Attentat d'Arras : le monde de l'éducation face au choc du terrorisme islamiste

Les professeurs et élèves bénéficieront d'un temps d'échange lundi dans les collèges et lycée de France, avant une minute de silence à 14h, suite à l'attaque terroriste survenu dans un lycée à Arras, dans le nord de la France, vendredi 13 octobre. Emmanuel Macron a quant à lui décalé son déplacement en Albanie en raison de l'événement.

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Des policiers de la police scientifique se tiennent devant le lycée Gambetta à Arras

Des policiers de la police scientifique se tiennent devant le lycée Gambetta à Arras, dans le nord-est de la France, après qu'un homme armé d'un couteau a tué un enseignant et blessé un agent technique ainsi qu'un autre professeur, vendredi 13 octobre 2023.

Ludovic Marin, Pool via AP
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"Deuil", "choc immense", "colère" : après l'assassinat d'un professeur à Arras dans le nord de la France par un jeune radicalisé, quelque 800 000 enseignants reprendront ce lundi 16 octobre le chemin de leur établissement scolaire. Leurs sentiments seront mêlés puisque c'est aussi lundi que devait déjà être initialement commémoré le meurtre de Samuel Paty, décapité en 2020 près de son collège pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe, lors de cours sur la liberté d'expression. L’association des professeurs d’histoire-géographie, l’APHG, avait initié ce concours en 2021 pour favoriser favoriser la cohésion et la coopération.

Un temps sera banalisé de 8h00 à 10h00 dans les collèges et lycées pour échanger. Une minute de silence se tiendra ensuite à 14h00. L’Éducation nationale va se mettre au diapason de l'immense émotion et du vertige qui a saisi la communauté éducative après le drame qui a coûté la vie à Dominique Bernard vendredi, professeur de lettre assassiné.

Entrée de la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras

Des policiers montent la garde devant le lycée où un homme a poignardé un professeur, samedi 14 octobre 2023 à Arras, dans le nord de la France.

AP Photo/Jeffrey Schaeffer

"Je sais combien chaque professeur dans les tréfonds de son âme et de sa conscience s'est immédiatement posé cette question 'Et si ça avait été moi ?'", a fait valoir sans détour le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, samedi, dans un discours prononcé à la Sorbonne à Paris lors de la remise du Prix Samuel Paty.

Emmanuel Macron décale son déplacement en Albanie

Retenu en France après l’attaque terroriste, le président Macron va décaler lundi son arrivée à Tirana, où il devait participer à un sommet sur les Balkans.

Le président français était initialement attendu lundi matin en Albanie pour participer au 9e sommet du processus de Berlin, qui réunit les dirigeants des Balkans occidentaux et de plusieurs pays européens pour promouvoir le dialogue politique, les coopérations et la réconciliation dans la région, ainsi que le rapprochement avec l'Union européenne.

Emmanuel Macron à Arras

Emmanuel Macron s'adresse à la presse au lycée Gambetta d'Arras, dans le nord de la France, vendredi 13 octobre 2023.

Ludovic Marin, Pool via AP

"Au vu du contexte national et international", il n’arrivera que lundi en fin d’après-midi dans la capitale albanaise, pour la partie bilatérale de sa visite qui se tiendra jusqu’à mardi, a expliqué la présidence française. Il sera représenté au sommet sur les Balkans par la secrétaire d’état chargée de l’Europe Laurence Boone. 

Réactions politiques contrastées

L'attentat au couteau, commis par un Russe de 20 ans, fiché S, et qui a également fait trois blessés, a été qualifié par le président Macron de "terrorisme islamiste".

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé samedi l'"expulsion systématique de tout étranger (...) considéré comme dangereux par les services de renseignement". Il n'y a "pas eu de faille des services de renseignements", a-t-il affirmé.

"Rien dans les éléments qu'on avait pu obtenir ne permettait de prédire que cet individu (...) pouvait passer à l'acte", a renchéri la Première ministre Elisabeth Borne dans La Tribune Dimanche.

"Que pouvait-on faire de plus en l'occurrence ? Est-ce que ce qui est imprévisible doit être prévu ?", a lancé dimanche sur France Inter le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

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"L'ennemi, c'est le terrorisme islamiste. Il faut le cibler sans opérer d'amalgame", a estimé François Ruffin dimanche. "Il faut cibler ceux qui causent du tort à la République", a martelé sur BFMTV le député de la Somme, potentiel candidat LFI à la présidentielle de 2027, estimant que la famille de l'assaillant d'Arras, bien connue des services de renseignement, "ne devait plus être en France".

Du côté des écologistes, Sandrine Rousseau a souligné sur radio J que "l'expulsion n'est pas la réponse à tout". C'est "une manière trop simple de poser le problème. En plus, il (Gérald Darmanin, NDLR) sait qu'il n'est pas capable de le faire". Il faut en revanche, selon elle, augmenter les effectifs du service de surveillance des fichés S. 

"Arras est à l'épreuve, mais Arras est debout"

"Nous sommes debout" : des milliers de personnes ont rendu hommage dimanche à Arras à Dominique Bernard.

La place centrale de la ville était noire de monde où plus de 5 000 personnes s'y sont réunies, selon la préfecture. La place se trouve non loin de la cité scolaire Gambetta, théâtre de l'attaque islamiste survenue dans un contexte marqué par les craintes d'importation en France du conflit au Proche-Orient.

"Arras est à l'épreuve, mais Arras est debout, vous êtes debout, nous sommes debout", a lancé le maire divers centre, Frédéric Leturque, aux participants, certains aux yeux rougis.