Fil d'Ariane
Le président américain Joe Biden doit classer comme monument national un lieu où se sont déroulées en 1908 des émeutes meurtrières contre des Afro-Américains à Springfield dans l'Illinois.
Teresa Haley, consultante, activiste et ancienne présidente de la branche de Springfield de la NAACP, réagit pendant qu'elle parle le 14 août 2024, à Springfield, et Sontae Massey, cousin de Sonya Massey, une femme noire de 36 ans qui a été abattue par un adjoint du shérif à son domicile après qu'elle ait appelé le 911 pour obtenir de l'aide.
Entre le 14 et le 16 août 1908 à Springfield dans l'Illinois, au nord des États-Unis, ont eu lieu deux jours d'émeutes au cours desquels une foule de manifestants blancs a pillé, brûlé et détruit sans discernement des maisons et des entreprises appartenant à des Afro-Américains. Plusieurs personnes ont été tuées.
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Ces attaques, qui se sont produites à quelques pas de la résidence de l'ancien président Abraham Lincoln, qui a aboli l'esclavage aux États-Unis, ont suscité l'indignation et mené à la création d'organisations telles que NAACP (National Association for the Advancement of Colored People, Association nationale pour la promotion des personnes de couleur en français). Celle-ci est devenue l'une des plus importantes organisations de défense des droits civiques du pays.
Alors qu'on commémore les 116 ans des émeutes, cette décision de Joe Biden donne l'occasion au président de polir son bilan à quelques mois de la fin de son mandat. Elle intervient un peu plus d'un mois après l'assassinat, le 6 juillet dans cette même ville de Springfield, de Sonya Massey, une femme noire, par un policier blanc, qui a suscité l'émoi dans le pays.
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"Ce nouveau monument national va raconter l'histoire de cette attaque terrible d'une foule blanche sur une communauté noire, qui a représenté le racisme, l'intimidation, la violence que les Afro-américains vivaient dans le pays", explique la Maison Blanche dans un communiqué. Cette attaque de Springfield en 1908 est "emblématique d'une plus grande série de lynchages et de violences racistes en réunion qui a pris pour cible des communautés noires aux Etats-Unis au XIXe comme au XXe siècle", selon ce communiqué.
Selon la Maison Blanche, le pays a enregistré 2 503 attaques contre des personnes noires entre 1882 et 1910. "À l'heure où certains s'efforcent de réécrire l'histoire et d'effacer les moments douloureux de notre passé, le président Biden et la vice-présidente Harris se sont engagés à protéger les lieux qui contribuent à raconter de manière plus complète l'histoire de notre nation", précise encore le communiqué.