Fil d'Ariane
L'islamiste radical atteint de troubles psychiatriques qui a semé l'effroi à proximité de la tour Eiffel à Paris samedi 2 décembre au, soir est en garde à vue et doit désormais s'expliquer devant les enquêteurs après avoir tué un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes, dans une attaque au couteau puis au marteau.
Des policiers et des véhicules de secours se trouvent près du lieu à Paris où un assaillant a tué une personne avec un couteau et en a blessé d'autres avant d'être interpellé, selon une source policière.
Les faits se sont déroulés vers 21H00 dans ce lieu hautement touristique de la capitale, à proximité du pont de Bir Hakeim enjambant la Seine.
Le touriste tué au couteau, 23 ans, est de nationalité allemande et philippine. Il a été pris en charge par un médecin urgentiste connu du grand public Patrick Pelloux qui était de garde. Celui-ci a indiqué à l'AFP que l'homme et sa compagne, fortement choquée mais qui n'a pas eu de blessures corporelles, étaient tous deux infirmiers.
L'assaillant s'en est ensuite pris, avec un marteau, à deux autres hommes. Selon le Pnat, les personnes blessées sont un Français de 60 ans et un Britannique de 66 ans, blessé à l'oeil.
Au pied de la Tour Eiffel dimanche midi, les touristes se promènent tranquillement, engoncés dans leurs manteaux : si certains n'ont pas entendu parler de l'attaque, tous ceux questionnés par l'AFP assurent que l'événement ne les inquiète pas sur leur propre sécurité.
L'assaillant, Armand Rajabpour-Miyandoab, un Français de 26 ans dont les parents sont iraniens, a été interpellé par les forces de l'ordre peu après et placé en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI).
Il est connu des services de justice pour islamisme radical et troubles psychiatriques et a crié "Allah akbar" au moment des faits, selon une source policière.
Il aurait dit aux policiers l'ayant interpellé qu'il "ne pouvait plus supporter que les musulmans meurent, tant en Afghanistan qu'en Palestine". Il aurait aussi déclaré qu'il "en voulait", sans préciser à qui, pour "ce qui se passait à Gaza" et que la France serait "complice de ce que faisait Israël" là-bas, a précisé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'un point presse sur les lieux de l'agression.
Le parquet antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête. Les enquêteurs vont désormais se pencher sur le suivi médical de l'auteur, un homme au "profil très instable, très influençable", selon une source sécuritaire interrogée par l'AFP. "Est-ce qu'il était suivi médicalement comme il aurait dû l'être et comme il l'a été un temps, c'est une question qui se posera?", a dit une source policière à l'AFP.
Environ 5.200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1.600 personnes sont particulièrement surveillées par la DGSI, selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20% de ces 5.000 personnes ont des troubles psychiatriques.
L'assaillant avait déjà été interpellé en 2016 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour un projet d'action violente à La Défense, à l'ouest de Paris. Il avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement dont un avec sursis, et était sorti après quatre ans de détention.
Vivant chez ses parents en Essonne selon Gérald Darmanin, il a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de revendication de son attaque, ont confirmé à l'AFP des sources policières et sécuritaires.
Dans la vidéo, l'assaillant évoque "l'actualité, le gouvernement, le meurtre de musulmans innocents", a détaillé la source sécuritaire. A ce stade, les enquêteurs ne savent pas quand elle a été tournée, mais elle a été postée en ligne "quasi concomitamment" au passage à l'acte, selon cette source.
"L'attaque s'est passée peu après 21H00 entre le quai de Grenelle et Bir Hakeim, l'assaillant s'en est pris à un couple de touristes", a précisé le ministre de l'Intérieur. "L'homme est décédé sous les coups de couteau" et l'attaquant "s'en est pris à la femme de ce touriste allemand" mais elle a eu la vie sauve "grâce à un chauffeur de taxi qui a vu la scène".
Joseph S., 37 ans, manager en grande surface, a assisté à la scène, installé dans un bar en face du pont. Il a entendu et vu des gens appeller au secours et courir, a-t-il dit à l'AFP. Il décrit un homme "avec un marteau dans la main" qui agresse un autre homme. Toujours selon ce témoin, la police est arrivée en "5-10 minutes".
L'attaque survient moins de deux mois après celle d'Arras qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat".