Charles de Foucauld, qui est le "frère universel" qui va devenir saint ?

Le religieux et explorateur français Charles de Foucauld, qui sera canonisé dimanche au Vatican, se voulait le "frère universel" qui témoigna de sa foi catholique aux côtés des peuples touaregs, lors de son ermitage saharien.
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Charles de Foucauld
Portrait de Charles de Foucauld, au Vatican, en 2005, lors de sa cérémonie de béatification.
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Son procès en béatification avait commencé dans les années 1930 et il avait été déclaré "bienheureux" en 2005 par le pape Benoît XVI. Dimanche matin, Charles de Foucauld sera canonisé par le pape François à Rome, aux côtés de neuf autres figures de l'Eglise.

Rien ne prédestinait le vicomte Charles-Eugène de Foucauld, né le 15 septembre 1858 à Strasbourg dans une famille fortunée, à cette existence de "missionnaire isolé" cherchant "toujours la dernière des dernières places".

Orphelin à six ans, il est élevé par son grand-père maternel, colonel de l'armée française. Après des études à Saint-Cyr, il devient un officier noceur qui dilapidera la fortune léguée par son grand-père à son décès.

Il quitte l'armée en 1882, alors qu'il est officier de cavalerie, pour entreprendre un voyage de reconnaissance au Maroc. C'est le début d'une longue période d'explorations sur les pistes du Maghreb qu'il évoquera dans un livre, "Reconnaissance du Maroc" (1888), écrit en collaboration avec l'explorateur français Henri Duveyrier.

L'islam, dit-il, produit en lui "un profond bouleversement". Respectueux des musulmans, il entretiendra avec eux une amitié sincère.

Charles de Foucauld, qui a perdu la foi au cours de ses études, la redécouvre en 1886, à 28 ans, après une rencontre avec le curé de l'église Saint-Augustin à Paris. Dès lors, il n'a plus qu'un objectif: imiter la vie du Christ.

En 1890, il entre à la Trappe. Pendant sept ans, il mènera une vie de moine à Notre-Dame-des-Neiges (Ardèche) puis à Akbès (Syrie), avant de quitter cet ordre pour vivre en ermite à Nazareth et à Jérusalem. Après son ordination comme prêtre en 1901 à Viviers (Ardèche), il regagne le Maghreb et s'installe à Beni-Abbès, dans l'Ouest de l'Algérie. 

Poésie touarègue

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Photo de Charles de Foucauld exposée au Vatican en 2005, lors de sa béatification.
© Photo by Jose Nicolas/ABACAPRESS.COM

Ses premiers contacts avec les Touaregs du Hoggar (sud de l'Algérie) datent de 1904. Un an plus tard, il s'établit à Tamanrasset, dans le Sahara algérien, parmi les Touaregs dont il apprend la langue et pour qui il sera le "marabout". 

"Il choisit d'aller chez les Touaregs car ils sont considérés comme des marginaux de la société: il veut être au milieu de ceux qui lui semblent les plus pauvres, délaissés et méprisés, et agir comme un défricheur", explique à l'AFP Bernard Ardura, postulateur de la cause de canonisation. "Il va profondément les respecter et veut que lui et ceux qui le suivront soient des frères universels", ajoute-t-il.

Le missionnaire, qui a également étudié l'arabe, le berbère et l'hébreu, est l'auteur de plusieurs ouvrages sur les Touaregs. 

Il deviendra une référence dans la connaissance de ces nomades, rédigeant notamment un "Dictionnaire touareg-français, dialecte de l'Ahaggar" qui fait encore autorité aujourd'hui et traduisant plus de 6.000 vers de poésie touarègue.

S'intéressant aussi à la pharmacie, l'agriculture ou à la météorologie, le religieux consacre de longues heures à la prière et à la méditation qui le conduisent à rédiger notamment des "Ecrits spirituels". 

Charles de Foucauld veut être "missionnaire" de Jésus, son "bien-aimé", par l'exemple. "En me voyant, on doit se dire: +puisque cet homme est bon, sa religion doit être bonne+", disait-il. 

La mort le surprend à Tamanrasset, le 1er décembre 1916 dans le fortin qu'il a fait construire et où il s'est réfugié. Fait prisonnier par des pillards, il est tué d'un coup de feu. Son corps repose à El Menia, dans le centre du pays.