France : les violences en lien avec la mort de Nahel vues par la presse étrangère

Depuis la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier le 27 juin 2023, la France est confrontée à de violentes émeutes. Ces événements ont été massivement relayés par la presse étrangère. Tour d’horizon.

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Policiers France

Des policiers circulent au milieu des pétards au cours de la troisième nuit de protestations déclenchées par la mort de Nahel, le 30 juin 2023 à Nanterre.

AP Photo/Aurelien Morissard
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La France sous tensions”, “Troisième nuit émaillée de violences”, “Ils mettent le feu à des bus, des voitures et des maisons”, “Vers un état d’urgence” … Partout dans le monde, la presse évoque les violences qui émaillent la France depuis la mort du jeune Nahel le 17 juin 2023 à Nanterre. Âgé de 17 ans, il a été tué au volant d’une voiture lors d’un contrôle routier mené par deux policiers.  

Les violences policières pointées du doigt

En Suisse, le quotidien Le Temps aborde dans une vidéo la problématique des tirs mortels lors des refus d’obtempérer. Le politologue spécialiste des questions de police Sebastian Roché dresse un comparatif du nombre de tirs policiers mortels contre des véhicules entre la France et d’autres pays européens. “En Allemagne, il y a eu un tir mortel en dix ans pour refus d’obtempérer, contre 16 en France depuis un an et demi”, explique-t-il. Selon lui, la loi de 2017 (encadrant l’usage des armes à feu par les policiers en cas de refus d’obtempérer) “augmente le nombre de personnes tuées par la police sans bénéfice pour la sécurité de la population.

Pour Paul Ackermann, correspondant à Paris du quotidien suisse, les violences que connaît la France sont le reflet "de nombreuses colères différentes". Il estime toutefois que "contrairement aux autres colères françaises, celle des banlieues a du mal à s’organiser, à se transformer en pression politique durable et tout laisse à penser qu’elle continuera donc à ne pas être entendue sur le long terme."

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La Belgique n’a pas été épargnée par les violences. Selon la police locale, 63 personnes au total, dont 47 mineurs, ont été arrêtées à Bruxelles le temps d'un contrôle d'identité, notamment dans le quartier de la gare du Midi et la commune bruxelloise de Saint-Gilles. Un autre mineur soupçonné de coups et blessures sur un inspecteur de police a passé la nuit du 29 juin en garde à vue, avant d'être relâché ce 30 juin. Sur son site internet, le quotidien La Libre précise queplusieurs feux ont été déclenchés, ce qui a nécessité la présence des pompiers, qui sont rapidement intervenus pour maîtriser les incendies” et qu’“une voiture a notamment été brûlée.”

Du côté de la RTBF, le “spectre des émeutes de 2005” est évoqué. “À l’époque, la France avait fait face à trois semaines d’embrasement de ses banlieues”, rappelle le média public belge. Ces émeutes avaient fait suite à la mort de Zyed et Bouna, deux adolescents de Clichy-sous-Bois qui tentaient d’échapper à la police. Depuis, malgré les tentatives des gouvernements successifs, aucune solution n’a été apportée aux populations des banlieues, “zones périphériques souvent isolées, oubliées des politiques publiques et qui concentrent de nombreuses problématiques sociales”, décrit la RTBF

Le quotidien algérien El Watan écrit aussi à propos de l'extension des violences vers la Belgique. Le journal rapporte que la police de Bruxelles-Capitale-Ixelles explique que "dans différentes communes, des jeunes se rassemblent et jouent au chat et à la souris avec les forces de l'ordre". Toujours sur le continent africain,  le site d’information sénégalais Senenews explique que “que ce soit au ministère de l’Intérieur ou à l’Élysée, il y a un véritable “effet de sidération” à tous les étages.” “À moyen terme, la mise en place de l’état d’urgence est envisagée, même s’il ne réglera pas tout” poursuit le site d’information. Cette mesure est notamment réclamée par la droite et l’extrême-droite française.  

Des couvertures différentes des événements 

Le média américain CNN rapporte que Mounia, la mère de Nahel, jette la faute uniquement sur le policier qui a tué son fils. Par ailleurs, le commentateur des affaires européennes de la chaîne américaine Dominic Thomas explique que “les problèmes fondamentaux sont plus importants que ce seul incident." “Il y a peu de confiance envers la police et les policiers sont réputés pour se protéger entre eux lorsqu’il s’agit de ce type d’enquêtes”, poursuit-il.

CNN
Capture d'écran CNN

Le média britannique BBC s’interroge sur les raisons pour lesquelles les policiers utilisent des armes lors des contrôles routiers. En rappelant le changement de loi en 2017 permettant aux policiers de tirer dans cinq différents cas de figures, dont les contrôles routiers, le site d’information explique que l’avocat du policier estime que son client “n’a pas agi en dehors du cadre légal.” L’article rappelle également que de nombreux politiciens français, comme Jean-Luc Mélenchon, appellent la loi à être modifiée. 

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Al Jazeera, média qatari, a également envoyé des journalistes en France pour couvrir les événements. Depuis Nanterre, leur journaliste explique que “la plupart des personnes impliquées dans les violences sont jeunes, entre 14 et 18 ans.” Elle ajoute que “la police explique qu’ils ont l’air très organisés et déterminés.” 

Pour le podcast du quotidien allemand Die Zeit, l’éditorialiste allemand Fabian Scheler estime que la France est en train de vivre son “moment George Floyd.” Un autre quotidien allemand, Süddeutsche Zeitung pose de son côté la question de la nécessité de changements au sein de la police française.