ses recheches sur l'autisme. Un prix qu'elle reçoit avec joie car "c'est une triple reconnaissance, explique-t-elle, d'une équipe où tout le monde est pleinement impliqué, de l'infirmière au chercheur en passant par l'orthophoniste; (de ce) que l'autisme n'est pas une maladie honteuse, qu'elle mérite la recherche; du combat des parents pour qu'on fasse de la recherche".

Le docteur Catherine Barthélémy est une femme qui voit son métier de médecin comme un engagement, "je suis médecin.... Je veux guérir, aider les gens. C'est un engagement social" confiait-elle à l'AFP au moment de recevoir son prix.

En 2021, elle devient commandeur de l'Ordre du mérite. 

Elle explique qu'elle développe une recherche participative, "avec les chercheurs et les familles. Cela nous a ouvert des pistes de recherches inédites: nous avons découvert que la première préoccupation des familles était le sommeil. Certains enfants autistes ne dorment pas de la nuit, d'autres hurlent toute la nuit, d'autres dorment le jour. Certains sont très sensibles à la mélatonine et d'autres pas."

"Chaque enfant autiste étant unique, l'objectif est la médecine personnalisée" insiste-t-elle

Le 9 janvier 2024, son élection à la tête de l'Académie de médecine est une consécration.  Catherine Barthélémy confie à cette occasion au quotidien La Croix "la meilleure connaissance de l’autisme a beaucoup été nourrie par les usagers eux-mêmesQuelle que soit la maladie, la médecine inclut de plus en plus les personnes concernées dans les réflexions sur ce dont elles ont besoin et ce qui peut leur faciliter la vie." 

Un "axe" que la nouvelle présidente de l’Académie de médecine entend développer au cours de son mandat, prévu pour un an.